Pour Bakary Sambe, coordinateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux au Centre d’Etude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « la vague d’attentats meurtriers de vendredi dernier a voulu, au-delà de la seule symbolique de l’anniversaire du califat d’Al-Baghdâdî, s’attaquer en même temps à l’économie, la cohésion sociale et la stabilité de la Tunisie, de la France, de la Somalie et du Koweït ».
Selon Bakary Sambe, « la Tunisie frappée en plein cœur de son économie touristique est une cible-symbole, Daesh ne peut supporter la relative réussite du processus démocratique dans ce pays qui paradoxalement compte de nombreux combattants dans les rangs de l’Organisation de l’Etat islamique ».
Mais, d’après Sambe, « l’attaque la plus pernicieuse est celle perpétrée contre la mosquée chiite d’Imâm Sâdiq, au Koweït, qui vise expressément à embraser le Moyen-Orient et le monde musulman en soufflant sur la braise confessionnelle, notamment le dangereux clivage sunnite-chiite en pleine guerre du Yémen en utilisant, de surcroît, un kamikaze saoudien ».
« La Oummah islamique doit se mobiliser à travers des instances comme l’OCI et l’ISESCO pour que ce feu de la guerre interconfessionnelle ne prenne des proportions incontrôlables et en arriver à anéantir les maigres espoirs d’unité et de concorde rongés de jour en jour », conclut Bakary Sambe.
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Archive pour juillet 2015
Bakary Sambe (UGB) sur la vague d’attentats : « Daesh a voulu s’attaquer à l’économie, la cohésion sociale et la stabilité des différents pays »
Jeudi 23 juillet 2015Attentats au Tchad – Bakary Sambe de l’UGB : « Si le verrou tchadien saute, Daesh s’étendra plus vite dans le Sahel! »
Jeudi 23 juillet 2015Dans un entretien exclusif accordé à Dakaractu, l’auteur de « Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale » est largement revenu sur les dernières attaques de ce groupe au Tchad, pays qui a été la cible de plusieurs attaques du mouvement nigérian en l’espace d’un mois. Il a analysé ces dernières attaques en les replaçant dans un contexte régional.
Pour Bakary Sambe, « l’allégeance de Boko Haram à Daesh, afin d’internationaliser son combat et donner à ses attaques récurrentes un caractère de plus en plus spectaculaire, est à prendre au sérieux. »
D’après l’enseignant chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger, « les attentats répétés contre le Tchad, en plus de représailles contre ce pays fortement engagé militairement dans la lutte contre Boko Haram, relève d’une stratégie consistant à faire sauter un verrou stratégique pour une plus rapide expansion de Daesh en Afrique et principalement dans le Sahel. L’inscription du groupe nigérian dans une logique d’internationalisation du « djihad » comme le montre son engagement dans des entraînements dans le Nord Mali, ne fait plus aucun doute ».
« Il y a une telle multiplication d’officines terroristes dans l’espace sahélo-saharien et en Afrique du Nord avec Ançar Dine au Mali, Ançar Sharia en Libye, Al-I’tiçâm bil Kitâb Wa Sunna au Soudan, le GIA en Algérie, que le jeu est devenu complètement flou malgré les récentes controverses sur l’allégeance d’Almourabitoune de Mokhtar Belmokhtar à Daesh », rappelle Dr. Sambe.
Selon l’expert sénégalais, coordinateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique « la situation plus que confuse dans le Sud libyen combinée avec la montée en puissance de Daesh qui semble plus séduire, depuis quelques temps, les nouveaux combattants que le label Al-Qaida, montre clairement que si le Tchad est affaibli jusqu’à devenir un pays de passage, à la frontière du Niger entre les menaces d’Aqmi et de Boko Haram, c’est tout le Sahel qui risque de basculer… »