Archive de la catégorie ‘ABOUT US’

Gorée Institute – Dr. Bakary Sambe remonte aux sources de la radicalisation dans le Sahel

Vendredi 26 février 2016

Des participants engagés dans des actions de recherche en matière de sécurité dans la sous-région et qui sont pour l’essentiel des universitaires et des acteurs non-étatiques (OSC, ONG, Think Thanks, Chefs religieux, etc.) L’intérêt de la tenue d’un tel atelier sous-régional est, selon le Directeur de l’Institut Doudou Dia, de trouver réponse à la question de savoir quels sont les facteurs expliquant le radicalisme religieux dans la sous région. Autrement dit, « comment le débat pourrait aider à éradiquer la tension liée au radicalisme religieux dans l’espace ouest africain ».
En réalité, renseigne Dr. Bakary Sambe, « ce que notre sous-région est en train de vivre a commencé lorsque nos états étaient frappés par la sécheresse. Cela s’est accentué lors des politiques d’ajustement structurel, lorsque nos Etats ont pu abandonner des pans entiers de leurs prérogatives en termes d’éducation et de travail social, et que des mouvements sont revenus avec une idéologie pour recruter et influencer notre jeunesse ». Néanmoins, l’enseignant-chercheur rappelle qu’auparavant, « on avait un Islam paisible, de paix et de concorde et de cohésion sociale, mais maintenant la région ouest africaine est contaminée par ce salafisme qui a inspiré la destruction des mausolées de Tombouctou, qui a inspiré tous les actes de violence qu’on voit aujourd’hui ».
Et le Mali, le Burkina Faso et le Nord du Nigéria sont pour l’islamologue des exemples patents de cette ascension du radicalisme religieux. Pour cette première journée de l’atelier, les différents intervenants ont souligné le degré de radicalisme dans leurs pays respectifs, notamment celui des jeunes. Ils ont surtout fait part des causes, des manifestations, des conséquences, mais aussi des recommandations pour endiguer le fléau.

Auteur: Webnews - Webnews

Dr. Bakary Sambe au Journal le Monde : « Le soufisme doit se renouveler pour séduire les jeunes attirés par le salafisme »

Vendredi 26 février 2016

Multiplication des contrôles de police, arrestations d’imams, fermeture de mosquée… L’Etat sénégalais a renforcé ses mesures de sécurité depuis les attentats de Bamako, fin novembre 2015, et de Ouagadougou, en janvier. Des événements qui marquent « la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest », selon Bakary Sambe, directeur de Timbuktu Institute African Center for Peace Studies et coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique.

Contre la menace terroriste qui plane désormais sur le Sénégal, celui-ci préconise une réactualisation du discours des guides religieux qui, depuis longtemps, constituent un élément de cohésion sociale auSénégal.

Peut-on parler d’une radicalisation islamique de la société sénégalaise ?

La radicalisation reste un phénomène marginal parce que l’islam majoritaire au Sénégal est essentiellement soufi, confrérique et tolérant. Le champ religieux sénégalais est diversifié depuis les années 1950. C’est à partir des années 1970-1980 que des mouvements sont nés sur la base de leur opposition au système confrérique, considéré par certains comme « impur ».

Ces mouvements sont animés par l’idéologie salafiste qui s’est diffusée depuis le Moyen-Orient par le biais de la prédication, la da’wa. Le terreau idéologique était certes bien là depuis longtemps, mais c’est le phénomène de la mondialisation et la réduction de l’espace par les moyens de communication modernes qui en ont accéléré la propagation.

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Aujourd’hui, on assiste donc à l’aboutissement d’une longue évolution. Et ce malgré l’illusion longtemps entretenue dans les études africaines d’un islam subsaharien qui serait en marge de l’évolution globale des sociétés musulmanes.

Le Sénégal est l’un des berceaux de l’islam confrérique d’Afrique subsaharienne. Comment l’islam soufi résiste-t-il à cet islamisme d’inspiration wahhabite ?

