Archive pour août 2010

Dr Bacary Sambe pour une contribution intellectuelle des Africains à la marche du monde

Mercredi 18 août 2010

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Dr Bacary Sambe pour une contribution intellectuelle des Africains à la marche du monde

Dakar, 13 août (APS) – Le chercheur et politologue sénégalais Bakary Sambe a confié à l’APS que l’ouvrage qu’il vient de consacrer à la place de l’islam dans les relations internationales s’inscrit dans une rupture visant à amener les Africains à apporter ‘’cet œil d’être du dedans’’ dans l’analyse du monde, ‘’pour mieux expliquer les phénomènes.’’

’’J’ai voulu modestement participer à une rupture qui à mon avis doit s’amorcer, c’est-à-dire que les paradigmes développés et entretenus par les universités occidentales et les chercheurs occidentaux, ces paradigmes-là ont été le fruit de terrains qui sont différents des nôtres et donc forcément ne peuvent pas aider à concevoir et à expliquer parfaitement nos terrains et nos réalités’’, a-t-il déclaré.

’’Nous, les Africains en tout cas, nous devons prendre en charge les problématiques liées à la conceptualisation de certaines questions nous concernant et ne pas s’adonner à une reproduction intellectuelle à l’infini’’, a dit le chercheur.

Selon M. Sambe, chercheur à la Fondation européenne pour la démocratie à Bruxelles, il s’agit d’’’imposer une rupture et dire que nous pouvons désormais concevoir nos réalités, sans entrer dans un certain sectarisme, mais concevoir nos réalités en y apportant cet œil d’être du dedans pour mieux expliquer les phénomènes.’’

Dr Bacary Sambe, par ailleurs chercheur associé au Groupes de recherches sur la Méditerranée et le Moyen Orient (Lyon), a présenté récemment à Dakar et dans certaines villes du Sénégal, son livre intitulé « Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc. »

Il a souligné que l’analyse dont se prévaut cet ouvrage plaide pour la prise en compte des acteurs religieux, ordinaires ou associatifs e vue de ‘’compléter largement la conception des relations internationales’’ et les études y afférentes.

Les relations internationales ‘’ne sont pas que des relations interétatiques, mais on doit désormais prendre en compte le facteur religieux comme les facteurs culturels pour les introduire dans la conception’’ de ce domaine de recherche, a-t-il souligné.

‘’Ce qui m’intéressait beaucoup plus’’ dans ce livre, ‘’c’était la manière dont les acteurs politiques et diplomatiques pouvaient s’appuyer sur le facteur religieux et construire une politique, notamment une politique africaine, a-t-il dit. Et comment aussi ces facteurs religieux étaient manipulés à l’infini par les acteurs diplomatiques selon les contextes et les enjeux pour construire une politique étrangère’’.

Il a ajouté qu’écrire un tel livre après le 11 septembre 2001, ‘’entre dans le cadre d’un rétablissement de certaines vérités importantes’’, alors que des théoriciens ont tendance à parler de l’islam comme d’un ‘’péril vert’’ succédant au ‘’péril rouge’’ représenté par le communisme.

Dans ce cadre, le propos consiste à rappeler que ‘’l’islam dans son esprit en tout cas n’est pas synonyme de violence, l’islam n’est pas seulement un facteur déstabilisateur mais peut-être dans certaines conditions comme celles que j’ai évoquées dans mon livre, un facteur d’union, de cohésion et un acteur facilitateur de rapports entre des pays, en s’appuyant sur cette forme de fraternité religieuse, ce que Maxime Rodinson appelait +un patriotisme de communauté+’’, a expliqué Dr Bacary Sambe.

 

BK/CTN

L’islam sera de plus en plus prépondérant dans les relations internationales

Mercredi 18 août 2010

aps.sn – L’islam sera de plus en plus prépondérant dans les relations internationales, selon Dr BaKary Sambe

Les effets de la crise financière internationale, ajoutés à la fin des blocs et des pré carrés, préfigurent une reconfiguration des relations internationales, avec un rôle de plus en plus important dévolu au facteur religieux islamique, a soutenu le politologue et chercheur sénégalais Dr Bakary Sambe.

’’La crise financière internationale, la multiplication des partenaires, la mise en valeur de la coopération Sud-Sud, la fin des blocs, des pré carrés tout ceci prédestine le facteur religieux, le facteur islamique’’ comme un élément ‘’de plus en plus important’’, a notamment M. Sambe dans un entretien avec l’APS Auteur d’un livre récemment présenté à Dakar et intitulé « Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc », le chercheur relève qu’avec les dérèglements nés de la crise économique et financière, ‘’on pense beaucoup plus aux fonds souverains etc. et à la finance islamique’’ de façon générale. ’’Je pense que cette conscience –là qui était sans cohésion peut-être renforcée par un sentiment de pouvoir représenter quelque chose sur la balance des pouvoirs sur le plan international’’, a analysé Dr Bakary Sambe, chercheur à la Fondation européenne pour la démocratie à Bruxelles.

