Archive pour avril 2009

L’égalité par l’ » action positive  » Par Esther Benbassa

Samedi 18 avril 2009

esther.jpgFRANCE – L’égalité par l’ » action positive «  

 Par Esther Benbassa*

La République doit réviser ses valeurs et assumer son multiculturalisme 

Voici le nouvel épouvantail. Yazid Sabeg, commissaire à la diversité du gouvernement Sarkozy, met en émoi les républicains orthodoxes, pour qui le comptage ethnique met en danger non seulement l’article premier de la Constitution, proclamant l’indivisibilité de la République et  » l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion « , mais toutes ses sacro-saintes valeurs. D’autant que M. Sabeg envisage un comptage fondé sur le  » sentiment d’appartenance « . 

Certes, si elle n’est pas suivie de vraies mesures concrètes visant à lutter contre les maux dont souffre la France, cette initiative, décriée pour son caractère prétendument  » subjectif « , n’aura été qu’un feu de paille. En revanche, menée par des praticiens chevronnés, s’appuyant sur les outils scientifiques adéquats, elle est susceptible d’offrir une vraie radiographie du pays en la matière et de faciliter la prise de décisions efficaces. 

Discrimination et racisme sont le couple infernal qui bloque la créativité de tant de pays européens, arc-boutés sur leur  » aristocratie  » blanche, sortie du moule, amollie par le bien-être, dominante dans les corps de l’Etat mais aussi au-delà. La France conservatrice et surtout ses élites craignent cette sève  » qui en veut  » et qui monte, ces enfants et petits-enfants, bel et bien français, jamais assez pourtant, susceptibles de leur contester leur place, souvent bien confortablement  » gagnée « . 

Les adversaires de ce comptage savent-ils seulement à quoi ressemble la France ? Celle-ci n’a-t-elle pas un urgent besoin de données concrètes et tangibles sur son présent ? La France n’est pas ce qu’elle croit qu’elle est, son identité n’a cessé de se reconstruire au fil des immigrations. Si le comptage par  » sentiment d’appartenance  » est subjectif, qu’est-ce donc alors que de considérer l’Autre comme pas assez français pour recevoir une éducation menant à l’ascension sociale, pour obtenir un logement hors de ce qu’on appelle les banlieues, un emploi à la mesure de ses diplômes et de ses capacités ? Ils ne sont pas  » subjectifs  » ces contrôles récurrents pour  » délit de faciès  » ? 

Le  » sentiment d’appartenance « , inséparable de la revendication identitaire des temps de l’individualisme triomphant, n’a pas été inventé par Yazid Sabeg, qui n’est que réaliste. Ce  » sentiment  » ne rend pas mauvais Français ni moins bon citoyen, et il n’a pas grand-chose à voir avec le communautarisme, autre épouvantail. Quant au concept de  » diversité « , n’est-il pas d’abord un euphémisme permettant de ne pas prononcer le mot, plus effrayant, de  » multiculturalisme « , qui passe pour le pire des ennemis de la République ! 

Et pourtant, la France, socialement, ethniquement, d’un point de vue religieux, etc., est multiculturelle. Est-ce si anormal de le constater lorsque l’on sait qu’elle est prise dans une globalisation touchant tous ses secteurs et toutes ses strates ? 

L’ » identité nationale  » n’est qu’un leurre, puisque l’identité de la France est plurielle. Aucun musée de l’histoire de France et aucun ministère de l’identité nationale n’y pourront rien. Fort heureusement, parce que là est sa richesse. La puissance des Etats-Unis n’était pas seulement économique, elle était aussi liée à la force et à l’énergie insufflées par toutes ses vagues d’immigration. Malgré le racisme qui y a longtemps sévi, les campagnes xénophobes, les numerus clausus dans les universités, l’Amérique du Nord, elle, a fini par apprendre à combattre ses propres démons. 

Barack Obama n’est pas un simple produit électoral. Il est lui, comme sa femme, l’aboutissement de ce que nous traduisons à tort par  » discrimination positive  » et que les Anglo-Saxons appellent  » action positive « . C’est elle qui a permis à des personnes issues des groupes minoritaires et aux femmes de recevoir une éducation leur permettant d’intégrer ensuite les lieux stratégiques de la société américaine. Si elle a aussi causé quelques dégâts, ses bienfaits sont bien plus importants qu’on ne le pense. 