« Le Sénégal est resté un îlot de stabilité dans l’océan d’instabilité qu’est l’Afrique de l’Ouest »

Les confréries ont d’abord été des cibles idéologiques puisque la naissance de l’islam radical s’est faite sous la bannière de la contestation virulente de ces confréries. Mais, jusqu’à présent, le Sénégal est resté un îlot de stabilité dans l’océan d’instabilité qu’est l’Afrique de l’Ouest. Et ce, grâce aux confréries, qui ont ralenti la pénétration massive des salafistes. On peut donc, sur ce point, les considérer comme un rempart.

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Une peinture d'El-Hadji Malick Sy, chef spirituel de la confrérie des tidjanes, à Dakar.

Une peinture d’El-Hadji Malick Sy, chef spirituel de la confrérie des tidjanes, à Dakar. CRÉDITS : SEYLLOU/AFP

Mais la question, aujourd’hui, est de savoir si ce rempart pourra tenir et s’adapter. Car, en face, on a une jeunesse en forte demande religieuse. Or les confréries peinent parfois à offrir un cadre spirituel adéquat et réactualisé. Du coup, certains de ces jeunes sont attirés par le semblant de modernité que leur offrent les salafistes.

Ces mouvements ont même investi l’espace universitaire en ayant pris, systématiquement, le contrôle des mosquées des deux grandes universités du pays : Cheikh-Anta-Diop à Dakar et Gaston-Berger à Saint-Louis. Depuis une quinzaine d’années, un travail de maillage s’est fait au niveau des étudiants et d’une élite intellectuelle que le discours traditionnel n’arrive plus à mobiliser. Ce qui contredit les analysesclassiques sur la paupérisation, la marginalisation et le mal-développement qui n’explique pas tout le phénomène de la radicalisation. Le soufisme doit se renouveler pour séduire les jeunes attirés par le salafisme.

Y a-t-il eu des initiatives des guides religieux face au terrorisme ?

En décembre 2015, lors du Mouloud, la célébration à Tivaouane – l’une des capitales spirituelles des tidjanes – de la naissance du prophète Mahomet, le thème retenu par les jeunes portait sur la lutte contre les radicalismes religieux. Un symposium s’est d’ailleurs tenu en présence des chefs religieux et du président sénégalais. Avant cela une conférence internationale sur l’initiative des niassènes de Kaolack, une grande famille religieuse au Sénégal, portait sur la paix et le refus de l’extrémisme. Les confréries ont donc pris la mesure de l’enjeu de la montée du radicalisme et tentent de la contrer par l’éducation à la paix et la prévention.

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Seulement, pour que leur action devienne efficace, il faudrait une modernisation de leur discours, qui doit notamment s’adapter à la jeunesse constamment ciblée par les éléments de récit extrémistes et la propagande salafiste. Au-delà du Sénégal, les confréries et les autres organisations islamiques majoritaires dans les Etats de la sous-région prennent également des initiatives en faveur de la déradicalisation. En Mauritanie par exemple, la Ligue des oulémas utilise même d’anciens repentis djihadistes pour décourager l’enrôlement et le recrutement des jeunes.

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Des membres de la confrérie des tidjanes autour du tombeau du cheikh Ahmed Tidjane Chérif, à Fès, au Maroc.

Des membres de la confrérie des tidjanes autour du tombeau du cheikh Ahmed Tidjane Chérif, à Fès, au Maroc. CRÉDITS : FADEL SENNA/AFP

La réponse africaine à l’extrémisme violent serait donc la promotion et la défense du soufisme ?

Oui. Cela passerait par une réactualisation du message du soufisme qui est davantage adapté à nos cultures. Au Sénégal, le soufisme est confrérique et offre un cadre de sociabilisation qui ne laisse pas beaucoup de place à la conquête des nouvelles idéologies. C’est un islam de paix qui, depuis des siècles, a su composer avec nos valeurs culturelles, et c’est pour cela que l’islamisation des sociétés africaines n’en a pas destructuré le fonctionnement.

