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Archive pour juillet 2009

Dr Bakary SAMBE, lors de l’Emission Washington Forum

Jeudi 30 juillet 2009

Vous pouvez regarder cette Emission Tele de la Voix de l’Amerique sur ce lien: http://www.voanews.com/french/washington_forum.cfm

 

Le voile, la Burqa : Ils ont dit……

Mardi 28 juillet 2009

burqa.jpgLe voile, la Burqa : Ils ont dit……

- Elisabeth Badinter s’adresse à celles qui portent volontairement la burqa : 

« Après que les plus hautes autorités religieuses musulmanes ont déclaré que les vêtements qui couvrent la totalité du corps et du visage ne relèvent pas du commandement religieux mais de la tradition, wahhabite (Arabie Saoudite) pour l’un, pachtoune (Afghanistan/Pakistan) pour l’autre, allez-vous continuer à cacher l’intégralité de votre visage ?

Ainsi dissimulée au regard d’au trui, vous devez bien vous rendre compte que vous suscitez la défiance et la peur, des enfants comme des adultes. Sommes-nous à ce point méprisables et impurs à vos yeux pour que vous nous refusiez tout contact, toute relation, et jusqu’à la connivence d’un sourire ? Dans une démocratie moderne, où l’on tente d’instaurer transparence et égalité des sexes, vous nous signifiez brutalement que tout ceci n’est pas votre affaire, que les relations avec les autres ne vous concernent pas et que nos combats ne sont pas les vôtres.

Alors je m’interroge : pourquoi ne pas gagner les terres saoudiennes ou afghanes où nul ne vous demandera de montrer votre visage, où vos filles seront voilées à leur tour, où votre époux pourra être polygame et vous répudier quand bon lui semble, ce qui fait tant souffrir nombre de femmes là- bas ?

En vérité, vous utilisez les libertés démocratiques pour les retourner contre la démocratie. Subversion, provocation ou ignorance, le scandale est moins l’offense de votre rejet que la gifle que vous adressez à toutes vos soeurs opprimées qui, elles, risquent la mort pour jouir enfin des libertés que vous méprisez. C’est aujourd’hui votre choix, mais qui sait si demain vous ne serez pas heureuses de pouvoir en changer. Elles ne le peuvent pas… Pensez-y» Elisabeth Badinter : Le Nouvel Observateur



- «On n’empêche pas les gens de se balader le nombril à l’air, je ne vois pas pourquoi on les empêcherait de se balader avec un voile sur la tête, à une condition: que ce soit voulu et non subi», a déclaré Alain Juppé.

                         

- «Qu’on se promène avec un nez rouge ou une burqa, cela relève des libertés individuelles», a jugé le député UMP et maire de Vannes François Goulard

                           

- « En France, toute jeune fille qui veut porter le voile peut le faire. C’est sa liberté« , avait réagi Nicolas Sarkozy au discours d’Obama.

                                              

- « la stigmatisation, ça ne me semble pas être une bonne solution. Je ne pense pas que l’interdiction brutale va amener quelque chose de positif« , a déclaré Mme Duflot, secrétaire des Verts, jeudi sur Canal+.

« Je ne sais pas quelle est la solution magistrale mais ce qui est sûr, c’est que s’empoigner sur le sujet et faire des grandes phrases ne me semble pas être la bonne démarche« , a ajouté la secrétaire nationale des Verts.

Le risque d’une interdiction c’est que ces femmes « disparaissent de notre vue mais que ce soit pire que la situation actuelle qui profondément me choque« .

                                           

- Réagissant sur France info, la secrétaire d’Etat à la Ville, Fadela Amara, a plaidé pour l’interdiction de la burqa. Laquelle, selon elle, «n’est que l’expression visible et physique des fondamentalistes et des intégristes». «Au nom de la démocratie, de la République, du respect des femmes, (…) et des combats qu’elles ont menés, on doit tout faire pour stopper la propagation des burqas», a encore déclaré l’ancienne présidente de l’association NPNS, en marge d’un déplacement aux Mureaux (Yvelines).

                                   

- Le ministre de l’Immigration, Eric Besson, n’a, par contre, jugé «pas opportun de relancer une polémique» sur les signes religieux: «la loi a déjà énoncé un certain nombre de règles du vivre ensemble, la loi dit qu’on ne peut pas porter le voile dans un certain nombre d’administrations, de services publics et à l’école. Un équilibre a été trouvé en France et il serait dangereux de le remettre en cause».

                            

- André Gérin s’explique : « Je considère qu’avec le président Sarkozy, il y a des reculs graves sur la laïcité. La coïncidence fait que je dépose cette demande de commission d’enquête au moment où Obama en parle et au moment où Sarkozy court après Obama ».
Il déclare aussi : « Si on ne veut pas le choc des civilisations, il faut que les républicains de ce pays soient capables de faire un combat au couteau contre ce que j’appelle ce nouveau fascisme vert ».

La prière de clôture de la Wazifa, d’après Cheikh El Hadji Malick Sy (à télécharger)

Jeudi 23 juillet 2009

دعاء الوظيفة للشيخ الحاج مالك سي

Cette prière versifiée clôture un moment d’intense spiritualité: la Wazifa qui fait partie des piliers de la Tijâniyya. Cette belle version est calligraphiée par Serigne Samba Diagne de Sanar (Que Dieu le récompense !!!)

Vous pouvez télécharger ce texte ici La prière de clôture de la Wazifa, d'après Cheikh El Hadji Malick Sy (à télécharger) dans AU COIN DE LA ZAWIYA pdf دعاء الوظيفة

Dr Bakary Sambe speaks at International Symposium in Morocco

Mercredi 22 juillet 2009

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Dr Bakary Sambe speaks at International Symposium in Morocco (Source ISMC)

Source ISMC- Dr Bakary Sambe, Research Fellow at AKU-ISMC, recently delivered a paper at an international symposium entitled ‘Cultural Interactions between Sub Saharan Africa and Morocco’. The symposium was held from 11 – 18 May 2009, at La Fondation des Arts Vivants and Hassan II University in Casablanca.

Sponsored by the Moroccan Foreign Ministry, the symposium aimed to facilitate the establishment of a network dedicated to the development of intellectual and cultural exchange between Sub-Saharan Africa and Morocco.

Participants included researchers from Senegal, Tunisia, Mali, Morocco, Nigeria, India and the UK; along with a range of prominent figures from academia and the arts, including Wole Soyinka, the first African Nobel Prize winner (literature).
 
This symposium was held as part of an international festival “The Moving Africa” which acts as a platform for new fields of research and cultural dialogue between Sub-Saharan Africa and Morocco.

Sambe’s paper, Between Islam, Arabism and Negritude: the crossroad of identities, sought to emphasise the various cultural and historical interactions, exchanges and influences between African and Arab/Muslim contexts. His paper highlighted the tangible shared heritage and the intangible and largely disregarded cultures of Africa within African and Arab Muslim contexts.

During the week, artistic and cultural events were organised in the cities of Casablanca and Mohammédia, in order to introduce African cultures through music, theatre and dance.