Le comptage par  » sentiment d’appartenance  » permettrait aussi de saisir comment se perçoivent eux-mêmes ceux qui sont, avec pudeur, considérés comme issus de la diversité. Pas seulement de saisir comment ils sont vus par les autres. Croiser les regards pour mieux cerner ce qui ne va pas. C’est peut-être ça qui fait peur à certains : et si beaucoup de nos compatriotes, en fait, ne se percevaient pas eux-mêmes – ou pas seulement – comme simplement français ? Mais ne serait-ce pas justement une raison de plus de tenter, pour un nombre limité d’années, l’ » action positive  » à titre de tremplin, pour débloquer la situation ? 

On a bien voté la loi sur la parité. Pourquoi ne pas voter l’ » action positive  » ? Curieuse idée que de croire que les Noirs, les Arabes, les Asiatiques et les autres minoritaires se substitueraient, par le seul fait d’être ce qu’ils sont, à ceux qui savent fort bien que la  » blanchitude  » est tout de même un bel atout. Non, c’est à mérite égal que l’ » action positive  » accorderait la place qui doit leur échoir à ceux qui en sont privés pour de mauvaises raisons. Ce ne serait somme toute que justice. 

Il est temps de passer à l’ère des réformes, et peu importe que ses inspirateurs soient de droite ou de gauche. La France devrait sortir de sa contemplation béate devant Barack Hussein Obama. La République a besoin de bouger et de réviser ses valeurs. La liberté serait plus libre, si nous étions plus nombreux à en bénéficier, l’égalité plus égale si nous pouvions l’ériger en projet de société. Quant à la fraternité, quel beau mot, mais qui devient si laid dès que ne parlent d’elle que ceux qui se ressemblent ! 

Je suis femme, juive, française, plutôt blanche, franchement cosmopolite (au meilleur sens !), pas mal diplômée, j’ai aussi un accent et je suis une immigrée qui vit depuis plus de trente-cinq ans en France. Dès mon enfance, j’ai appris le français d’une maîtresse arménienne, là-bas, dans ma ville natale en Orient. J’ai été pétrie de cette culture, mais aussi de bien d’autres. Je suis de gauche, professeur d’université, j’ai passé quelques concours pour y arriver et je me sens à l’aise dans nombre de pays, y compris en France, dès que je descends de l’avion. 

Mais lorsque je dois appeler le plombier, le traiteur ou je ne sais quelle froide administration, il m’arrive encore de demander à mon mari de le faire pour moi, parce que lui n’a pas cet accent – ma négritude, en quelque sorte – qui autorise, au téléphone, certains interlocuteurs à me ramener à mon statut d’ » immigrée « . 

Même certains de mes étudiants s’imaginent que je suis moins compétente que d’autres parce que je suis d’origine étrangère et que mon parcours est juste un peu plus sinueux que celui d’un professeur  » bien de chez nous « . C’est vrai aussi de certains de mes collègues et de certains de ceux dont il m’est arrivé d’être le supérieur hiérarchique. Combien d’universitaires avec accent en France, hormis dans quelques niches ? Les pays anglo-saxons en regorgent, mais le nôtre défend ce lieu de tous les péchés de discrimination qu’est l’éducation. L’école est son étendard, l’université son temple, et les professeurs ses gardiens. N’ai-je pas entendu mes examinateurs, à l’oral d’un concours pour l’enseignement dans le secondaire, dire leur crainte que mes élèves ne finissent eux aussi par rouler leurs  » r  » ?  Voilà donc que, sans y prendre garde, j’ai répondu à ce questionnaire qui fait si peur. Et le  » sentiment d’appartenance  » que je viens d’exprimer est lui-même une question : est-on donc condamné à rester à jamais l’ » immigré  » de l’Autre, du Français sans tache ? Finissons-en avec cette France-là. Tentons d’oeuvrer pour une République vraiment indivisible, celle qui reconnaît l’égalité de tous ses citoyens, une France fraternelle et solidaire. Moi, l’immigrée d’origine, j’aimerai vivre alors dans cette France dont j’ai rêvé, et qui me déçoit tant depuis que j’y ai fait mes premiers pas. 

