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L’ISLAM PRONE T-IL LA VIOLENCE ? Les termes du débat sur la notion de Jihad (suite et fin)

 Les termes du débat sur la notion de Jihad (suite et fin)

Par Bakary SAMBE*

 Il faudrait rappeler que c’est aux seuls groupes fanatiques qu’on doit les premières formulations de l’opposition dâr al-islâm (domaine de l’islam) au dâr al-harb (domaine de la guerre).

Cette bipartition imaginaire voire fantasmatique du monde qui, finalement n’a desservi qu’aux Musulmans, donne libre cours à toute forme d’exactions auxquelles des intégristes essayent de trouver des pseudo-justifications dans les textes fondateurs de l’islam. C’est Cette catégorie même qui est à la base de cette vision belliciste et violente dont souffre l’islam aujourd’hui. Outre son caractère subjectif, une telle vision de l’islam est loin de refléter les diverses opinions qui se sont exprimées dans le passé et qui s’expriment – heureusement ! – encore aujourd’hui.

Nous ne parlons pas de la « majorité silencieuse » qui subit cette violence issue de l’instrumentalisation politique de la religion au même titre que ceux qu’on prétend combattre. Le cadre de cet article ne nous permettra pas d’insister sur des exemples de refus de ce bellicisme aussi bien chez les ibâdhites (avec le principe d’al- kitmân) que certains sunnites, plus tard. 

Mais on pourrait insister sur le cas de penseurs musulmans contemporains qui dans le cadre d’un dialogue entre eux et avec des adeptes d’autres religions, participant ainsi à cette  dénonciation de la violence politique sous couvert du « Jihad ». 

De grands penseurs comme Ali Mérad, Mohamed Arkoun, Mohamed Talbi, Abdel Majid Charfi, Abdou Filali Ansarî remettent à l’ordre du jour la tradition pacifiste inaugurée par Muhammad Abduh au siècle dernier. 

Dans leurs travaux, se dégage une nette volonté de renier toute forme de bellicisme et d’inciter au dialogue entre musulmans et les adeptes des autres religions dans un esprit de paix et de tolérance.

Avant ses récentes dérives, Mohamed Talbi, par exemple, avait insisté sur la nécessité d’instauration d’un « dialogue au sein de la Oummah islamique, quelles que soient les familles de pensée, sans récupération par un système politique ou un autre »[1]. Mieux, le penseur tunisien appelle au dialogue inter-religieux qui, est le seul, à ses yeux, à favoriser « la cohabitation pacifique, dans le respect mutuel et l’intention pure, entre toutes les religions et les idéologies .

Les intellectuels ne sont pas seuls dans cette lutte contre la violence et la haine, d’autres hauts responsables musulmans se sont toujours impliqués. 

Le danger, dans des discours jihadistes, réside dans une sélection subjective et idéologique des arguments et l’omniprésence de détours et de ficelles visant à persuader de ce dont on est le moins sûr. Vouloir déduire de quelques versets – en ignorant leur contexte- une volonté de l’islam de prôner la violence aveugle, revient à prendre le texte sacré des Musulmans pour un réservoir d’idées dont certaines servent à combattre d’autres au gré des évènements et des contextes socio-historiques. 

Abdelmajid Charfi précise, d’ailleurs, en abordant le problème du Jihâd que « seul l’impératif de paix peut justifier le recours à la violence »[3]. Voila que d’éminents penseurs se penchent sur cette question, depuis des années voire des siècles et qu’aujourd’hui, des individus ayant « maîtrisé » quelques versets assortis de hadîths dont ils ne peuvent le plus souvent vérifier les sources, viennent trancher de manière dangereuse. Car ils risquent d’être lus par des non avertis qui en font un credo, à leur plus grand détriment et à celui de l’islam. 

L’islamologue, Ali Mérad soutient, dans cet ordre d’idée qu’  « il serait présomptueux de vouloir dégager un ensemble de principes clairs et simples susceptibles de constituer une base acceptable pour une position islamique devant le phénomène de la violence ». 

L’islam, nous rappelle Cherif Ferjani, ne peut nullement être réduit à cette forme de fanatisme qui de tout temps a « prôné et pratiqué la violence non seulement à l’égard des non-croyants mais surtout et en premier lieu à l’égard des musulmans qui ne partagent pas leurs conceptions ». 

Finalement, la question n’est pas seulement religieuse elle est humaine. Il est légitime de prendre en compte et de respecter les spécificités, les appartenances et les identités. Mais, il ne faudrait pas sacrifier l’universalité de l’humain, du pardon, de la paix, de l’amour et de la tolérance sur l’autel du fanatisme et des présupposés insensés. La xénophobie, le racisme et la haine ne peuvent être partie intégrante d’un message religieux ! 

Si le terme Jihâd conformément à son acception première renvoie à l’idée d’effort positif productif et utile à la communauté, les tenants d’une théorie belliciste de l’islam se trompent certainement de combat.  Il n’y a qu’à se pencher sur la situation économique et sociale des pays musulmans pour s’en rendre compte. Où trouve t-on, aujourd’hui, les taux les plus élevés d’analphabétisme ? Où meurt-on encore de faim et rencontre t-on les problèmes de santé publique les plus cruciaux ? 

Il est sans nul doute, à notre sens, que c’est dans la lutte contre ces maux du monde musulman, pour le développement et le plein épanouissement de ses peuples, la démocratie, les libertés individuelles, les Droits de l’Homme, que se trouve le vrai grand combat. 

bakary.sambe@gmail.com

* Resarch Fellow -Institut for the Study of Muslim Civilisations

London -UK


[1] -TALBI Mohamed, Plaidoyer pour un islam ouvert, Céres Edition/ Desclée de Brower, Tunis-Paris, 1998. Voir notamment pages 157-158.

[2] -ibid p170.

[3] – Charfi, Abdelmajid, « al-islâm wa-l- ‘unf » (l’islam et la violence) in Rencontres islamo-chrétiennes, conscience musulmane et conscience chrétienne aux prises avec les défis du développement, Op.cit, pp187-206.

2 Réponses à “L’ISLAM PRONE T-IL LA VIOLENCE ? Les termes du débat sur la notion de Jihad (suite et fin)”

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