Musicians and artists from Mali (Mory Knte, Salif Keita), the Ivory Coast (Alpha Blondy), Burkina Faso, Tunisia and Morocco performed, exhibiting the various artistic cultures that have developed from the profound exchanges across these spaces.

The symposium included many roundtable discussions between artists and scholars, seeking to deepen the level of dialogue betweenAfrican and Arab Muslim contexts, around a shared history about which little is known.

Africa’s Terror Threat Real, By Walid Phares

Mardi 21 juillet 2009

somalia.jpgAfrica’s Terror Threat Real
 
By: Walid Phares 
 
 
Over the past months, the narrative of Washington’s « new direction » in world affairs blurred the clarity of the confrontation with the terror forces worldwide. Are we at conflict with a global threat?
The administration, insisting on treating the issue locally, claimed otherwise. But during President Barack Obama’s July 11 speech in Accra, he said that « when there’s a genocide in Darfur or terrorists in Somalia, these are not simply African problems — they are global security challenges, and they demand a global response. »

This zigzag between local and global risk is confusing not only to the public but to strategists as well. If terrorism in Somalia is a global security challenge, then it is a global threat. And thus it is a global confrontation, call it war or call it anything else. Therefore, the response has to be global, security, military, political, economic, and ideological.

Responding to the jihadi threat throughout Africa must be continental and integrated with international efforts. The president should have drawn the attention of his audience to the trans-African jihadi threat commencing in Somalia with the al-Shabab, and thrusting through the immensity of the Sahel via Chad, Niger, Mali, and Mauritania. The menace is even wider as the Salafists (al-Qaida-like jihadists) threaten northern Africa via Algeria, Morocco, and even Egypt.

Unfortunately, neither the Cairo nor the Accra speeches described the terror threat in full. In the next few years, 50 percent of the continent will be involved in a full-fledged war with terror. That is not a little detail obstructing development; that is the main threat against social, economic, and democratic progress across Africa. The jihadists aren’t just some extremists with local demand: they have an all-out agenda diametrically opposed to the modern democratic agenda and to U.S. efforts in international development.

In his speech Obama raised another point of confusion created by the administration: The ideology of the global threat. Since early 2009, (but also under the last two years of the George W. Bush administration) all reference to the existence of “an” ideology, doctrine, or school of thought of the foe, let alone its name, was scrapped out of the lexicon. The “J” word (jihad) was banned along with all “I” words (Islamism, etc).
Until the Accra address, the Obama speech writers wanted the public to digest the idea that there is no ideological battle. But in front of an all-African legislative audience in Ghana, Obama resuscitated the unavoidable conclusion: “That is why we must stand up to inhumanity in our midst. It is never justified, never justifiable to target innocents in the name of ideology.”

So is it or is it not an ideology, regardless of what one wishes to call it? In Africa, we cannot convince the people subjected to Wahabi, Salafi, or Khomeinist propaganda that ideology has nothing to do with the massacre of black men, women, and children. But in Cairo, we didn’t raise the issue. In Washington, we act as if we want it to go away by changing our lexicon. In the end, Africa knows all too well the nature of the ideological menace. It knows its name, its goals, and it has seen its work. The U.S. must catch up with the continent’s deep and dramatic knowledge of the roots of “evil.”

Twice in his speech, Obama asserted that “we must start from the simple premise that Africa’s future is up to Africans.” Indeed, after the receding of Western colonialism during the last decades of the 20th century, who is obstructing Africa’s global independence? What regional and international organizations are controlling the African vote at the United Nations, paralyzing the African Union when it decides to intervene against ethnic cleansing in Darfur, southern Sudan, and Biafra, or to solve civil wars in Cote d’Ivoire and Somalia?

carteafriquedelouest.gif
The Arab League controls 10 of Africa’s countries and the Organization of the Islamic Conference covers half of the continent. Both organizations are essentially commanded by oil-producing regimes and jointly “colonize” the African Union. NATO, the EU, the CIS, and the OAS have no membership in Africa. But OPEC’s big boys determine at what price Nigerians, Ghanaians, and others must sell their oil. What I have coined as “oil imperialism” in my last book has been devastating third world independence since 1973, when petrodollars pushed back against the West and intimidated weaker nations.
If oil regimes can exert influence in the world’s most powerful capitals, how can poor African nations resist their domination?

Dr. Walid Phares is the director of the Future Terrorism Project at the Foundation for the Defense of Democracies and a visiting scholar at the European Foundation for Democracy. He is the author of “The Confrontation: Winning the War against Future Jihad.” For more analysis and interviews, visit www.walidphares.com 

TELECHARGER LA QASIDA AL-BOURDAH DE MUHAMMAD AL-BOUSAYRI (Bourdou)

Jeudi 16 juillet 2009

TELECHARGER LA QASIDA AL-BOURDAH DE MUHAMMAD AL-BOUSAYRI (Bourdou) dans AU COIN DE LA ZAWIYA pdf قصيدة بردة المديح

 للعلامة محمد البوصيري

Cette Qacida est chantée à Tivaouane, capitale de la Tijâniyya au Sénégal dès l’apparition du croissant lunaire annonçant le Mois de Rabî’ al-Awwal (Gamou). Cette tradition instituée par Cheikh El Hadji Malick Sy s’est durablement perpétuée et de plus en plus de cités religieuses ont suivi l’exemple.

L’Islam, les musulmans et la relation à l’Autre (SUITE)

Jeudi 16 juillet 2009

islamalepreuvedesmusulmans1.jpgL’Islam, les musulmans et la relation à l’Autre (Suite)

Haoues Seniguer,

Doctorant en Sciences politiques

Ce texte est la suite de l’article de Haoues Seniguer « L’Islam à l’épreuve des Musulmans »

            Pour éviter tout de suite de se méprendre sur les questions que nous nous proposons de traiter ; nous soulèverons et soutiendrons la thèse suivante : ce sont moins l’islam et les textes du corpus islamique « officiel » qui sont à mettre à l’index que ceux qui les reçoivent, les interprètent et les vivent. Aussi, nous affirmons que l’islam ne doit absolument pas être confondu avec la pratique, elle plurielle, de ses millions d’adeptes, à la fois si différents et si semblables (les traditions locales aidant), du Golfe à l’Océan en passant par les villes européennes et bien d’autres Cités du monde :

            « Pourquoi ramener la diversité évidente des musulmans à une ‘religion’ d’un seul bloc, identifiée de surcroît à un collectif potentiellement dangereux, puisqu’elle serait susceptible de ‘comportement agressif’ ? L’identité des personnes supposées composer ce collectif peut-elle d’ailleurs se réduire à leur qualité de ‘musulman’ ? Et de quels ‘musulmans’ parle-t-on au juste[1] ? 