*Esther Benbassa, Directrice d’études à l’Ecole pratique des hautes études (EPHE) 

SÉNÉGAL, MON AMOUR … Par Amadou Lamine SALL(Poete, Lauréat des Grands Prix de l’Academie française)

Lundi 6 avril 2009

amadoulaminesall.jpgamadoulaminesall.jpg     SÉNÉGAL, MON AMOUR …                          

           Par Amadou Lamine Sall, Poète

et Lauréat des Grands Prix de l’académie française 

On nous rapporte cette conversation du Prophète avec son entourage. Le Prophète dit : « mes frères me manquent ». On lui dit alors : « Ne sommes-nous pas tes frères ? » Il dit : « Non, vous êtes mes compagnons. Mes frères sont des gens qui viendront après moi, croiront en moi alors qu’ils ne m’ont jamais vu. »

En évoquant cette pensée, je ne puis m’empêcher, ce 3 avril, en écrivant cette réflexion, de penser à Monsieur le Président de la République, à la veille de la fête de l’indépendance de notre si cher pays. Il est maintenant temps de penser résolument à demain, à ces générations futures qui, souhaitons le, dans 50 ans, en 2059, se souviendront avec respect et non avec amertume, si ce n’est l’oubli, d’un certain Maître Abdoulaye Wade. Il est venu le temps du bilan. Il est venu le temps de « l’audit de soi-même » selon la belle expression de Sérigne Touba, c’est-à-dire le temps du recul, de l’introspection et du tête-à-tête avec  Dieu et l’histoire. Que ceux qui s’attendent néanmoins que je couche le Président en enfer, déchantent, et rangent leurs oreilles. Ce n’est pas là l’enjeu de ma réflexion, même si c’est l’air du temps. Je ne suis installé ni dans un statut d’homme politique partisan, ni dans une posture de snipper, encore moins d’un opposant politique guerrier. Je me veux un citoyen sénégalais libre, tyranniquement indépendant, critique, lucide et surtout « sans compromis avec la vérité ».

Un croyant enfin, qui, pour l’amour de son peuple et l’attachement à son pays, et par éducation, ne peut que prier, interpeller et œuvrer pour un apaisement constructif et non pour une aveugle confrontation, serait-elle pleinement et légitimement justifiée au regard de la pénible et inacceptable situation sociale de notre pays. Si « toute guerre est juste lorsqu’elle est nécessaire », toute démarche de pacification est nécessaire lorsque qu’elle est utile. Il nous faut de la sérénité quel que soit notre camp, des retrouvailles avec des valeurs qui ont toujours fondé la grandeur et la spécificité du Sénégal. Bien sûr, je n’acquitte pas le Timonier.

Bien sûr, je ne tairai pas mon amertume. Je n’écrirai pas non plus au charbon les souffrances et les privations de mon peuple, les injustices, les dérives, les manquements à la démocratie et aux droits de l’homme. Je me veux poète et un poète à toujours  sa gueule à la main ! Je ne dirais jamais à mon peuple de « trouver refuge dans l’espoir de mourir ». Mais tout cela vaut-il de lever le serpent de la haine dans nos cœurs ? La haine est un poison qui n’épargne n le vaincu ni le vainqueur. Les chemins du chaos ne conduisent pas forcément après, au paradis. C’est plus compliqué que cela.

L’histoire politique et social du monde nous l’apprend tous les jours. Les hommes politiques, pour le plus grand nombre, de gauche comme de droite,  nous ont habitués jusqu’ici à d’inoubliables déceptions. Les révolutions ne secrètent pas que du miel. Nous avons tous cru que le Sénégal était au plus bas de la fosse, que le sursaut ne viendrait que du chaos. Et la leçon démocratique est venue du peuple, là où on avait cru qu’elle ne viendrait jamais, ce peuple que l’on croyait soumis, mou, soporifique, capturé par sa foi, anesthésié et qui ne savait porter que des brassards rouges, comme un jeu de cirque. Vint la lumière pourtant avec les récents résultats des élections locales. Vint la ténacité de notre encrage  démocratique et toujours ce peuple sénégalais patient, admirable et stupéfiant dans ses sursauts. C’est lui qui a gagné, lui seul. Je suis fier de ce peuple.