Le monde musulman se présentant ‘’comme une forme d’alternative Sud-Sud’’, il ‘’pourrait apporter quelque chose de nouveau dans la configuration des rapports internationaux’’, a ajouté M. Sambe, également chercheur associé au Groupes de recherches sur la Méditerranée et le Moyen Orient (Lyon). Sur cette base, l’importance de la finance islamique, de plus en plus prise en compte en Occident, devrait ‘’se matérialiser’’ par une plus grande présence ce ces institutions financières en Afrique notamment, a-t-il indiqué.

Il a relevé que sur ce plan, le président sénégalais Abdoulaye Wade ‘’a raison de dire qu’on arrête de faire de la finance islamique pour enrichir la Bourse à Londres’’, en appelant les pays détenteurs de fonds souverains à privilégier ‘’la solidarité inter islamique.’’ ’’On a vu, a-t-il souligné, l’assaut de la Chine mais le monde arabe maintenant a compris que l’Afrique est véritablement un enjeu non seulement de politique internationale mais un enjeu économique. Donc les pays africains pourraient tirer profit de cette finance-là’’.

Selon le chercheur, ‘’il reste maintenant à ce que la finance islamique quitte la sphère des théoriciens et économistes et se matérialise dans la vie de tous les jours avec l’ouverture de banques islamiques, la facilitation de prêts. C’est sûr que ça pourrait amener un plus dans les économies du Tiers-monde et du monde musulman’’.

Dr Bacary Sambe a fait observer que ‘’plus de mille milliards’’ de dollars représentant les fonds souverains sont en circulation dans le monde. Or, depuis le 11 septembre 2001 et le gel dans les banques occidentales des avoirs de certains pays arabes, ces derniers se tournent davantage vers des pays du continent africain.

DIPLOMATIE : Les relations internationales sous le prisme de la religion

Mardi 3 août 2010

DIPLOMATIE : Les relations internationales sous le prisme de la religion (Le Soleil 31/07/2010)

Quel est l’impact de la religion dans les relations internationales ? Tel est l’objet de la nouvelle publication « Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc ». Le Dr Bakary Samb, chercheur à la Fondation européenne pour la démocratie à Bruxelles, présente le 3 août 2010, à Dakar, son nouvel ouvrage. Il est publié aux Editions Marsam, Rabat, Juillet 2010. La manifestation est organisée en collaboration avec le Cercle Sénégal-Maroc pour l’amitié et la fraternité.

La pertinence du facteur religieux en matière diplomatique est la trame de l’ouvrage du Dr Bakary Samb, « Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc ». Un document de présentation explique que l’ouvrage tente de revisiter, à travers le cas des relations arabo-africaines, les différents paradigmes des relations internationales.

« Il passe en revue toutes ces théories en essayant de battre en brèche l’idée, selon laquelle, le religieux en général et l’Islam en particulier serait un facteur marginal dans la marche des sociétés et du monde », précise le texte.

Après des décennies de modernisation économique et sociale, la reprise de vigueur de la religion sous différentes expressions, fit croire à une véritable « revanche de Dieu ».

Mais l’effondrement de l’Union soviétique et la chute du Mur de Berlin, vont être interprétés par Francis Fukuyama in : « La fin de l’Histoire et le dernier homme », Flammarion, 1992, comme la « fin de l’histoire » et la victoire sans appel de la démocratie libérale comme forme finale de tout « gouvernement » humain. Cette nouvelle donne, marquée par la défaillance de l’ennemi soviétique sur lequel l’Occident s’appuyait pour se « terroriser », a poussé ce dernier à désigner ou imaginer les « nouveaux barbares » de l’Empire, tel que l’explique « L’Empire et les nouveaux barbares », Ed. J-C Lattès, 1991, p.9.

Ainsi, en voulant étudier cette place diplomatique du Maroc acquise surtout par le biais d’un modèle religieux et de réseaux non institutionnels, l’objectif est, précisément, souligne le document, de se pencher plus sur l’impact du religieux, de l’usage qui en est fait, que sur une sociologie religieuse en soi.

Pour le Dr Samb, le religieux demeure une donnée fondamentale de ces sociétés et influe, encore, sur les autres dimensions de la vie sociale.