Si l’on veut comprendre l’exacte portée de ce triptyque, au moins sur un plan méthodologique, référons-en d’emblée à la sourate III verset 7 qui rend bien compte de la difficulté herméneutique du texte coranique et de la diversité des regards possibles :

« C’est LUI (Allah) qui t’a révélé le Livre comprenant des versets clairs [bien établis] qui en constituent la matrice [ou la base] et d’autres qui sont équivoques. Ceux qui ont un mauvais penchant dans le cœur suivront ce qui est équivoque par amour de la division et pour l’interpréter ; Dieu seul connaît l’interprétation[2]. » 

Tout est dit ou presque dans ce verset. Il existerait des versets clairs structurant, organisant la vie, essentiellement cultuelle soit dit en passant, des croyants et d’autres qui nécessitent un savoir particulier, un effort d’interprétation précis, donné à ceux à l’intelligence critique suffisamment pénétrante pour ne pas verser dans toutes sortes d’excès ; lesquels versets peuvent constituer effectivement une pierre d’achoppement sans vigilance accrue. A cet égard, la responsabilité des Oulémas et autres « autorités » autorisées ou reconnues comme telles, est immense.

Le domaine de l’organisation sociale des musulmans doit pouvoir faire l’objet d’adaptations ; c’est ce qui ressort des œuvres mêmes dites orthodoxes (Voir l’oeuvre de Shâtibi auteur musulman du XIVème siècle). Ce qui censément fait appel à la puissance rationnelle et au progrès dans le respect de sources et de conservation du souffle spirituel qui leur est sous-jacent.

On peut également rappeler les passages appelant les musulmans, les hommes et les croyants à l’interconnaissance, à la générosité, la bienfaisance et l’excellence dans la foi par les œuvres pieuses, le don de soi et le recueillement. Les exemples sont légion et il serait fastidieux ici de s’étendre davantage. Il suffit d’en référer directement au Coran et aux traditions orales du Prophète de l’islam.

Evidemment il est aussi des passages problématiques qui recèleraient des accents, relents ou une potentialité de violence. Mais c’est précisément là que l’essentialisme est des plus mortifère. Qu’est-ce à dire ? Pris tels quels, c’est-à-dire en bloc, sans distanciation critique et exercice d’une herméneutique en accord avec les visées ultimes de la sharî‘a (Maqâsid), les passages en question sont régulièrement l’objet d’un surinvestissement « théologique », littéraliste, politique voire « pseudo » moderniste. De quel surinvestissement s’agit-il au juste ?

On a affaire à des personnalités médiatiques et hyper médiatisées (drapées sous les oripeaux de la libre critique) qui, dans une extériorité absolue, distinguent ce qui est « politique », « intégriste » dans les expressions religieuses musulmanes de ce qui ne l’est pas. Sélectionnent à leur guise, la bonne de la mauvaise interprétation, sans associer toutes les positions critiques. Elles ne reconnaissent de la sorte, que ceux qui adopteraient leur propre logique de pensée, sans rechigner, sous peine d’être taxés « d’intégristes » ou « d’islamistes » !

D’où l’importance de juger des actes, des comportements, expliquer les phénomènes de violence politique, plutôt que de partir des textes eux-mêmes comme si ces derniers contenaient à eux seuls la clé du problème et offraient des réponses prêtes à l’emploi pour décoder le réel.

On ne parlera pas des mouvements sectaires et terroristes, dont une extrême majorité de musulmans rejettent et désapprouvent au plus haut point les actions. Al Qaïda et ses suppôts sont en tant que tels bien identifiés. Une condamnation orale, verbale est stérile si on ne lui associe pas une dénonciation des régimes autoritaires du monde arabo-musulman et de ceux qui, en Occident ou ailleurs, les soutiennent au nom dela Global War On Terror. Enfin, une exploration et une interrogation de la conscience musulmane elles-mêmes s’imposent.

Que peuvent donc les musulmans du monde, Occidentaux en particulier, pour inverser la tendance, créer au sein de leurs communautés politique et spirituelle d’appartenance, une dynamique de réforme interne et globale ; c’est-à-dire substituer aux cercles vicieux des cercles vertueux ? En quoi, à grands traits bien sûr, consisterait ladite dynamique ?

Mieux se connaître pour être reconnu ; se remettre en cause pour avancer 

Malek Bennabi (1905-1973), penseur algérien du XXème siècle, au travers d’une œuvre prolixe et très dense, a été, peut-on le dire, un précurseur dans la lutte intellectuelle contre les méandres du colonialisme, ses excès, ses outrances, ses crimes. Mais aussi, il a su analyser en profondeur les raisons internes de cette déroute des peuples arabo-musulmans dépassant ainsi le stade de la victimisation, du ressentiment.

Contrairement à ce qui est dit ici ou là, le véritable architecte du concept « politique de la civilisation » n’est peut-être pas seulement le philosophe français Edgar Morin mais bel et bien Bennabi en des aspects nombreux. Aussi, selon ce dernier, l’infériorisation de la personnalité arabo-musulmane, ce complexe d’infériorité handicapant qu’il a développé au fil des âges est moins le résultat de facteurs externes, exogènes, que de paramètres internes et intrinsèques théorisés sous le concept ingénieux de « Colonisabilité ». Nous partagerons également ce constat dans l’examen qui suit.

Nous reprendrons donc à nouveaux frais ses réflexions en tentant de les compléter en vue de les adapter à nos visées : Mieux se connaître pour mieux être connu et reconnu. Tel sera notre leitmotiv au cours du deuxième et dernier temps du propos.

Autrement dit, il convient de rappeler ici à grands traits la genèse historique de ce déclin et de cette infériorisation de la personnalité et des sociétés arabo-musulmanes. Rappelons que l’islam n’est pas en cause. Ce n’est pas un Agent doté d’intentions, désincarné qui plus est. S’il a été grand un jour, pourquoi est-il décrié aujourd’hui ? Certes, les musulmans, eux, sont victimes d’attaques infondées. Cependant, ils sont également responsables de l’image qu’ils donnent d’eux-mêmes, de comportements sectaires et violents et par voie de conséquence, du triste sort qui leur est réservé. De L’Irak à l’Algérie en passant par
la Palestine.

En somme, les musulmans ne sont pas suffisamment à la hauteur d’une civilisation qui les a engendrés mais dont ils se sont peu ou prou déconnectés par absence de volontarisme, de critique et partant, ils se sont complètement coupés du pouvoir décisif sur leur propre destin. Ils stagnent voire régressent dans leur capacité à comprendre les défis nouveaux du monde et à s’y adapter en apportant un regard et des solutions propres et en partage.

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Qu’est-ce qu’au fond une civilisation ?

Le philosophe algérien l’entend sous un double point de vue[3] :

-Du point de vue anthropologique : « toute forme d’organisation de la vie humaine, dans n’importe quelle société, développée ou sous-développée, est une civilisation. »

-Du point de vue fonctionnel : « la civilisation confère à la société, avec ce pouvoir économique qui la caractérise comme société sous-développée, la volonté de l’utiliser à résoudre tous les problèmes, notamment ceux qui se posent le plus cruellement à une société sous-développée. »

Des mouvements associatifs français tels que Les Indigènes de
la République
ou Mouvement des Indigènes de la République[4] s’attachent à lutter contre les restes coloniales (le post-colonialisme) dans la politique de
la France à l’endroit des minorités et une dénonciation des crimes coloniaux et du passif colonial. Néanmoins, cette action noble et louable au départ a eu tendance à s’enferrer ensuite dans les procès d’intention, le surinvestissement de la grille de lecture néo-coloniale dans l’appréhension des difficultés rencontrées par les Français d’origine maghrébine, africaine et musulmane. Retardant le réinvestissement, l’exploration de la conscience citoyenne, en harmonie avec une identité composite, et l’élaboration de chantiers positifs.