Tout autour de nous, des pays explosent. Nous, nous gardons le cap depuis Senghor. Nous le garderons et puisse maître Wade, c’est mon vœu, le garder, en quittant un jour sereinement ses fonctions avec une haute tenue de sa mission. Ce qui nous sauve, c’est qu’au Sénégal, « la différence entre un jardin et un désert, ce n’est pas l’eau, mais l’homme ». Je crois à la femme, en l’homme sénégalais et aux vertus de notre pays. Je crois plus encore en lui, quand le vertige est là et que le bord du gouffre semble céder et que finalement rien ne cède. 

Les hasards du calendrier ont placé notre fête de l’indépendance aux lendemains d’une élection éprouvante pour nous tous. C’est fini. Le soleil revient dans les cœurs. Pourquoi alors, ne pas demander ici au Président de la République, de raffermir davantage cette immense espérance qui s’est levée et dire à son peuple que quand les questions posées sont justes et que les réponses sont fausses, les questions restent. Que rien ne sera plus comme avant. Que les élections présidentielles de 2012 seront ouvertes. Qu’il les préparera dans la concertation et un esprit d’apaisement sans fièvre. Qu’il sera le garant de leur transparence.  Ne dit-on pas que c’est quand on est puissant qu’on prépare sa défaite ? Monsieur le Président, ne laissez à personne le soin  d’organiser votre sortie à votre place ! Que ce soit le plus beau et le plus grand jour pour notre démocratie. Senghor à sa manière, s’en est allé. Diouf, battu, s’en est allé courageusement, avec une froide lucidité.

Oeuvrez aussi pour que l’histoire soit moins injuste. Le pouvoir est un temps dans la vie, pas toute la vie. A chaque fois que cela a été le cas, la postérité s’est vengée au nom de la mesure. En vous portant au pouvoir, les sénégalais aspiraient au changement et au bien-être social. Ils vous ont aimé, soutenu et respecté. Nul ne peut en douter. Mais rien n’a été facile, pour le dire de cette manière. Leur déception sociale, économique, morale est proportionnelle à ce qui était leur attente. La machine politique a pris goût à l’élevage des pauvres sans en mesurer l’ampleur, malgré les énormes efforts budgétaires consentis.

Ces pauvres et ses démunis se comptent aujourd’hui à des millions d’exemplaires. Ne donnez plus aux sénégalais un pays nerveux, épuisant, moins civilisé. Qu’à leur angoisse ne réponde plus un système inégalitaire. Ne gérez plus l’impossible. Ne soignez plus par l’illusion ce que l’aspirine guérit. Eloignez-vous du « régime des passions partisanes auquel est réduite le plus souvent la réflexion sur la politique ». Protégez-vous mieux désormais. Protégez hors du cercle de feu ceux que vous aimez. Pensez la République et concevez l’Etat « comme une œuvre d’art ». Vous avez été dans l’opposition, votre vie durant, un grand blessé de la politique.

Ce difficile moment de votre existence avait fait de vous un héros, un « Comandante », une légende populaire vivante. C’est une leçon de vie irremplaçable d’initié et de grand combattant! Faut-il maintenant tout recommencer ? Courir derrière une seconde légende réparatrice ? Ne quittez pas demain les sénégalais en laissant dans leur cœur un sentiment moins béni que celui qui les habitait en vous choisissant en 2000 avec votre coalition. Choisissez le moment et la forme de votre départ. Sans pression mais sans attendre. Conquérir le pouvoir est plus aisé que le quitter. Le choix qui commande les deux ne répond  « ni aux mêmes talents, ni aux mêmes vertus, ni aux mêmes défauts ». Soyez le premier juge de votre honneur. Notre peuple, à chaque fois qu’il s’est senti délaissé, a secoué sa crinière, s’est levé d’un bon de lion et a assouvi à bout portant sa colère. Mais dans l’âme, c’est un peuple à feu doux.

