La société musulmane sénégalaise est contrainte à ’’une sorte de cohésion et d’entente’’ pour mettre fin aux débats et contradictions internes qui la caractérisent, a analysé l’universitaire sénégalais Bakary Sambe.
« Ces débats et ces contradictions sont normaux dans toute société islamique’’, a-t-il fait valoir au cours d’une conférence publique qu’il introduisait samedi à Mbour (ouest), sur le thème « Religion et paix au Sénégal : les chefs religieux, vecteurs de stabilité et développement ».
« L’islam est toujours faite de divergences », entre une « volonté locale d’unification autour des confréries’’, d’une part, et celle de faire appel, d’autre part, « à des formes d’appartenance mondialisées, qui font partie de l’évolution des sociétés », a notamment déclaré le conférencier.
Concernant par exemple le débat sur le croissant lunaire, sujet de divergences et de contradictions, « le Sénégal est en train de traverser une phase charnière, dans laquelle il y a une volonté d’affirmation d’une unité entre les confréries qui se reconnaissent dans une commission en charge d’observer l’apparition du croissant lunaire’’, a soutenu le chercheur sénégalais.
Cette situation « est salutaire au moment où l’islam est devenu un fait transnational et que notre islam local fait face à des contraintes, des appartenances qui, aujourd’hui, sont mondialisées », a déclaré Bakary Sambe, enseignant au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dans le nord du Sénégal.
Selon M. Sambe, par ailleurs coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA), ’’tant que ces contradictions se résolvent, notre pays pourra avancer vers de meilleures solutions, pour éviter les cacophonies qui ne sont pas positives pour l’image de l’islam dans notre pays ».
Malgré « les soubresauts et les actualités internationales qui sont souvent présentées sous un mauvais jour, nous pouvons dire que l’islam est une religion de paix et de justice sociale », a-t-il indiqué.
« Ce qui pose problème, c’est la manipulation des symboles islamiques pour des motifs politiques », a-t-il relevé, ajoutant que les problèmes souvent constatés dans certains pays musulmans sont, en grande partie, dus à un refus ou des contestations de l’autorité.
« L’islam confrérique est un réel atout pour le Sénégal et pour l’Afrique, parce que c’est un islam qui nous a permis de vivre l’islam non pas comme une cassure ou un problème identitaire, mais de manière harmonieuse (…)’’, a-t-il souligné.
De cette manière, le Sénégal a pu intégrer « ’toutes les valeurs islamiques, tout en restant dans notre identité, en promouvant les valeurs de paix, de solidarité et de tolérance’’, telles qu’enseignées par El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Ibrahima Niasse et tant d’autres guides religieux, a-t-il conclu.
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