Les musulmans du monde, en France a fortiori, sont bien trop souvent dans une logique de la pensée et non de l’action concertée. Dans la réaction davantage que dans l’action ; la réponse aux diatribes, plus que dans le questionnement, le débat et la remise en cause de soi. Les exemples de ce type font florès : des réactions hystériques aux caricatures du Prophète Muhammad publiées par des journalistes danois[5] il y a un peu plus de trois ans maintenant ou aux différentes intimidations exercées auprès des auteurs et « penseurs » français même de mauvaise foi. Dénoncer c’est bien ; s’impliquer, agir dans le champ politico-social est mieux encore.

Mieux se connaître pour mieux être connu et reconnu. C’est par cette première étape fondamentale que passe le réveil global. Analyser les raisons « internes » de la colonisation, de la domination sans partage de la technologie, de la politique et de la culture occidentales est nécessaire et décisive. Un diagnostic sans concessions des impasses et des crises que traverse le monde musulman dans sa diversité est nécessaire et est un préalable crucial avant tout autre chose.

Ce réveil passe par une relecture des sources de l’islam, des traditions, des philosophes et des théologiens médiévaux et modernes qui ont tenté de l’amorcer. Pour Bennabi comme pour nous-même et bien d’autres encore faut-il l’espérer, nous autres musulmans, nous nous montrons trop souvent indignes, en deçà des visées ultimes de la révélation coranique et de l’apostolat de Muhammad. Incapables d’en saisir la quintessence et l’esprit et arc-boutés, soit sur la lettre, soit sur des postures prétendument « modernistes », lesquelles visent en définitive à plaire aux autres, à ceux qui ne partagent pas notre foi, au lieu que d’être à l’écoute critique et constructive de sa communauté originelle en écho avec les défis civilisationnels contemporains.

Cette incapacité, non seulement nous paralyse en tant que citoyens du monde, mais prive également l’Autre occidental, les autres, de nos ressources symboliques, de cette foi, ce partage d’un Universel que dispensent le Coran et la prophétie muhammadienne. Pas de développement économique sans réformes culturelles et institutionnelles préalables, voire aussi une révolution architecturale d’envergure ; cette dernière serait le reflet authentique du génie des hommes et des musulmans des premiers siècles qui ont su créer, enseigner et dispenser au monde leurs arts. Le modèle de développement transcende l’économique et ne réside donc pas selon nous, dans le gigantisme affiché par les grandes et richissimes familles du Golfe. Les Emirats Arabes Unis, le Qatar ou les autres pays du Golfe sont à ce titre tous plus artificiels les uns que les autres car ils fondent leur prétendue suprématie sur une suffisance économique et non sur une révolution intellectuelle et culturelle originale.

Affirmer sa personnalité dans l’espace public en articulant sa foi, sa conscience et son être en intelligence avec son contexte et les éléments de la citoyenneté est non pas seulement un droit, c’est aussi un devoir impérieux en plus que d’être utile à tous : aux musulmans comme aux non-musulmans.

L’Islam en France par exemple n’est et ne doit absolument pas être vécu comme celui des pays d’origine où l’administration s’immisce intempestivement dans les affaires cultuelles et culturelles jusqu’à politiser, au sens péjoratif du terme, les éléments de la foi universelle. Après quoi, efforçons-nous d’aller vers un partage des expériences culturelles, religieuses incontournables pour l’avenir du vivre ensemble dans un monde globalisé et dans chacune des sociétés où les citoyens de confession et de tradition musulmanes vivent en nombre croissant et auxquelles ils ont tant à apporter.   NB : Ce texte, que nous avons quelque peu amendé du fait de quelques imprécisions mineures au moment de sa publication, a fait l’objet d’une première publication dans le cadre des Annales de philosophie et des Sciences humaines, n°24, Tome 2, Faculté de Philosophie et des Sciences humaines, Université Saint-Esprit Kaslik, Jounieh, Liban. Haoues Seniguer Doctorant en sciences politiques 

Bibliographie sommaire :

-BENNABI, Malek, 1970, Le problèmes des idées dans le monde musulman, Alger, El Bay’yinate.

-BENNABI, Malek, 2004, Le Mondialisme, Articles de presse réunis, choisis, annotés et préfacés par Abderrahman Benamara, Alger, Dar El Hadhara.

- CHÂKIR, Husâm, 2007, Muslimû Ûrûbâ Wa Al Muchâraka Al Sîyâsîa, Brussels-Dublin, Âli Maktûm Al Khayryya.

- DELTOMBE, Thomas, 2007, L’islam imaginaire. La construction médiatique de l’islamophobie en France, 1975-2005, Paris,
La Découverte.

-  FERJANI, Mohamed-Chérif, 2006, Le politique et le religieux dans le champ islamique, Paris, Fayard.



[1] DELTOMBE, Thomas, 2007, L’islam imaginaire : la construction médiatique de l’islamophobie en France 1975-2005, Paris,
La Découverte, p. 5.

[2] Verset cité dans FERJANI, Mohamed-Chérif, Le politique et le religieux dans le champ islamique, 2006, Paris, Fayard, p. 70.

[3] BENNABI, Malek, 2004, Mondialisme, articles de presse réunis, choisis, annotés et préfacés par : Abderrahman Benamara, Alger, Dar El Hadhara, p. 15-20.

[4] http://www.indigenes-republique.org/

[5] Les caricatures du Prophète Muhammad sont une série de douze dessins publiés initialement dans le journal danois Jyllands-Posten  le 30 septembre 2005. L’un d’entre eux a particulièrement crée la polémique puisqu’il présentait la figure du Prophète de l’islam vêtu d’un turban en forme de bombe.

L’islam à l’épreuve des musulmans : de la critique « constructive » de l’Autre à la remise en question de soi (Partie 1)

Lundi 13 juillet 2009

islamalepreuvedesmusulmans.jpg L’islam à l’épreuve des musulmans :

de la critique « constructive » de l’Autre à la remise en question de soi  (Partie 1)

       Par Haoues Seniguer

Doctorant en Sciences Politiques

Tout au long de notre propos, nous appuierons notre démonstration sur la définition suivante, somme toute substantielle, de la personnalité arabo-musulmane : c’est-à-dire tout homme ou toute femme qui librement, en conscience, se reconnaît et s’inscrit, d’une manière ou d’une autre, dans l’héritage historico-culturel et/ou religieux de l’islam avec l’expression libre ou non de la critique historique. Ce qui suppose l’adhésion plus ou moins assumée et consentie à quelques grands principes de la foi islamique. Néanmoins, cette définition quelque peu resserrée, n’exclut aucunement par principe ceux qui ont des origines arabo-musulmanes et qui ne les assument peut-être plus ainsi que les musulmans africains, asiatiques ou autres qui ne sont pas forcément arabes… 

        L’Islam-Livre (Coran et traditions rapportées) est-il l’exact symétrique de la vie des musulmans et les musulmans en sont-ils l’image fidèle, voire idéale ? Que peuvent et doivent faire les citoyens musulmans pour sortir de la crise intellectuelle, religieuse et morale qu’ils connaissent à des degrés différents ? Tels seront les deux files d’Ariane de notre réflexion. Les musulmans de par le monde traversent une profonde dépression, une crise intellectuelle et religieuse. Ils peinent à relever la tête ; trouver la sérénité et l’assurance de sujets épanouis et autonomes, là où ils vivent. Ils sont souvent, il est vrai, l’objet de stigmatisations, de vexations à répétition[1], quand ce n’est pas « une chasse aux sorcières » ; accentuée depuis le 11 septembre 2001 et ce, un peu partout dans le monde occidental.