Oui, je veux que le Président de la République, en dehors de toute stratégie politique qui l’enfermerait dans une absurde solitude du pouvoir, prépare notre pays à une succession digne de son héritage depuis notre indépendance en 1960. Lui souhaiter le contraire, serait déconstruire un puissant lien avec ce que nous recommande la morale et nos religions : la fidélité au pacte républicain, servir le bien, cultiver le bien, vouloir et souhaiter le bien à son prochain, son ennemi compris. C’est cela la grandeur, quelle que soit l’offense subie, la rancoeur engrangée. Je ne souhaite pas que le Président vieillisse au pied de son orgueil. Souhaitons-lui plutôt dans l’histoire une place au balcon. A lui de prendre le bon billet aux guichets de son peuple. Le nouveau chrono se déclenchera le 3 avril après son message à la nation. Le Président tient son propre destin en main. A lui de décrisper la tension sociale et politique en posant des actes novateurs, visibles et concrets. Il doit apaiser, pacifier. Il ne s’agit plus seulement de convaincre mais d’agir. Ce qu’il fera de grand, il le fera contre sa majorité, car la majorité veille d’abord sur ce qui la conforte. Il faudra dégraisser le mammouth, redimensionner à deux battants l’armoire gouvernementale, aller à la rencontre de l’opposition sans préalable, avec humilité mais sans faiblesse, certes.

Notre pays aura beaucoup inquiété les démocrates. L’enthousiasme a dépéri. L’admiration que l’on nous vouait ne porterait plus qu’une jambe, dit-on. Certes, on dit du Président que « c’est un cheval qu’on n’attelle pas », qu’il est intraitable, rusé, moitrinaire et qu’il y a peu de marge de le voir changer de fusil d’épaule. Refusons d’y croire, malgré les « flagrants délices » et les occasions manquées. Gardons lui cette capacité de mutation et de distanciation qui réconciliera enfin  notre pays avec lui-même. Quant à l’opposition, l’adversité aveugle et sourde ne doit pas tuer le dialogue avec le pouvoir, quels que soient  le  dépit et la vigilance que leur recommandent des relations exécrables et des surprises pourries avec le Prince. Ce n’est pas en refusant la main tendue du Président que vous le ferez partir un dimanche. C’est en la prenant et qu’il vous la retire, que vous gagnerez. C’est en perdant avec lui que vous gagnerez.

La règle du jeu en politique est immuable : garder le pouvoir autant qu’on peut ou le conquérir dés qu’on peut. Cette règle vaut pour le Président comme pour l’opposition. Opposez-vous sans permission, Opposez-vous intelligemment, mais opposez-vous surtout dans la claire conscience de servir d’abord les intérêts du peuple sénégalais, c’est-à-dire de faire poser des actes concrets qui rejaillissent sans tarder dans le quotidien des sénégalais : manger, se loger, se former,  travailler, s’instruire pour servir son pays, conserver et protéger sa dignité.

Je rappelais par ailleurs, sous un autre registre,  au maire sortant de Dakar, fâché avec la culture comme un sourd avec un tambour, que ce n’était pas seulement à l’Etat de construire des cinémas, des théâtres, des centres culturels, des hôpitaux. Les communes devraient elles aussi penser à réaliser de telles infrastructures. La Ville de Dakar devrait posséder le plus beau théâtre municipal et la plus belle salle de cinéma  municipale de la capitale. C’est un appel que je lance au futur maire de Dakar, en souhaitant également que de grandes commandes artistiques soient confiées aux artistes sénégalais et africains, pour faire de Dakar une capitale artistique digne de sa renommée. 

Le 4 avril 2009 ouvre donc au président de la République une nouvelle page d’histoire avec les sénégalais. A lui de la remplir, en adhérant à leurs votes, moins comme une sanction mais comme la réponse à leurs légitimes inquiétudes et révoltes. Comme un appel ultime au changement. Celles et ceux qui vous écouteront le vendredi 3 avril au soir, Monsieur le Président, seront plus nombreux que jamais. Ils attendent de vous  au delà d’une véritable révolution, un vrai tremblement de terre. C’est qu’en effet, l’heure est grave et que vous détenez la clef de l’horloge du pays pour en baisser l’insoutenable  rythme cardiaque. Ce pays est un pur joyau. Son peuple est admirable de pugnacité et de sens du pardon. Si vous ouvrez le cœur des sénégalais, vous n’y trouverez rien d’autre que leur maman et l’amour pour la justice et l’équité. Il existe dans ce beau pays des femmes et des hommes prêts à perdre la vie par politesse, par élégance, par pudeur, mais également prêts à mourir pour leur dignité, leur honneur.

