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Archive pour décembre 2010

Symposium sur le Soufisme en Afrique: L’Afrique peut proposer une alternative au monde musulman, selon Bakary Sambe

Vendredi 31 décembre 2010

Source: Walfadjri

L’Union des jeunesses musulmanes du Sénégal (Ujms) compte s’adosser au soufisme pour reconstruire un islam enraciné dans ses valeurs, mais ouvert au monde. Dans cette optique, la jeunesse, fer de lance de la religion, est naturellement au cœur des préoccupations. D’où l’urgence pour elle d’être bien orientée et bien formée. Et elle est la justification des journées culturelles sur le soufisme organisées en ce week-end de Noël à Saly Portudal.
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Le séminaire qui a réuni deux jours durant une trentaine d’associations et des personnes ressources, s’est penché sur quatre sous-thèmes susceptibles de redonner au soufisme toutes ses lettres de noblesse dans la vie islamique. Les préoccupations de la jeunesse musulmane ont été bien exposées à travers deux communications : ‘Le besoin de la jeune génération à une éducation spirituelle’ et ‘le rôle du soufisme dans l’éducation et la sensibilisation de la jeunesse’. ‘Le soufisme au Sénégal’, ‘le soufisme sunnite’, ont été les autres communications.

Dans sa déclaration introductive, le Dr Bacary Samb, spécialiste de l’Islam et des minorités en Europe, a rappelé l’essence du soufisme et son importance à l’heure de la mondialisation. ’Le soufisme est une quête spirituelle vers Dieu, c’est une manière de se détourner des biens d’ici-bas et de se consacrer au culte du Tout-Puissant. Mais c’est aussi quelque chose qui reflète l’amour du prochain, la tolérance, l’harmonie, contrairement à l’image que l’on veut donner à l’Islam à travers le monde’, a-t-il dit.

’Au moment où on parle de perte des valeurs, de déviation, dans un contexte de mondialisation sauvage, le soufisme nous permettra, nous jeunes africains, de revenir à nos valeurs fondamentales et nous affirmer en tant qu’alternative et de dire au monde musulman que l’Afrique est là et qu’elle ne sera plus un continent où on continuera de consommer des idéologies, mais qu’elle va plutôt proposer des alternatives pour montrer que l’Islam n’est ni une religion de terrorisme, ni d’intolérance, ni de violence’, a-t-il ajouté.

RENAISSANCE AFRICAINE ET CONSCIENCE HISTORIQUE Par Jean Pierre KAYA

Jeudi 2 décembre 2010

RENAISSANCE AFRICAINE ET CONSCIENCE HISTORIQUE
Par Jean Pierre KAYA

L’option, ou l’attitude qui consiste à demander ou à conseiller aux Africains, d’oublier leur passé pour ne regarder que l’avenir, (sous-entendu, pour faire preuve de noblesse en refusant de s’abaisser à rendre les coups, pour apparaître, ou pour donner un signe clair de maturité, et de grandeur), relève du lapsus calami.
Cette attitude trahit en effet un conflit intérieur impossible à juguler de la part des anciens négriers et colonisateurs. Elle signifie, que l’on continue à regarder les Africains comme de grands enfants, pas encore matures. En même temps, conscients du mal qu’on leur a fait, on craint leur réaction, mais on a conscience que l’heure n’est plus aux rapports coloniaux ou esclavagistes.
Or, les Africains ne peuvent pas oublier ou ignorer leur passé. Pas, parce qu’ils ne veulent pas, mais tout simplement parce ne qu’ils peuvent pas. Car, ils portent ce passé profondément inscrit en eux-mêmes.
Mais ce refoulement d’un passé hautement traumatique, les expose à un retour du refoulé qui rend leur conduite imprévisible, parce qu’il a dévasté au préalable leur esprit et provoqué un dysfonctionnement de leur personnalité. Résultat, il y’ a un problème nègre, que toute l’humanité a l’obligation de connaître et de traiter sous peine de se retrouver dans un avenir proche, dans des tourments pires que ceux qu’inflige l’Enfer aux damnés.