« La conquête des cœurs est plus efficace et durable que la domination des corps »

Les salafistes au Mali ont détruit des mausolées qui faisaient partie du patrimoine national. Aux XVIIIe et XIXe siècles déjà, des figures historiques avaient tenté d’islamiser nos sociétés par le djihadisme. Cela n’a jamais véritablement prospéré. Car, à mon sens, la conquête des cœurs est plus efficace et durable que la domination des corps. Les soufis comme El-Hadj Malick Sy, El-Hadji Abdoulaye Niasse ou encore cheikh Ahmadou Bamba ont fait de l’islam au Sénégal un élément de cohésion sociale.

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Et ce n’est pas un hasard si les premières cibles des djihadistes sont les confréries puisqu’elles constituent un verrou qui protège de la montée de l’extrémisme violent.

Comment la menace djihadiste est-elle perçue ?

« Depuis les attentats de Bamako et surtout de Ouagadougou, c’est la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest »

Avant, le djihadisme était perçu comme un phénomène lointain. Mais depuis les attentats de Bamako et, surtout, de Ouagadougou, c’est la fin des exceptions en Afrique de l’Ouest. Avant, le Sénégal et le Burkina Faso étaient érigés en modèle avec des sociétés où l’islam était tolérant et la coexistence entre les confessions des plus harmonieuses. Les attaques de Ouagadougou inaugurent sans nul doute une nouvelle ère dans notre rapport au terrorisme.

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Un officier sénégalais inspecte les voitures à l'entrée d'un hôtel dakarois, le 22 janvier 2016.

Un officier sénégalais inspecte les voitures à l’entrée d’un hôtel dakarois, le 22 janvier 2016. CRÉDITS : SEYLLOU/AFP

Que pensez-vous des critiques qui dénoncent une réaction démesurée des autorités sénégalaises face à la menace terroriste ?

A mon humble avis, l’Etat sénégalais, dont les représentants n’ont jamais été prolixes en la matière, est tellement soucieux des investissements étrangers, de la réussite du Plan Sénégal Emergent et du tourisme qu’il ne prendrait pas le risque d’évoquer cette menace s’il n’y avait pas le minimum d’éléments probants.

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Dans l’une de vos conférences et lors des rencontres internationales, vous appelez les gouvernants à revoir les orientations éducatives…

Ce ne sont pas les interventions strictement militaires qui vont vaincre le terrorisme. En amont, il faudrait alors des politiques préventives qui passeraient par deux canaux : le système éducatif et, vœu pieux, une plus grande justice sociale dans nos pays et sur la scène internationale pour mettre fin aux frustrations génératrices de radicalismes et de terrorisme. Les partenaires internationaux de l’Afrique devraient l’intégrer dans leur politique de coopération : chez nous, parfois, un char d’occasion, vieux modèle, coûte plus cher que la construction d’une école. S’ils veulent, donc, vraiment nous aider, le bon choix est vite fait.

Bakary Sambe est l’auteur de l’ouvrage Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale (éd. Presses panafricaines, juillet 2015).
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/afrique/article/2016/02/10/le-soufisme-doit-se-renouveler-pour-seduire-les-jeunes-attires-par-le-salafisme_4862570_3212.html#IL7PHzMUteuZEl6I.99

Recherche et Innovation : Dr. Bakary SAMBE de l’Université Gaston Berger, désigné « un des meilleurs experts de la radicalisation et des phénomènes transnationaux dans le Sahel » par New African Magazine

Vendredi 26 février 2016

Recherche et Innovation : Dr. Bakary SAMBE de l’Université Gaston Berger, désigné « un des meilleurs experts de la radicalisation et des phénomènes transnationaux dans le Sahel » par New African Magazine dans ABOUT US bakary-docteur-SambeFigurant parmi les « 100 Africains influents » d’après le dernier numéro de New African Magazine- Le Magazine de l’Afrique (Jan-Fév 2016), Bakary Sambe est classé dans la catégorie « Sciences et milieux académiques » pour la portée de ses travaux de recherche et de leur influence dans le débat public au Sénégal et en Afrique, aux côtés d’Elikia M’bokolo (RDC), Jean-Louis Atangana Amougou (Cameroun), Karim Sy (Mali) et Michel Goeh-Akue (Togo),.