En France notamment que l’on connaît le mieux, proclamée patrie des droits de l’homme et du citoyen, puisque c’est le pays qui nous a vu naître, grandir ; au sein duquel nous avons été éduqués et socialisés au contact des autres, quelles que soient l’intimité des convictions religieuses, culturelles, des considérations philosophiques des uns et des autres trempées à la laïcité républicaine. Ce propos peut d’ailleurs s’extrapoler à l’ensemble des nations qui comptent en leur sein des populations musulmanes. 

        Certes des observateurs ; c’est-à-dire grosso modo, les pouvoirs publics[2], les membres de la représentation nationale, tous bords confondus[3], jusqu’aux médias, essayistes et journalistes[4] quelque peu « zélés », portent une responsabilité dans la vision étriquée de leurs concitoyens.  Ces acteurs publics ont eu tendance à entretenir, bon gré mal gré, le spectre d’une communauté unique, fantasmatique en proie à des accès intégristes, voire terroristes. D’autres parleront de « maladie de l’islam » (en l’occurrence l’écrivain franco-tunisien Meddeb) plutôt que de maladie « des musulmans » et de leurs contempteurs tout aussi prisonniers et malades parfois, de leurs analyses partielles voire partiales. Une autre maladie de la pensée tout aussi nocive du reste ! Aussi, le citoyen de culture et de religion musulmane est sommé, comme s’il en était irrémédiablement redevable, de montrer patte blanche et se désolidariser au pied levé des groupes terroristes sitôt qu’un évènement malheureux prend pour cible des civils et des bâtiments publics au nom d’ « un » islam; sous peine d’être soupçonné de soutien ou de complicité sinon active, à tout le moins passive avec « les fous d’Allah ». Jusqu’à, chez certains intellectuels[5], y compris musulmans déclarés[6], remettre en cause de façon indistincte, les musulmans et le Texte qu’ils considèrent comme sacré, dans un essentialisme des plus absolu. Confondant à souhait, l’idéologie politique (l’islamisme), elle-même à historiciser et à contextualiser au demeurant, avec la foi et la spiritualité ordinaires ; disons quiétistes ou plus piétistes (l’islam) qu’idéologiques. 

Mais des raisons internes aussi, intrinsèques au monde islamique, aux musulmans eux-mêmes, si différents de corps, d’esprit et de convictions intellectuelles soient-ils, expliquent cette crise de confiance généralisée alimentant une certaine victimisation. C’est-à-dire cette espèce de déréliction du musulman et par conséquent, de fait, cette relation tendue avec ceux qui ne partagent pas la même foi, les mêmes origines ethniques voire sociales. Qu’est-ce à dire ? Le Coran et les traditions prophétiques (faits et gestes du Prophète de l’islam Muhammad) en tant que tels peuvent, suivant les intentions et à la lumière d’un contexte, s’interpréter dans le sens de l’ouverture, du dialogue et du partage, comme justifier une crispation identitaire voire sectaire quand elle n’est pas terroriste. Ainsi, après avoir rappelé à grands traits que les textes religieux eux-mêmes ne peuvent à eux seuls donner une grille de lecture suffisante pour appréhender les réalités sociologiques des comportements des musulmans, résidents ou citoyens de pays occidentaux, nous essaierons de montrer en quoi

la Religion révélée, en l’occurrence ici l’islam, ouvre des perspectives spirituelles et humaines profondes dont ne sont pas toujours à la hauteur les communautés musulmanes.  Plutôt que d’évoquer en profondeur les raisons « externes » de la crise qui sont réelles et considérables, nous en analyserons les causes et les manifestions du point de vue « interne » et les pistes d’une guérison urgente et fort souhaitable. Raisons « internes » et « externes » se conjuguent pour le plus grand malheur des musulmans eux-mêmes certes mais également de leur environnement respectif lequel ne peut également se dérober à sa co-responsabilité.  A suivre…



[1] De nombreux intellectuels français se sont littéralement déchaînés au sens propre du terme, sur les musulmans et l’islam donnant trop peu dans la nuance. Ces postures nuisent véritablement au débat serein et démocratique, troublent et entament à divers titres la relation de confiance entre tous les membres de la société civile. Nous en citerons les postures les plus éloquentes, sources à l’appui : « Deux millions de musulmans en France, ce sont deux millions d’intégristes potentiels. » Pierre-André Taguieff (chercheur au CNRS), France Inter, 1997. «  Au lieu de contribuer au progrès de l’humanité, [les fils d’Allah] passent leur temps avec le derrière en l’air à prier cinq fois par jour [...] Ils se multiplient comme des rats [...] Il y a quelque chose, dans les hommes arabes, qui dégoûte les femmes de bon goût. » Oriana Fallaci , (écrivain),La rage et l’orgueil, Plon, 2003. « Le voile est une opération terroriste. [...] En France, les lycéennes savent que leur voile est tâché de sang. [...] Dans nos écoles, question d’honneur, on n’enseigne pas à des élèves en uniforme. Sauf au temps du nazisme. » André Glucksmann, (philosophe), L’Express, 17/11/1994. On pourrait multiplier à volonté ce genre de discours haineux et racistes peu ou prou normalisés dans le paysage médiatique, social et politique français. 

[2] Il est un fait dont on ne parle presque jamais en France. Malgré la laïcité qui justifie la neutralité de la puissance publique, il est demandé, notamment de la part des autorités policières au moment de l’introduction d’une demande de naturalisation, la foi, les origines ethniques et l’assiduité à la mosquée des personnes concernées. Ce qui est proprement hors-la loi !