I- L’ORIGINE DU MAL

Toutes les violences, les dominations, les humiliations, qu’un certain nombre de peuples (Arabes, et Européens) ont infligé aux Africains, ont atteint gravement le psychisme et la dignité du peuple Noir.
L’Homme Noir s’en est trouvé castré, et les conséquences qui en ont résultées, constituent précisément des obstacles à la Renaissance Africaine. Par ailleurs, les peuples désignés ci-dessus continuent à se comporter aujourd’hui encore sciemment ou non comme des ennemis de l’Afrique. Ainsi, leur attitude, leurs relations personnelles: économiques, commerciales et politiques avec l’Afrique et les Africains, constituent de véritables obstacles à la Renaissance Africaine, à cause de l’hypocrisie et du cynisme qui les caractérisent. Mais pourquoi une telle permanence dans la nuisance ?
En fait, cette attitude n’est que le prolongement à travers les millénaires d’une manipulation des textes sacrés du monde abrahamique, desquels des théologiens, des exégètes et des savants ont tiré »le mythe du Nègre maudit », qui diabolise l’Homme Noir et le refoule hors de la civilisation, jusqu’ à la périphérie de l’Histoire.
Le résultat de ces manipulations a engendré historiquement la Traite négrière et la Colonisation, et à l’époque contemporaine, le racisme anti-Noir et l’africanisme eurocentriste sur le plan intellectuel.
Les Noirs du monde entier, font quotidiennement dans leur vie personnelle l’expérience cruelle d’appartenir à une race dont quelques peuples irresponsables ont décidé par pure distraction, qu’elle était maudite.
Senghor dans ses envolées lyriques nous interpelle à ce propos. « Réveillez-vous un matin : Noir. Noir et nu. Noir et colonisé, dans le saisissement d’être vu par le regard corrosif du Blanc », écrivait-il.
Si l’on parvient à prendre la mesure de cette situation, on supputera alors la puissance du ressentiment qui anime le Nègre.

II- PREMIER PAS VERS LA PRISE DE CONSCIENCE

Conscients de ces faits, en l’an 2000, les responsables politiques africains ont décidé qu’il était temps de lancer un mouvement panafricain pour réhabiliter le peuple Noir : la Renaissance Africaine. Mais sans un état des lieux précis et rigoureux, sans une analyse préalable approfondie de la situation actuelle de la communauté africaine, et de l’héritage de l’Afrique, une telle initiative, comme tant d’autres mises en œuvre par l’Afrique postcoloniale, encore aliénée, ne pouvait que s’enliser.
La Renaissance implique une deuxième naissance, à partir d’un héritage et d’un patrimoine qui nous appartient. Dans notre cas, elle impose de faire la démonstration que toutes les affirmations et toutes les théories tirées de la manipulation des textes sacrés du monde abrahamique pour asservir le peuple Noir, ne sont que des mensonges et des lubies.
Nous avons le devoir dans ces conditions, de donner la preuve que notre héritage historique est porteur d’un projet capable non seulement de nous sauver nous-mêmes, mais aussi toute l’humanité.
Une telle initiative pour toucher et mobiliser la conscience historique des Africains, doit être menée par les Africains seuls. Et surtout pas avec l’aide de négriers déguisés qui aimeraient se faire passer pour des sauveurs de l’Afrique.

III- COMMENT ON Y VA ?

