APPEL A SOLIDARITE AVEC IBLA (Institut des Belles Lettres Arabes) – TUNIS
Mardi 5 janvier 2010, vers 14h15,la Bibliothèque de l’Institut des Belles Lettres Arabes de Tunis (IBLA) a été l’objet d’un énorme incendie. L’explosion, à l’origine de cet incendie, a coûté la vie du missionnaire italien, Gian-Battista Maffi. 60% de la Bibliothèque (qui compte environ 34000 monographies, dont la moitié en langue arabe et le reste dans les principales langues européennes), seraient partis en fumée. Une première estimation parle de 17 OOO ouvrages brûlés. L’équipe de la bibliothèque, les chercheurs impliquées dans l’institut et dans la revue qui en porte le nom (Revue IBLA) sont affligés. C’est un espace et un outil important de la recherche en Tunisie et sur les réalités tunisiennes, maghrébines, arabes et musulmanes qui est sinistré.
Face à ce drame qui frappe une communauté religieuse et prive
la Tunisie d’un espace de savoir et de recherche en sciences humaines et sociales très important, nous nous adressons à la communauté scientifiques, aux universités, aux centres de recherches, aux institutions et établissements culturels, aux communautés religieuses, aux collectivités publiques et territoriales, aux pouvoirs publics, à toutes les bonnes volontés pour organiser la solidarité avec l’équipe de l’Institut des Belles Lettres Arabes de Tunis (IBLA). Cet appel vise en premier lieux la mobilisation des moyens financiers nécessaires pour reconstruire la bibliothèque et la collecte massive d’ouvrages et de revues permettant à l’institut de continuer à jouer le rôle qui a été le sien depuis des décennies.
Premier signataires par ordre d’arrivée : Cherif FERJANI (Professeur des Universités, Lyon), Claude PRUDHOMME (Professeur des Universités, Lyon), Jean-Dominique DURAND ((Professeur des Universités, Lyon), Gilbert MENYER (Professeur émérite des Universités, Lyon), Remy BOUCHARLAT (Directeur de la MOM, Lyon), Bernard GEYER (directeur de Recherche CNRS, MOM, Lyon), Emmanuelle VILA (chercheur CNRS, MOM, Lyon), Katia ZAKHARIA (Professeur des Universités, Lyon), Valérie MATOYAN (Chargée de recherche CNRS, MOM, Lyon), Jérôme MULLER (informaticien, MOM, Lyon), Jean-Claude DECOURT (Directeur de Recherche, Mom, Lyon), Thierry BOSSIERE ( Chercheur IFPO, Alep),Dominique GONNET (Sources Chrétiennes, Lyon), Bernard MEUNIER (Sources Chrétiennes, Lyon), Issam GHEDAB (Bibliothécaire, MOM, Lyon), Jean-Baptiste YON (chercheur CNRS, Lyon) ; Nathalie FOURNIER (Vice-présidente recherche, université Lyon2), Sylvia CHIFFOLEAU (chercheur CNRS, MOM, Lyon), Laura BATTINI (chercheur CNRS, MOM, Lyon), Bakary SAMBE (Aga Khan University, Londres)
Vous trouverez ci-dessous une présentation de l’histoire et du rôle que joue l’IBLA depuis sa création (présentation reprise sur le site d’IBLA).