[3] Les intellectuels ne sont malheureusement pas les seuls à tenir des discours aussi violents à l’endroit des citoyens et résidents musulmans puisque les politiques s’en rendent régulièrement coupables : « Avoir des Polonais, des Italiens, des Portugais, pose moins de problèmes qu’avoir des Noirs ou des musulmans. » Jacques Chirac, Le Monde, 21/06/1991. « Il n’y a pas d’assimilation des musulmans, ça n’existe pas, sauf en quantité infinitésimale. » Yves Guna (RPR), Le choc du mois, mars 1992. Plus récemment, notre actuel président de la République, lors de la campagne présidentielle, lequel n’en était déjà pas à sa première sortie : « Je souhaite qu’on ne puisse pas vivre en France sans respecter sa culture et ses valeurs. Je souhaite qu’on ne puisse pas s’installer durablement en France sans se donner la peine d’écrire et de parler le Français. Et à ceux qui veulent soumettre leur femme, à ceux qui veulent pratiquer la polygamie, l’excision ou le mariage forcé, à ceux qui veulent imposer à leurs sœurs la loi des grands frères, à ceux qui ne veulent pas que leur femme s’habille comme elle le souhaite je dis qu’ils ne sont pas les bienvenus sur le territoire de
la République française. A ceux qui haïssent
la France et son histoire, à ceux qui n’éprouvent envers elle que de la rancœur et du mépris, je dis aussi qu’ils ne sont pas les bienvenu
s » (N. Sarkozy, Discours de Toulon le 7 février 2007). En 2002, le leader socialiste Georges Frêche tiendra les propos suivants : « Ils [les musulmans] ne vont pas vouloir maintenant nous imposer leur religion ! Ceux qui ne veulent pas respecter nos valeurs, qu’ils rentrent chez eux !  ». 

[4] On peut citer l’essayiste en vogue en France ; à savoir Caroline Fourest qui prétend combattre tous les intégrismes mais surenchérit sur « l’intégrisme musulman » ; en prétendant, in fine, que toute manifestation un tant soit peu publique ou visible de l’islam s’apparente à de l’islamisme ; lequel est dans son esprit et vocabulaire forcément rétrograde.

[5] Le 19 septembre 2006 dans le quotidien français Le Figaro, un enseignant de philosophie, Robert Redeker, publie une tribune violemment anti-musulmane où l’anecdote, les amalgames côtoient les jugements partiels et tronqués. Islam et musulmans sont confondus pour le pire : « le tentative menée par cet islam d’étouffer ce que l’Occident a de plus précieux qui n’existe dans aucun pays musulman : la liberté de penser et de s’exprimer ». L’islam est présenté comme un agent « monstrueux », conscient, uniforme : « L’islam tente d’obliger l’Europe de se plier à sa vision de l’homme. »

[6] C’est le cas de l’écrivain franco-tunisien Abdelwahhab Meddeb lequel confond systématiquement « maladie de l’islam » avec maux des communautés musulmanes. Maladie des terroristes et perversion criminelle des textes religieux avec on ne sait quelle essence coranique qu’il mythifie. Comme s’il fallait modifier les dogmes, en changer la nature pour réformer la conscience musulmane. Posture contre-productive.

Iraqi Success Will Depend on Next U.S. Strategy, by Dr. Walid PHARES

Vendredi 10 juillet 2009

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Iraqi Success Will Depend on Next U.S. Strategy

by Professor Walid Phares*
World Defense Review

In a briefing organized in Congress in July of 2007, I submitted a plan to the U.S. House Caucus on Counter Terrorism called « Freedom lines » suggesting a second phase in the American military campaign in Iraq. This plan was suggested as of 2004. After having analyzed the long term goals of al Qaeda and the Iranian regime in Iraq and discussed them with CENTCOM officials and National Defense University professors, the proposed plan projected a rapid training and expansion of the Iraqi armed forces followed by a gradual redeployment of U.S. and Coalition forces out of the cities and urban zones.

Today we see the first phase of withdrawal beginning to take place. It is in this redeployment stage, where Iraqi forces will be taking over from Americans and allies in all cities and most towns. Two crucial questions arise immediately: Will Iraqi forces be able to control their own urban zones? And as a corollary, what should be the next phase for U.S. and Coalition forces on Iraqi soil?

According to the plan I have suggested the answer to the second question can determine the success or failure of the first. Indeed, for Iraqi forces to win the battle against their security challenges, it will depend on what kind of strategic mission U.S. armed forces will be tasked with in the next stage of their new deployment. Here is why:
The enemy’s intentions

The two main forces the U.S. and the West are facing in the region, and which are threatening the rise of democracy amongst local civil societies have been and continue to be the Salafi Jihadists led by al Qaeda on the one hand and the Ayatollahs’ Pasdaran on the other hand. These two threats — regardless of how various U.S. administrations perceive them or project them — are the main challengers to Iraq’s national security. And thus their intentions towards Iraq’s future will determine the fate of the post redeployment stage. What are al Qaeda’s and Iran’s plans with the completion of American pull out from the cities? The combat Jihadists (often called « the extremists » by the U.S. Administration) are clear in their intentions: attack Iraqi forces, civil society and foreign presence mostly in Sunni Arab areas and when possible across the country. There will be no change in strategy for al Qaeda but an increase of activities in an effort to crumble the government’s presence in what the Salafi Jihadists would want to transform into a future « Emirate. » The Iranian factor is more complex: Tehran’s influence in Baghdad is projected to increase. Behind the scenes, the pro-Khomeinist politicians in Iraq will pressure the Shia-dominated government to lessen their alliance with the United States and tighten their cooperation with the « Islamic Republic of Iran. » The real battle will be within the Shia community of Iraq. The Pasdaran’s tentacles will attempt to eliminate the anti-Iranian cadres and consolidate the pro-Iranian groups, including the armed ones. The far goal is undoubted: Spread Iranian indirect control from border to border to connect with Syria’s.
 

Iraqi resistance to the two threats
Can Iraq’s government and armed forces resist the post U.S. redeployment assault by al Qaeda and the further infiltration by the Iranian regime? The answer is yes, if. If the country’s national leadership stays united, closely allied to the United States and aware of the two threats, it will be able to ride the dangerous waves and reach stability by 2011 and beyond. But if the Iraqi government — and its successor after the fall’s elections — fail in meeting the three above mentioned conditions, the threats will prevail. Do Iraq’s army and security forces have enough numbers, equipment and training to respond to al Qaeda? Technically yes. If backed by their government, they can withstand terror strikes as long as needed and deny a repeat of Fallujah. Violence will take place, and might even increase, but the measurement is by the ability of the armed forces to deny the terrorists a territorial control, not to stop the bombings. However, Iraq’s ability to maintain unity against al Qaeda is based on its ability to deny further Iranian infiltration. And to do so, Iraqis need to be shielded from penetration coming from the east and the west: Iran and Syria. This is where U.S. role becomes critical.

US deployment inside Iraq

US deployment on borders
New redeployment: deterrence or neutrality?
If the U.S. forces leaving cities would regroup in large bases and await calls from Baghdad’s government to help when needed, they risk missing the bigger of the threats: a strategic penetration by Iran from border to border. Americans may be called to assist against al Qaeda while the Pasdaran will be subtly occupying the country. In short we will be doing the dirty job for the next dominant power: Iran. Hence, all depends on the deals already cut: If the Obama administration has accepted the idea of a future influence by Iran in Iraq, in return for a deal on regional issues, then expect U.S. « neutrality » towards Iranian influence in urban Iraq. But if Washington perceives Iran’s role in Iraq as a threat, then it should use its redeployment as deterrence against the Khomeinists. Everything else will unfold quickly.
Redeploy along the borders

In military history, deployments have constituted half of most victories. In my 2007 plan, I suggested a withdrawal from the center of Iraq and a deployment along the borders with particular focus on the frontiers with Iran and Syria. The thick presence along the two rivers should be remodeled into thick massing along the borders to the east and to the west, leaving most of the country to its armed forces. By redeploying as two buffers facing Tehran and Damascus, significant dividends will emerge: One, Iraqis will be able to pacify the center at will without main concerns about trans-borders penetrations; two, the Iranian regime will be deterred from a thrust into its neighbor; three, the Syrian regime will lose the land bridge it hoped to access with Iran; four both the Assad and Khamanei regimes will have to focus on their growing domestic issues, instead of « meddling » in a post withdrawal Iraq.

