Senegal (AP) — Dozens of armed security forces descended on the Quranic school at night, arresting an imam suspected of having links to Islamic extremists in Nigeria.
As the forces encircled the home of Imam Alioune Badara Ndao, 300 boys from his boarding school ran into the dirt courtyard, panicked at the sudden appearance of the gendarmes in this peanut-industry town.
More arrests were carried out in the weeks that followed, including of three other imams accused of supporting Boko Haram, stoking fears that extremism could be sprouting in this predominantly Muslim, moderate nation that prides itself on its tolerance and co-existence with the Christian minority population.
« Until now the debate on terrorism was considered a distant one, but with these new arrests Senegalese perception has completely changed, » said Bakary Sambe, an expert on radicalism and religious conflict in Africa who is based at Gaston Berger University in Saint-Louis, Senegal. « People are starting to see this as a local reality. »
Authorities said they found a video on the night of Ndao’s arrest at the Quranic school last October that they said « glorified terrorism » and believe the imam had been meeting regularly with a Senegalese jihadist looking to set up a Boko Haram cell here after living and training in Nigeria.
Ndao vigorously denies the accusations.
Recent al-Qaida attacks on hotels frequented by foreigners in two other West African countries, Mali and Burkina Faso, that killed dozens of people have elevated fears that extremist attacks are creeping further out from North Africa. Even before the Burkina Faso attack, Senegal’s president was calling for the burqa to be banned, saying the long shapeless garment worn by conservative Muslim women also could be used by suicide bombers to hide explosives.
Senegal is stepping up security at possible targets, including large hotels and foreign embassies. Authorities are increasing surveillance too. Police have detained more than 500 people in Senegal this year as part of an anti-extremism effort though most offenses were for counterfeit currency or not having the proper paperwork for vehicles.
In Kaolack, some 112 miles (180 kilometers) from the capital, there is still shock over the raid and disbelief that Ndao could have supported Boko Haram, a Nigerian group which has pledged allegiance to the Islamic State. Neighbors and supporters say Ndao is well-respected in the community and led a local league of imams and preachers. His attorney insists any jihadist propaganda found on the premises were for research.
« Imam Ndao is a scholar who is doing research on terrorism, and so it is not surprising that he would have this video, » says his lawyer Babacar Ndiaye.
However, others maintain that the connection between Ndao and the extremist group is far more direct, including regular meetings with the Senegalese jihadist named Makthar Diokhane who is currently jailed in Niger and accused of trying to set up a Boko Haram cell in his home country with at least four accomplices also being held in Niger.
It was Diokhane’s travels that apparently led authorities to arrest the imams, as his movements were being tracked by intelligence services from at least two countries before he was arrested last year.
Diokhane had visited Ndao at his Quranic school in Kaolack on several occasions. The imam’s lawyer, though, insists Diokhane was a former student whom the imam had lost touch with until only very recently.
Diokhane’s wife was also arrested, allegedly in possession of more than 23,000 euros worth of currency.
Now the four imams, Diokhane’s wife and a second woman are facing a variety of charges ranging from money laundering to financing terrorism.
For some, Ndao’s arrest merely amounts to guilt by association — no information released publicly has implicated any of the suspects in plotting a specific attack or recruiting others to violent jihadism.
Des participants engagés dans des actions de recherche en matière de sécurité dans la sous-région et qui sont pour l’essentiel des universitaires et des acteurs non-étatiques (OSC, ONG, Think Thanks, Chefs religieux, etc.) L’intérêt de la tenue d’un tel atelier sous-régional est, selon le Directeur de l’Institut Doudou Dia, de trouver réponse à la question de savoir quels sont les facteurs expliquant le radicalisme religieux dans la sous région. Autrement dit, « comment le débat pourrait aider à éradiquer la tension liée au radicalisme religieux dans l’espace ouest africain ».