Dans ce cas, argue-t-il, « il ne s’agit ni d’une sécularisation des rapports sociaux encore moins d’un renouveau du religieux. Le sentiment religieux y est intact et peut, sous différentes formes, se manifester sur les autres activités et dimensions de la vie sociale ».

El Hadji Massiga FAYE

MAP- Parution à Dakar de l’ouvrage « Islam et diplomatie: la politique africaine du Maroc »

Mardi 3 août 2010

Parution à Dakar de l’ouvrage « Islam et diplomatie: la politique africaine du Maroc »

MAP le 31 Juillet 2010

Dakar – Le politologue et chercheur sénégalais, Dr. Bacary Sambe, présentera, mardi à Dakar, son ouvrage intitulé « Islam et diplomatie: la politique africaine du Maroc » qui sera distribué dans les librairies dakaroises courant août.

ors d’une rencontre organisée en collaboration avec le Cercle Sénégal-Maroc pour l’amitié et la fraternité, Bacary Sambe présentera son nouvel ouvrage qui sera l’occasion d’un échange avec l’audience sur les liens séculaires entre le Maroc et le Sénégal, en particulier, et les pays de l’Afrique de l’Ouest en général.

Des liens séculaires où la dimension religieuse revêt une importance particulière, compte tenu du rayonnement spirituel du Royaume au niveau du continent africain qu’illustre parfaitement la Tariqa Tijaniya qui compte des millions d’adeptes dans les différents pays d’Afrique de l’Ouest.

L’approche institutionnaliste des relations internationales néglige la place de l’individu, des groupes religieux, ainsi que l’efficacité politique des symboles permettant la mise en place de réseaux informels, alors que des confréries soufies s’imposent, depuis toujours, comme des acteurs incontournables dans la coopération entre le Maroc et l’Afrique subsaharienne, explique à ce sujet l’auteur de l’ouvrage.

Ce jeu d’interaction, oscillant entre usage politique de symboles religieux et perpétuelle négociation de sens, mettant en scène des acteurs aux intérêts divergents ou complémentaires, est au centre de cet ouvrage qui se propose d’analyser un tel fait en s’appuyant sur l’exemple du Maroc, explique-t-il.

L’ouvrage tente d’analyser les facteurs qui garantissent au Maroc, « pays de ressourcement spirituel pour des millions d’Africains, des Almoravides aux Saâdiens et Mérinides, des routes transsahariennes aux réseaux de la Tijaniyya », son « prestige diplomatique en Afrique », fondé sur l’histoire, l’imaginaire et surtout son statut de « modèle religieux », souligne le politologue sénégalais.

L’auteur part, ainsi, de ce passé historique pour déboucher sur les stratégies africaines du Maroc contemporain qui a toujours pu s’appuyer sur un héritage largement nourri de références religieuses et spirituelles.

Bakary Sambe est Docteur en Sciences politiques spécialisé en Relations internationales (IEP de Lyon) et titulaire d’un Master en langues et civilisations étrangères. Il est chercheur au sein du Groupe de recherches sur la Méditerranée et le Moyen-Orient (GREMMO) connu pour ses études des rapports arabo-africains.

Le pèlerinage à Fez a changé la politique musulmane de la France en AOF (Dr. Bakary SAMBE)

Mardi 3 août 2010

AFRIQUE-FRANCE-RELIGION-LITTERATURE

Le pèlerinage à Fez a changé la politique musulmane de la France en AOF (chercheur)

02/08/2010 14:01 GMT

Dakar, 2 août (APS) – L’escale à Fès (Maroc) des pèlerins sénégalais en partance pour la Mecque a marqué un tournant dans la politique musulmane de la France en Afrique occidentale française (AOF), soutient le politologue et chercheur sénégalais Bakary Sambe, soulignant qu’en « sénégalisant » la mission d’encadrement des pèlerins, la puissance coloniale a cherché à diminuer ’’l’enjeu politique important’’ de ce séjour dans la capitale de la Tijânia.

« Le pèlerinage de 1954 marque un tournant dans la politique musulmane de la France en AOF, du moins à l’égard des chefs religieux. Un climat de confiance était ainsi en train de s’instaurer entre eux et les autorités coloniales qui misaient beaucoup sur leur +loyauté+ », a-t-il notamment soutenu dans un essai paru récemment au Maroc.

« Cette loyauté des marabouts était, de plus en plus, recherchée à un moment où les élites intellectuelles francophones étaient déjà surchauffées par le vent du nationalisme africain et largement influencées par les syndicats et partis de gauche métropolitains », a expliqué M. Sambe, docteur en sciences politiques et chercheur associé au Groupes de recherches sur la Méditerranée et le Moyen Orient (Lyon).