Although such a strategic move should have been the next logic step in U.S. plans in Iraq, Washington decision makers have been advised in an opposite direction: « Engage » Iran and Syria and cut a deal with them as to the future of Iraq. The next stage of U.S. redeployment, if directed at deterring Iran can lead to Iraqi victory over terror. But if deterring Tehran’s regime is not on the agenda, Iraq will be challenged by al Qaeda in its center and penetrated by Iran from both borders.
                                                      **************

Dr. Walid Phares is Director of the Future Terrorism Project at the Foundation for the Defense of Democracies (FDD) in Washington, D.C., and a visiting scholar at the European Foundation for Democracy in Brussels. He is the author of the recently released book, The Confrontation: Winning the War against Future Jihad

Serigne Cheikh Tidiane Sy : le mystique et le citoyen du monde

Mercredi 8 juillet 2009

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Serigne Cheikh Tidiane Sy : le mystique et le citoyen du monde 

Par Serigne Adama BOYE- Source APS 

Serigne Cheikh Ahmad Tidiane Sy Maktoum tire un double privilège de son état-civil. La Tidjaniyya, confrérie soufie, est fondée par son homonyme, l’Algérien Aboul Abbas Ahmad At-Tidjani (1737-1815), puis largement propagée par son grand-père, El Hadji Malick Sy, hagiographe du prophète Mohamed (PSL). 

Natif de Saint-Louis comme son père, Ababacar Sy, khalife des tidjanes de 1922 à 1957, dont il est le troisième fils, Serigne Cheikh Tidiane Sy est entré dans sa 83-ème année. Il laisse apparaître le parcours d’un guide spirituel qui s’est affranchi du conservatisme, propre à l’islam au Sénégal, pour s’efforcer de se donner une identité propre à lui, celle d’un homme d’ouverture. 

Au-delà de la considération tirée de son ascendance (descendant de Maodo Malick Sy, de l’almamy du Rip et du Bour Sine), son influence dans les milieux musulmans sénégalais est le résultat de son itinéraire personnel. Très tôt, Serigne Cheikh Tidiane a tenté de réformer son entourage familial. Il installe le téléphone pour le khalife et commence à habituer son monde au port de la tenue dite occidentale et aux apparitions publiques, le chef décoiffé. Cette ouverture suscite des controverses. Par exemple, chez les religieux, le bonnet est un élément du complet. 

Au cours d’une causerie religieuse, le 26 mai 1950 à Tivaouane, le jeune marabout soutenait : ’’La religion ne doit pas rendre neutre son sujet aux travaux de réforme mondiale. (…) Apprendre ses devoirs religieux et les mettre en pratique n’exclut nullement les travaux manuels et d’esprit qui conduisent à l’amélioration du sort de l’humanité. C’est là un autre champ qu’il ne faut pas fuir pour aucun prétexte’’. 

Plusieurs registres, intellectuel, social, théologique, politique et économique, caractérisent son parcours. Cette dimension plurielle marque ses conférences publiques ou sa causerie à l’occasion de la commémoration de la naissance du prophète Mohamed (571-632). D’ailleurs, depuis près d’une décennie, le cheikh la célèbre, seul avec ses fidèles aux Champ des courses de Tivaouane (92 Km). Ce Gamou est le troisième organisé, concurremment, à côté de celui de ses frères et celui de ses cousins. La première scission date du début des années 50, suite à un conflit entre Khalifa Babacar et ses demi-frères. 

Cette vielle division est intervenue un demi-siècle après le lancement par El-Hadji Malick Sy de la nouvelle impulsion qu’il a apportée à l’anniversaire de la « Mawlidi nabi », en le célébrant avec la « Bourdah », le chef-d’œuvre de Mohamed Bousayri. Ce sont des écrits panégyriques sur le prophète chantés sur une décade avant la veille du Gamou. Le jour-j, les conférenciers de ces trois pôles commentent le « Khilâsou Dhahab » ou « Mimiya », œuvre majeure de leur aïeul sur la vie du prophète. 

Tivaouane est l’attraction des musulmans sénégalais à l’occasion de la célébration du Maouloud. Cette commémoration de la naissance du prophète Mohamed (PSL), la 106-ème édition dans la ville depuis qu’elle a été lancée par El-Hadji Malick Sy. L’avènement de ce savant et mystique (1855-1922) a été annoncé par El-Hadji Oumar Foutiyou Tall (1796-1864), comme son successeur à la tête de la Tijaniyya. 

Dans sa formation spirituelle, Cheikh Ahmad Tidiane Maktoum revendique ’’une fidélité sans faille aux enseignements de Serigne Babacar Sy’’, son père qu’il prend pour ’’seul et unique maître spirituel’’. Toutefois, il ne cache pas une pleine admiration pour son formateur Serigne Alioune Guèye, ainsi qu’il aime à citer ses autres professeurs de sciences islamiques, l’imam Moussa Niang et Serigne Chaybatou Fall. Aussi, rappelle-t-il souvent son passage entre les mains de son oncle paternel El-Hadji Abdoul Aziz Sy et des leçons de diction de ce savant et pédagogue de renom. Ils ont vécu ensemble, un temps, à Guinguinéo (centre). L’écho des cantiques de Dabbah retentit encore au Sénégal, 10 ans après sa disparition. 

Les contemporains de Cheikh Tidiane Maktoum à Tivaouane retiennent de lui ’’un apprenant surdoué’’, un talibé qui récitait sans anicroche ses leçons alors qu’il revenait à peine d’autres occupations pendant que ses camarades apprenaient. Déjà à l’âge de 14 ans, il a bouclé prématurément les cycles inférieur et moyen des études islamiques. A 16 ans, il publie son premier livre : ’’Les vices des marabouts’’. Plus tard, il écrivit ’’L’inconnu de la nation sénégalaise : El-Hadji Malick Sy’’. A la trentaine, il effectue son premier voyage à Paris où il vit, bien plus tard pendant cinq ans, une sorte d’exil. 

Cette précocité intellectuelle fait de lui qu’il joua les premiers rôles dans l’entourage de son père. Aux toutes dernières années du califat de Serigne Babacar, Cheikh animait, sur sa désignation, le Gamou et il était l’interlocuteur des dahiras (cercles de talibés) et des délégations officielles. En ce moment, comme aujourd’hui d’ailleurs, la famille d’El-Hadji Malick Sy, était en conflit. Après le rappel à Dieu du défunt khalife, Serigne Cheikh se sert de cette influence auprès de son père et de son aura propre auprès des muqqadams (dignitaires) et des fidèles pour revendiquer la légitimité dans la succession. Et depuis, il n’a pas lâché prise ! 