IBLA : Un institut de recherche, une bibliothèque et un lieu de travail pour les jeunes du quartier, un centre de documentation et de recherche, une revue et des publications
L’histoire d’IBLA commence en 1926 avec la décision des Pères Blancs de créer une maison d’études et de recherche au Maghreb pour ceux qui y travaillent. C’est le Père Henri Marchal qui y aura pensé le premier, après l’échec des Pères Blancs à Ghardaïa, en Algérie, dû à leur ignorance de la langue arabe. La première communauté est installée le 18 novembre 1926 à la ferme de Boukhris près de La Marsa, à une vingtaine de kilomètres de Tunis, et comporte dès l’origine une composition internationale que l’IBLA garde encore aujourd’hui. Les cours commencent le 25, sous l’appellation de « Foyer d’études« . La maison d’études se déplace à la rue des Glacières à Tunis le 18 mai 1928, où elle prend officiellement le nom d’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA) le 30 mars 1931. Elle occupe effectivement son siège actuel à la rue Jamaa al-Haoua le 15 février 1932. Déjà en 1928, le centre d’études publie « Les Cahiers Tunisiens et Documents Tunisiens« . En 1937 naît la revue « Ibla« . Bibliothèque privée, appartenant aux Pères Blancs, elle est ouverte aux professeurs, aux chercheurs et aux étudiants du troisième cycle. Elle est consacrée essentiellement à la littérature et aux sciences humaines dans le monde arabe et en particulier en Tunisie. La bibliothèque compte environ 34000 monographies, dont la moitié en langue arabe et le reste dans les principales langues européennes. Les revues (dont 150 en échange) sont dépouillées systématiquement. Tous les fichiers, auteurs et matières, ont été informatisés. Toutefois, les fichiers auteurs manuels continuent d’être tenus au jour. Dans le fichier matières, la « Tunisie » a droit a un fichier propre. En 1949, suite aux grèves nationalistes, et pour empêcher que les élèves tunisiens puissent passer le bac, les autorités françaises, «
La Résidence », ferment les lycées. Alors, des professeurs tunisiens, avec des coopérants français et des pères blancs, ouvrent aux jeunes les portes de l’IBLA, et y organisent des cours, pour éviter qu’ils ne manquent l’année scolaire. Les années qui suivent, les jeunes viendront à l’IBLA pour y étudier, ce qui amènera à la création d’un fond de bibliothèque conçu pour répondre à leurs besoins, c’est-à-dire, la bibliothèque IBLA pour les lycéens. Elle accueille des jeunes du quartier qui peuvent venir y étudier chaque après-midi, individuellement ou en groupe. C’est principalement en fonction des programmes scolaires que les livres et les nombreux documents de cette bibliothèque sont choisis. Un fichier informatisé est mis à la disposition des élèves qui s’initient ainsi, avec l’aide des responsables, à des recherches de documents disponibles pour un sujet donné.
Les jeunes trouvent au sein de la bibliothèque une salle commune de travail, de petites salles individuelles, un soutien scolaire en cas de besoin, souvent individualisé et un équipement informatique conséquent
La revue Ibla est née en 1937. Ses fondateurs avaient la certitude que
la Tunisie allait devenir un jour indépendante, qu’il fallait respecter et faire connaître la culture tunisienne dans tous ses aspects et soutenir les Tunisiens en tant que protagonistes dans leur propre culture. Elle commence comme un simple bulletin de liaison polycopié entre les sympathisants européens qui veulent connaître les Tunisiens. Elle sera lue avec attention par les colons qui souhaitent mieux employer leurs ouvriers agricoles et dont certains d’entre eux participent aux mouvements d’Action Catholique. Elle cherche à éclairer et à rapprocher l’élite franco-tunisienne : compréhension du peuple, guide pour des contacts profonds, insertion de morale universelle. Le tirage atteint 2 500 exemplaires en 1944. Une collection parallèle, Le Bled, est basée essentiellement sur l’arabe dialectal.Dès les premiers numéros de la revue, certaines rubriques sont signées par des Tunisiens et Tunisiennes. En 1959 apparaît le premier liminaire signé par un Tunisien, T. Guiga, dans un numéro consacré à l’éducation des adultes. À partir de 1977 le comité de lecture de la revue est composé majoritairement par des Tunisiens.
Auparavant, dans la première » Maison d’Études « , et dès 1928, des brochures avaient été distribuées aux étudiants pour leur faciliter la connaissance du milieu tunisien, de la culture arabe et de la religion musulmane. Elles contiennent des contes, des poésies et des proverbes, ainsi que des conversations. Le tout est traduit en français avec introductions et glossaires. Elles forment deux séries: Les Cahiers Tunisiens et Documents Tunisiens. Les deux dimensions de l’IBLA deviennent claires à partir des années quarante : d’une part formation ou étude, et d’autre part relations ou rayonnement non seulement avec les musulmans, mais aussi avec l’élite européenne chrétienne.
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