En réalité, renseigne Dr. Bakary Sambe, « ce que notre sous-région est en train de vivre a commencé lorsque nos états étaient frappés par la sécheresse. Cela s’est accentué lors des politiques d’ajustement structurel, lorsque nos Etats ont pu abandonner des pans entiers de leurs prérogatives en termes d’éducation et de travail social, et que des mouvements sont revenus avec une idéologie pour recruter et influencer notre jeunesse ». Néanmoins, l’enseignant-chercheur rappelle qu’auparavant, « on avait un Islam paisible, de paix et de concorde et de cohésion sociale, mais maintenant la région ouest africaine est contaminée par ce salafisme qui a inspiré la destruction des mausolées de Tombouctou, qui a inspiré tous les actes de violence qu’on voit aujourd’hui ».
Et le Mali, le Burkina Faso et le Nord du Nigéria sont pour l’islamologue des exemples patents de cette ascension du radicalisme religieux. Pour cette première journée de l’atelier, les différents intervenants ont souligné le degré de radicalisme dans leurs pays respectifs, notamment celui des jeunes. Ils ont surtout fait part des causes, des manifestations, des conséquences, mais aussi des recommandations pour endiguer le fléau.
Plus largement, la percée de l’idéologie wahhabite en Afrique de l’Ouest n’épargne pas le Sénégal. Par le biais de différents relais des pays du Golfe, cette application radicale de l’islam s’est immiscée dans la société sénégalaise, majoritairement soufie et historiquement structurée en confréries. Plusieurs milliers de salafistes, reconnaissables à leurs barbes et à leurs pantalons découvrant leurs chevilles, seraient aujourd’hui disséminés dans le pays. « Depuis les années 1990, ils ont développé leur terreau idéologique en tenant de nombreuses mosquées, y compris celles des universités de Dakar et de Saint-Louis », s’inquiète Bakary Sambe, directeur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique.
Multiplication des contrôles de police, arrestations d’imams, fermeture de mosquée… L’Etat sénégalais a renforcé ses mesures de sécurité depuis les attentats de Bamako, fin novembre 2015, et de Ouagadougou, en janvier. Des événements qui marquent « la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest », selon Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute African Center for Peace Studies et coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique.
Contre la menace terroriste qui plane désormais sur le Sénégal, celui-ci préconise une réactualisation du discours des guides religieux qui, depuis longtemps, constituent un élément de cohésion sociale auSénégal.
Peut-on parler d’une radicalisation islamique de la société sénégalaise ?
La radicalisation reste un phénomène marginal parce que l’islam majoritaire au Sénégal est essentiellement soufi, confrérique et tolérant. Le champ religieux sénégalais est diversifié depuis les années 1950. C’est à partir des années 1970-1980 que des mouvements sont nés sur la base de leur opposition au système confrérique, considéré par certains comme « impur ».
Ces mouvements sont animés par l’idéologie salafiste qui s’est diffusée depuis le Moyen-Orient par le biais de la prédication, la da’wa. Le terreau idéologique était certes bien là depuis longtemps, mais c’est le phénomène de la mondialisation et la réduction de l’espace par les moyens de communication modernes qui en ont accéléré la propagation.
Aujourd’hui, on assiste donc à l’aboutissement d’une longue évolution. Et ce malgré l’illusion longtemps entretenue dans lesétudes africaines d’un islam subsaharien qui serait en marge de l’évolution globale des sociétés musulmanes.
Le Sénégal est l’un des berceaux de l’islam confrérique d’Afrique subsaharienne. Comment l’islam soufi résiste-t-il à cet islamisme d’inspiration wahhabite ?
« Le Sénégal est resté un îlot de stabilité dans l’océan d’instabilité qu’est l’Afrique de l’Ouest »
Les confréries ont d’abord été des cibles idéologiques puisque la naissance de l’islam radical s’est faite sous la bannière de la contestation virulente de ces confréries. Mais, jusqu’à présent, le Sénégal est resté un îlot de stabilité dans l’océan d’instabilité qu’est l’Afrique de l’Ouest. Et ce, grâce aux confréries, qui ont ralenti la pénétration massive des salafistes. On peut donc, sur ce point, les considérer comme un rempart.
Mais la question, aujourd’hui, est de savoir si ce rempart pourra tenir et s’adapter. Car, en face, on a une jeunesse en forte demande religieuse. Or les confréries peinent parfois à offrir un cadre spirituel adéquat et réactualisé. Du coup, certains de ces jeunes sont attirés par le semblant de modernité que leur offrent les salafistes.