M. Sambe donne mardi à Dakar une conférence de presse à l’occasion de la sortie de son ouvrage intitulé « Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc ». Il est paru ce mois de juillet à Rabat aux éditions « Marsam ».

Selon l’auteur, ce procédé qui a permis d’intégrer des chefs religieux locaux dans la mission d’encadrement du pèlerinage « fut payant en ce qu’il permit de reconstituer le cadre confrérique local durant tout le trajet et pendant le séjour de plus en plus court au Maroc ».

« Cette politique d’encadrement se révéla efficace d’autant plus que les adeptes tijânis avaient, désormais, à leurs côtés, de hauts dignitaires locaux de leur confrérie, des sortes de médiateurs entre eux et l’administration coloniale », a-t-il ainsi souligné.

Les chefs militaires « indigènes » et les marabouts « loyaux » à la France intégrés dans la mission d’encadrement du pèlerinage devinrent, selon l’islamologue, « la caution morale des mesures de +tranquillité des fidèles+ de l’administration coloniale ».

Bakary Sambe revient dans son livre sur les tentatives d’isolement des fidèles sénégalais à Fès, dans le but d’éviter que ces derniers soient conquis par les « idées nationalistes de leurs coreligionnaires marocains », notamment les « Cheikh » (érudits).

« Tout un ensemble de stratégies était ainsi mis sur pied pour éviter un contact entre pèlerins sénégalais et marocains. Le séjour sur le sol marocain a été ingénieusement écourté’ », écrit-il.

« De surcroît, a-t-il fait remarquer, les pèlerins non Tijânis n’étaient pas autorisés, au début, à débarquer à Casablanca. Il a fallu de nombreuses années pour qu’on leur permette d’aller faire leurs courses ».

« Dans le but de les isoler des populations locales, a rappelé l’auteur, les pèlerins furent mis en quarantaine dans un lazaret et décrits aux Marocains comme étant des pestiférés et que certains d’entre aux présentaient des symptômes de la variole, maladie contagieuse alors très redoutée dans le pays ».

AKS/BK

La Tijâniyya fait le ciment de la spécificité des relations entre les deux pays, rappelle Dr. Bakary SAMBE

Mardi 3 août 2010

SENEGAL-MAROC-DIPLOMATIE

La Tijâniyya fait le ciment de la spécificité des relations entre les deux pays, rappelle Dr. Bakary SAMBE

02/08/2010 14:40 GMT

Dakar, 2 août (APS) – La dimension sociopolitique de la confrérie Tijâniyya, combinée à l’instrumentalisation des liens tissés à travers elle, explique la spécificité des rapports sénégalomarocains, en même temps que leur ’caractère durable’’, estime le politologue et chercheur sénégalais Bakary Sambe.

« La dimension sociopolitique de la confrérie Tijâniyya, des liens tissés à travers elle ainsi que leur instrumentalisation donnent aux rapports sénégalo-marocains leur spécificité. Elle est aussi à l’origine de leur caractère durable’’, écrit-il dans un essai paru récemment au Maroc sous le titre « Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc. »

Cette dimension est moins importante dans les autres confréries présentes au Sénégal. Le plus frappant c’est qu’on ne peut parler (du moins au Sénégal) de relations sénégalomarocaines sans faire référence à la Tijâniyya », explique M. Sambe docteur en sciences politiques et chercheur associé au Groupes de recherches sur la Méditerranée et le Moyen Orient (Lyon).

Selon l’auteur qui tient mardi une conférence presse à l’occasion de la sortie de l’ouvrage à Dakar, la confrérie est comme la base, sinon le soutien religieux, des rapports politiques en question.

« Cette situation, explique-t-il, renforce l’idée d’un +réseau tijâni+ qui serait, par le jeu de perceptions et d’amalgames +volontaires+ et politiquement rentables, au centre des relations entre les deux pays. »

« Cette piste, indique-t-il, quelle qu’en puissent être l’issue, est la seule qui permette de saisir le mode de fonctionnement inhabituel en matière bilatérale, qui caractérise les rapports marocosénégalais. »

« Dans cette coopération entre les deux pays, les relations personnelles entre acteurs politiques sont doublées d’autres raccourcis insaisissables par une simple analyse des mécanismes institutionnels », analyse l’auteur.

« Une observation ne serait-ce que superficielle de cette coopération pourrait amener à penser qu’elle occulte un phénomène beaucoup plus complexe et non moins intéressant : la manière dont les acteurs politiques et religieux se complètent ou s’utilisent mutuellement, se rendent service, selon les enjeux et les situations », fait remarquer M. Sambe.

AKS/BK