Cette maturité le met en contact avec les hommes politiques avec qui d’ailleurs les relations évoluent en dents de scie. Il fut le fondateur du Parti de la solidarité sénégalaise (PSS, opposition à Senghor), avec divers politiques notamment Ibrahima Seydou Ndao et Me Moustapha Wade, ainsi que le marabout Cheikh Ibrahima Niasse. En 1959, la contestation de résultats électoraux jugés ’’tronqués’’ par le PSS et le Parti africain de l’indépendance (PAI, gauche) vaudra à Cheikh un séjour carcéral. 

Des années plus tard, Senghor le nomme ambassadeur au Caire auprès de la République arabe unie (Egypte et Syrie). La fin ne fut pas prospère. Aux accusations de ’’fautes de gestion’’ se mêlent celles d’un ’’rapprochement inquiétant avec les milieux arabo-musulmans’’. L’inquiétude venait surtout des autorités françaises et des pro-Français dans l’entourage de Senghor. Un fait : le marabout-ambassadeur développait la coopération culturelle et faisait venir des milliers d’ouvrages pour la formation des arabisants sénégalais. 

’’Au risque de me répéter, je vous rappelle que votre rôle est avant tout d’étudier et d’organiser la nature qui est en nous et hors de nous, pour l’avènement de la justice, de la bonté et de la paix’’, déclarait-il au cours d’une conférence religieuse, en mai 1961 à Rufisque. 

Avec les régimes successifs avant et après l’indépendance, son parcours politique est parsemé de contacts et de distances. Mais, chez les intellectuels notamment les lettrés en arabe, Serigne Cheikh Tidiane incarne le renouveau dans l’islam au Sénégal. En 1955, le jeune marabout tidjane monte l’Association éducative islamique en même temps qu’il lance le journal « L’islam éternel ». Ainsi, multiplie-t-il les conférences thématiques sur l’islam, la société, la science, la culture et la politique. Son vieil auditoire se souvient de celle portant sur ’’Islam et négritude’’. 

’’En lui, Cheikh Tidiane, s’est réalisée la double quête de l’’’Insanoul kamil’’ (l’homme parfait) dans la perspective islamique : cet être spirituel qui vivra pour Dieu seulement en duo avec l’être terrestre qui travaillera et se battra comme s’il ne devra jamais quitter ce bas monde’’, écrivait, dans le journal Le Monde islamique, octobre 1995, Cheikh Abdoulaye Dièye. 

’’Poète moi-même, j’ai déjà trop jeune été émerveillé par la pureté et l’originalité de son style et la noblesse que véhiculait sa poésie. Son tout est poème, finesse et intelligence et on le perçoit bien à travers ses sorties. De son habillement à son gestuel en passant par son verbe évocateur’’, ajoutait le défunt religieux et homme politique sénégalais. 

Mystique, intellectuel et politique, Cheikh Tidiane garde à son tableau de chasse la figure de l’homme d’affaires. Producteur d’arachides dans le Saloum (centre), il s’est ensuite intéressé à l’industrie (huilerie et tomate conservée) avant de devenir actionnaire majoritaire dans l’unique cimenterie du pays à l’époque, la SOCOCIM à Rufisque. Sa brouille avec le régime d’Abdou Diouf lui vaudra bien des ennuis dans ce portefeuille. Aussi, sont évoqués ses intérêts passés dans les secteurs du transport. 

Aujourd’hui, le poids de l’âge et l’étendue des responsabilités le confinent à plus de retrait que jamais. N’empêche, ses détracteurs voient toujours son inspiration à travers les manifestations du Dahira moustarchidin wal moustarchidati, le mouvement de jeunes dirigés par son fils Serigne Moustapha Sy. Serigne Cheikh est leur guide spirituel, même si, lui-même dit être leur ’’condisciple’’ dans le legs de Khalifa Ababacar Sy. 

Bakary Sambe, docteur en sciences politiques et chercheur à la Maison de l’Orient méditerranéen, Université Lumière Lyon II, relevait dans un article de réflexion que ’’Cheikh Ahmed Tidiane Sy Maktoum fut, lui aussi, présenté par les éditions Dâr Maktabat al-Hayat de Beyrouth en ces termes : ‘il est actuellement parmi les hommes qui oeuvrent pour l’intérêt des musulmans et de l’humanité. Il bénéficie de l’estime et de l’amitié sincères de tous les leaders du monde arabe. Ils l’estiment pour sa vision, ses qualités humaines et sa sagesse politique’’. 

Dans une analyse datée de septembre 1995 consacrée aux relations entre l’islam et le monde occidental, suite à une appréciation positive du Prince Charles d’Angleterre sur la contribution de la religion musulmane dans le progrès de l’Europe, Cheikh Tidiane Sy le soutenait ainsi : ’’Ce n’est pas parce qu’il y a des incultes parmi les Occidentaux et des révoltés parmi les Musulmans que tout doit s’écrouler. Il faut aider les uns et les autres à être moins récalcitrants’’. 

Cependant, après le déclenchement de la guerre en Irak, par les forces anglo-américaines, le chef religieux sénégalais avait vivement protesté contre les divers soubassements de l’attaque armée. Le jeudi 15 mai 2003, à l’occasion du Gamou, il plaidait pour une réforme des systèmes internationaux. ’’Les systèmes financiers, politiques et religieux sont tous mal fichus. On ne peut pas mondialiser la bêtise ! Le constat d’échec des systèmes est patent. Ceux qui prônent la mondialisation, eux-mêmes, s’y perdent tous les jours’’. 

’’L’homme est le premier projet de Dieu et sa dernière créature. A travers lui, le Seigneur témoigne de son omniscience que tout fidèle doit méditer. Le règne de l’aveuglement généralisé rend nécessaire pour le musulman un retour aux sources divines : Allah, le prophète et le coran. Tout ce qui peut sauver l’être humain, c’est sa détermination à prêter attention aux pouvoirs du Seigneur et Dieu a fait de son envoyé (le prophète Mohamed) un sol vierge pour l’avènement du coran’’. 

Au dernier Gamou, le 1er avril 2007, Serigne Cheikh Tidiane Sy Maktoum invitait les adultes, en particulier les maîtres coraniques, à savoir ’’se comporter convenablement avec les enfants, à être gentils avec eux’’. ’’Il y a en qui ne savent que gronder ou violenter les enfants alors que cela ne se fait pas. Tout comme il est formellement interdit, en islam, de transformer les enfants en mendiants errant en guenilles dans les rues. D’ailleurs, pour faire exaucer un vœu personnel, passons par les enfants’’.  Serigne Cheikh, c’est surtout la maîtrise de la parabole comme méthode d’éducation allusive. Il la couple souvent avec l’humour ou la dérision. ’’Tâchez-vous d’apprendre l’arabe classique, la langue du prophète qui est aussi celle de l’au-delà parce qu’on n’y parlera ni le français ni je ne sais quoi’’. 

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