Ces mouvements ont même investi l’espace universitaire en ayant pris, systématiquement, le contrôle des mosquées des deux grandes universités du pays : Cheikh-Anta-Diop à Dakar et Gaston-Berger à Saint-Louis. Depuis une quinzaine d’années, un travail de maillage s’est fait au niveau des étudiants et d’une élite intellectuelle que le discours traditionnel n’arrive plus à mobiliser. Ce qui contredit les analysesclassiques sur la paupérisation, la marginalisation et le mal-développement qui n’explique pas tout le phénomène de la radicalisation. Le soufisme doit se renouveler pour séduire les jeunes attirés par le salafisme.
Y a-t-il eu des initiatives des guides religieux face au terrorisme ?
En décembre 2015, lors du Mouloud, la célébration à Tivaouane – l’une des capitales spirituelles des tidjanes– de la naissance du prophète Mahomet, le thème retenu par les jeunes portait sur la lutte contre les radicalismes religieux. Un symposium s’est d’ailleurs tenu en présence des chefs religieux et du président sénégalais. Avant cela une conférence internationale sur l’initiative des niassènes de Kaolack, une grande famille religieuse au Sénégal, portait sur la paix et le refus de l’extrémisme. Les confréries ont donc pris la mesure de l’enjeu de la montée du radicalisme et tentent de la contrer par l’éducation à la paix et la prévention.
Seulement, pour que leur action devienne efficace, il faudrait une modernisation de leur discours, qui doit notamment s’adapter à la jeunesse constamment ciblée par les éléments de récit extrémistes et la propagande salafiste. Au-delà du Sénégal, les confréries et les autres organisations islamiques majoritaires dans les Etats de la sous-région prennent également des initiatives en faveur de la déradicalisation. En Mauritanie par exemple, la Ligue des oulémas utilise même d’anciens repentis djihadistes pour décourager l’enrôlement et le recrutement des jeunes.
La réponse africaine à l’extrémisme violent serait donc la promotion et la défense du soufisme ?
Oui. Cela passerait par une réactualisation du message du soufisme qui est davantage adapté à nos cultures. Au Sénégal, le soufisme est confrérique et offre un cadre de sociabilisation qui ne laisse pas beaucoup de place à la conquête des nouvelles idéologies. C’est un islam de paix qui, depuis des siècles, a su composer avec nos valeurs culturelles, et c’est pour cela que l’islamisation des sociétés africaines n’en a pas destructuré le fonctionnement.
« La conquête des cœurs est plus efficace et durable que la domination des corps »
Les salafistes au Mali ont détruit des mausolées qui faisaient partie du patrimoine national. Aux XVIIIe et XIXe siècles déjà, des figures historiques avaient tenté d’islamiser nos sociétés par le djihadisme. Cela n’a jamais véritablement prospéré. Car, à mon sens, la conquête des cœurs est plus efficace et durable que la domination des corps. Les soufis comme El-Hadj Malick Sy, El-Hadji Abdoulaye Niasse ou encore cheikh Ahmadou Bamba ont fait de l’islam au Sénégal un élément de cohésion sociale.
Et ce n’est pas un hasard si les premières cibles des djihadistes sont les confréries puisqu’elles constituent un verrou qui protège de la montée de l’extrémisme violent.
Comment la menace djihadiste est-elle perçue ?
« Depuis les attentats de Bamako et surtout de Ouagadougou, c’est la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest »
Avant, le djihadisme était perçu comme un phénomène lointain. Mais depuis les attentats de Bamako et, surtout, de Ouagadougou, c’est la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest. Avant, le Sénégal et le Burkina Faso étaient érigés en modèle avec des sociétés où l’islam était tolérant et la coexistence entre les confessions des plus harmonieuses. Les attaques de Ouagadougou inaugurent sans nul doute une nouvelle ère dans notre rapport au terrorisme.
Que pensez-vous des critiques qui dénoncent une réaction démesurée des autorités sénégalaises face à la menace terroriste ?