Or, avions nous dit tantôt, que pour réussir cette Renaissance, il faut avant tout surmonter ou briser les obstacles qui se dressent devant nous. Ces obstacles sont représentés par l’attitude des peuples qui consciemment ou inconsciemment veulent maintenir sur la communauté africaine leur pouvoir.
Ils le peuvent, parce qu’ils disposent d’un instrument qui reproduit et prolonge la traite négrière et la domination coloniale : c’est la société postcoloniale. A tous les niveaux, l’organisation (économique, monétaire, politique, sociale et culturelle) de cette société travaille contre les Africains et contre les intérêts vitaux et stratégiques de l’Afrique.
La société postcoloniale avions-nous déjà dit ailleurs, s’oppose à l’épanouissement des citoyens africains et au développement de l’Afrique elle-même. Cette société organise et perpétue la faiblesse, la corruption et la médiocrité de la communauté africaine.
Ainsi, il est inutile de rêver de la Renaissance Africaine, sans un démantèlement complet de cette société. Mais décider d’organiser la liquidation de cette société, c’est accepter de poser un acte révolutionnaire authentique de dimension historique. Donc, il ne peut y avoir de Renaissance Africaine, sans une Révolution Africaine préalable.
La question de la méthode, c’est-à-dire, celle de savoir comment doit se dérouler cette rupture, a déjà été sommairement traitée dans « Le Manifeste de la Révolution Africaine », elle sera approfondie dans le Tome III de la Théorie de la Révolution Africaine : »Mode opératoire », notre prochaine publication. Dans ces textes, nous montrons que, bien qu’ayant pris conscience de la gravité et de l’urgence de la situation actuelle de la communauté africaine, nous ne choisissons pas pour autant la politique du pire : la violence aveugle.
Nous optons pour une révolution démocratique, mais dont la finalité sera néanmoins la liquidation totale de la société postcoloniale. Ce qui privera les peuples ennemis de l’Afrique, car constituant par leur attitude un obstacle à la Renaissance Africaine, du moyen de perpétuer leur pouvoir sur la communauté africaine.
Par ailleurs, que faire du vide laissé par la disparition de la société postcoloniale ? Cette question impose de réfléchir sur le contenu de la notion de Renaissance Africaine, elle-même. De notre point de vue, étant donné les prémisses que nous avons posés, la Renaissance Africaine, ne peut être un simple assainissement des structures de la société postcoloniale.
Il ne peut pas non plus s’agir uniquement de s’appliquer à moderniser, c’est-à-dire rationaliser le fonctionnement de la société africaine postcoloniale. Malgré le léger intérêt que nous offre cette perspective, cela ne pose ni la question de la nature de la crise africaine, ni ne constitue une réponse appropriée à cette crise. Il faut être révolutionnaire.

IV- FAIRE TABLE RASE DU PASSE

Mais Que faire ? Jusqu’où faut-il aller ? Ici encore Senghor nous donne encore un indice : « Plus bas, plus bas, là où coule en rapides incoercibles, le fleuve de vin noir, qu’éclaire le soleil de minuit ».
Si, nous sommes parfaitement cohérents avec nous-mêmes, si nous ne craignons pas de déclencher l’hilarité générale et la moquerie, en affirmant que par les ressources de la Raison, nous sommes capables de tirer de l’héritage africain, un Mode de Production totalement novateur, et une idéologie qui nous permettraient de mettre en œuvre un projet de société, capable de sortir l’humanité elle-même, de la préhistoire de la conscience humaine, alors, rien ne sert d’appeler de tous ses vœux la Renaissance Africaine, car dans ce cas précis, nous ne ferions que masquer notre profonde aliénation. Et nous nous mentirions à nous-mêmes.
La Renaissance Africaine se résume en effet à une équation très simple. Il s’agit, de répondre en trois temps avec la ressource fondamentale de l’héritage africain, la MAAT, à la situation actuelle du Nègre. Une telle réponse est de nature à reconstruire l’identité, la personnalité et la dignité de l’Homme Noir.

a) Pratiquer la Maât pour combattre l’aliénation afin de faire éclore dans le psychisme du Nègre la mentalité pharaonique, pour l’inciter à se réapproprier la totalité de son héritage historique et culturel ; puis de se manifester comme un bâtisseur, un entrepreneur et un conquérant dans le monde.

b) Pratiquer la Maât pour rétablir le fonctionnement normal de la personnalité africaine, et mettre fin à la crise africaine.

c) Utiliser la Maât pour construire une nouvelle société africaine : la Société Initiatique, pour supplanter la société postcoloniale.

A noter que cette Société Initiatique ne s’oppose en aucune façon à la rationalité, mais uniquement pour parler comme Pareto aux dérivations de la société moderne. La Renaissance Africaine revient ainsi à bâtir, suis generis, la Société Initiatique.

CONCLUSIONS

En définitive, pour se débarrasser de son passé traumatique l’Homme Noir, est dans l’obligation d’opter pour une rupture révolutionnaire.
Celle-ci est dirigée en priorité contre la société africaine postcoloniale qui représente le point faible et aveugle de la communauté africaine.
Ensuite cette révolution sera redirigée contre certains acteurs de la scène internationale et les systèmes de pensée qu’ils ont mis au point dans l’intention d’aliéner, puis d’asservir le Nègre.
Enfin, celui-ci, doit se tourner avec assurance vers son héritage historique, qui contient un projet de société capable non seulement de le guérir de son aliénation, mais aussi de lui offrir une nouvelle formation sociale qui apportera à l’humanité elle-même, une nouvelle expérience de civilisation.