Ils sont fatigués, désespérés. Aidez-les à mieux vivre, à défaut à mieux survivre, pour ne pas vous fermer à tout jamais la porte de leur cœur, Monsieur le Président. Et aux autres, innombrables, qui ont sonné le tocsin aux locales, donnez leur de quoi réapprendre à dire votre nom sans serrer les dents. A nos enfants, pour parler comme Garaudy, c’est à nous tous qu’il incombe de laisser une étincelle dans nos cendres, pour qu’ils y allument de nouveaux tisons afin que ce pays ne connaisse jamais les ténèbres.

Il n y a pas de place pour la haine, le sang, chez un peuple partageant le même Dieu, la même espérance. Chaque sénégalais est une mosquée, une cathédrale. Mais il faut vivre ! L’errance, l’exclusion, le chômage, un avenir plombé, nourrissent toujours quelque part un volcan. Alors, veillons ensemble avec plus de solidarité et faisons de la politique une esthétique, une éthique de vie, des champs de riz, des postes de travail, des foyers heureux. 

                        Bonne fête de l’indépendance, chers compatriotes ! 

Amadou Lamine Sall est le créateur et Président de la Maison Africaine de la Poésie Internationale – MAPI – et Président des Biennales de poésie de Dakar dont la 6ème édition aura lieu du 24 au 29 novembre 2008 à Dakar.

Il est l’auteur de plusieurs recueils de poésie traduits dans plusieurs langues : Anglais, Espagnol, Polonais, Allemand, Macédonien, Serbo-Croate, Grec, Arabe. Son œuvre poétique a fait l’objet de court métrage pour le cinéma en Europe. Ses œuvres sont aux programmes de nombreuses universités dans le monde et font l’objet de thèses de fin d’études.

Amadou Lamine Sall a été comme conférencier l’invité des universités de Dakar, d’Edimbourg en Ecosse, de Montréal au Québec, de Fredericton au Nouveau Brunswick Canada, de l’université York à Toronto, de Wells dans l’Etat de New York, de l’université du Liban à Beyrouth.

Léopold Sédar Senghor a dit de lui « qu’il est le poète le plus doué de sa génération ». 

Amadou Lamine Sall est membre de l’Académie mondiale de la poésie dont le siège est à Vérone en Italie.

Il est lauréat des Grands Prix de l’Académie française.

Il occupe actuellement les fonctions de Commissaire à la réalisation du projet du Mémorial de Gorée.

The Mediterranean Union: What about Relations with Sub-Saharan Africa?

Mercredi 1 avril 2009

seminaire.jpgThe Mediterranean Union:

What about Relations with Sub-Saharan Africa?

Source (www.aku.edu/ismc)

Dr. Bakary Sambe spoke at an International Workshop at the French Parliament (Senate) organised by University of Paris on 12 March entitled, ‘The Mediterranean Union: Building a space for knowledge’. The title of Sambe’s paper was The Mediterranean Union: What about Relations with Sub-Saharan Africa?

Sambe’s paper sought to demonstrate that it is illogical to exclude Sub-Saharan Africa from any space which aims to share knowledge and science of the Mediterranean, due to its strong historical ties to the Muslim world. Since medieval times, Sub-Saharan African has been linked to North Africa by many different exchanges and pilgrimages.

The Islamisation of Africa was facilitated by cross-Saharan trade and political relationships between old African empires and North African kings and princes. Sub-Saharan and North African scholars were involved in a process of sharing and exchanging knowledge long before the arrival of the European colonial powers.

Finally, Sambe argued that throughout history, there have been very dynamic relationships and spaces for exchange between people on both sides of the Sahara desert. According to Sambe, these cultural, political and strategic interactions make the two sides of the Sahara inseparable.

The keynote speaker at the conference was Mrs Michele Gendreau-Massaloux, French Secretary of State for Euro-Mediterranean Affairs. The conference was attended by various scholars, senators, students. Papers were presented by 15 scholars from Lebanon, Syria, Morocco, Tunisia, Central Africa, France and Germany.