A mon humble avis, l’Etat sénégalais, dont les représentants n’ont jamais été prolixes en la matière, est tellement soucieux des investissements étrangers, de la réussite du Plan Sénégal Emergent et du tourisme qu’il ne prendrait pas le risque d’évoquer cette menace s’il n’y avait pas le minimum d’éléments probants.
Dans l’une de vos conférences et lors des rencontres internationales, vous appelez les gouvernants à revoir les orientations éducatives…
Ce ne sont pas les interventions strictement militaires qui vont vaincre le terrorisme. En amont, il faudrait alors des politiques préventives qui passeraient par deux canaux : le système éducatif et, vœu pieux, une plus grande justice sociale dans nos pays et sur la scène internationale pour mettre fin aux frustrations génératrices de radicalismes et de terrorisme. Les partenaires internationaux de l’Afrique devraient l’intégrer dans leur politique de coopération : chez nous, parfois, un char d’occasion, vieux modèle, coûte plus cher que la construction d’une école. S’ils veulent, donc, vraiment nous aider, le bon choix est vite fait.
Bakary Sambe est l’auteur de l’ouvrage Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale (éd. Presses panafricaines, juillet 2015).
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/02/10/le-soufisme-doit-se-renouveler-pour-seduire-les-jeunes-attires-par-le-salafisme_4862570_3212.html#IL7PHzMUteuZEl6I.99
Figurant parmi les « 100 Africains influents » d’après le dernier numéro de New African Magazine- Le Magazine de l’Afrique (Jan-Fév 2016), Bakary Sambe est classé dans la catégorie « Sciences et milieux académiques » pour la portée de ses travaux de recherche et de leur influence dans le débat public au Sénégal et en Afrique, aux côtés d’Elikia M’bokolo (RDC), Jean-Louis Atangana Amougou (Cameroun), Karim Sy (Mali) et Michel Goeh-Akue (Togo),.
Il y a peu, très critiqué pour ses thèses sur la menace djihadiste en Afrique de l’Ouest qualifiées, alors, d’ « alarmistes » par certains, de nombreux observateurs et gouvernements reconnaissent, aujourd’hui que Bakary Sambe a été « précurseur » dans ce domaine avec la publication en 2013
du premier rapport « Paix et Sécurité dans l’espace CEDEAO » intitulé, « Overview of religious radicalism and the terrorist threat in Senegal » (Grand angle sur le radicalisme religieux et la menace terroriste au Sénégal), réalisé avec le Think Tank panafricain, l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS), basé à Addis Abeba, Dakar, Nairobi et Pretoria.
Pour rappel, Dr. Bakary Sambe est enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’UFR CRAC de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal). Il coordonne l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA). Politologue, spécialiste des relations internationales ses travaux portent spécifiquement sur l’évolution des sociétés du monde musulman, des rapports arabo-africains, la radicalisation et les réseaux transnationaux dans le Sahel. Il est Chercher Principal (Senio Fellow) de la European Foundation for Democracy (EFD) à Bruxelles depuis 2009. Comme témoigne un de ses collègues « sa fine connaissance de l’arabe fait certainement la différence dans ses travaux sur l’islam politique en ce qu’il allie maîtrise du terrain et accès direct aux sources écrites et au discours des acteurs »
Après son essai Islam et diplomatie (2011), Sambe a publié un récent ouvrage sur « Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale » (Juillet, 2015). A l’heure de ce qu’il appelle « les appartenances mondialisées », Sambe mène actuellement une recherche sur la « construction des identités religieuses des jeunes entre le local et le global » et s’intéresse de plus près aux « processus de basculement des jeunes vers la radicalisation » Il est, aujourd’hui, l’un des experts les plus avisés sur les risques liés à l’extrémisme violent, sa prévention.
Dr Sambe vient de fonder Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, un think tank ouest africain travaillant sur les différents aspects de l’extrémisme violent et promouvant les solutions préventives par l’éducation à la paix, le dialogue des cultures et des civilisations (www.timbuktu-institute.org) à travers l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) installé maintenant à Dakar depuis Décembre 2015.