Il y a peu, très critiqué pour ses thèses sur la menace djihadiste en Afrique de l’Ouest qualifiées, alors, d’ « alarmistes » par certains, de nombreux observateurs et gouvernements reconnaissent, aujourd’hui que Bakary Sambe a été « précurseur » dans ce domaine avec la publication en 2013

du premier rapport « Paix et Sécurité dans l’espace CEDEAO » intitulé, « Overview of religious radicalism and the terrorist threat in Senegal » (Grand angle sur le radicalisme religieux et la menace terroriste au Sénégal), réalisé avec le Think Tank panafricain, l’Institut d’Etudes de Sécurité (ISS), basé à Addis Abeba, Dakar, Nairobi et Pretoria.

Pour rappel, Dr. Bakary Sambe est enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’UFR CRAC de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal). Il coordonne l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA). Politologue, spécialiste des relations internationales ses travaux portent spécifiquement sur l’évolution des sociétés du monde musulman, des rapports arabo-africains, la radicalisation et les réseaux transnationaux dans le Sahel. Il est Chercher Principal (Senio Fellow) de la European Foundation for Democracy (EFD) à Bruxelles depuis 2009. Comme témoigne un de ses collègues « sa fine connaissance de l’arabe fait certainement la différence dans ses travaux sur l’islam politique en ce qu’il allie maîtrise du terrain et accès direct aux sources écrites et au discours des acteurs »

Après son essai Islam et diplomatie (2011), Sambe a publié un récent ouvrage sur « Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale » (Juillet, 2015). A l’heure de ce qu’il appelle « les appartenances mondialisées », Sambe mène actuellement une recherche sur la « construction des identités religieuses des jeunes entre le local et le global » et s’intéresse de plus près aux « processus de basculement des jeunes vers la radicalisation » Il est, aujourd’hui, l’un des experts les plus avisés sur les risques liés à l’extrémisme violent, sa prévention.

Dr Sambe vient de fonder Timbuktu Institute-African Center for Peace Studies, un think tank ouest africain travaillant sur les différents aspects de l’extrémisme violent et promouvant les solutions préventives par l’éducation à la paix, le dialogue des cultures et des civilisations (www.timbuktu-institute.org) à travers l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) installé maintenant à Dakar depuis Décembre 2015.

Expansion de l’extrémisme religieux en Afrique : Pr Bakary Samb appelle les gouvernants à revoir les orientations éducatives

Jeudi 10 décembre 2015

Pour faire face à l’expansion de l’extrémisme religieux et du terrorisme, il faut préconiser la solution de la prévention par l’éducation, estime le Pr Bakary Samb. Cet enseignant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis et spécialiste des mouvements djihadistes donnait, jeudi dernier, une leçon inaugurale lors du lancement du Master 2 Défense, sécurité et paix du Centre des hautes études de défense et de sécurité.

Comment combattre un ennemi diffus, insaisissable et parfois intérieur ? Que doit faire une armée conventionnelle devant un mouvement non conventionnel dont l’objectif est, entre autres, déstabilisation l’Etat voire la destruction en vue de lui substituer un Etat islamique ? Trouver une réponse à ces questionnements relève aujourd’hui d’un dilemme pour toutes les armées du monde, selon le Pr Bakary Sambe qui, par ricochet, ne manque pas de se poser la question de l’efficience de la solution strictement sécuritaire contre le terrorisme et l’extrémisme. D’autant plus que, prenant l’exemple de Boko Haram, il fait observer que ce mouvement, malgré tous les moyens militaires mobilisés contre lui par une coalition de pays, continue ses exactions macabres au-delà des frontières nigérianes.

Dès lors, le nouveau défi n’est-il pas la prévention pour éviter l’intervention qui semble n’avoir pas eu les effets escomptés ? A cette question, le Pr Bakary Sambe répond par l’affirmative. « La lutte contre le terrorisme en amont avec une politique de prévention par l’éducation, le renforcement des capacités, la résorption des inégalités et la promotion d’espaces de socialisation alternatives au tout religieux, aux surenchères ethnico-confessionnelles paraîtraient plus efficaces que les formes de guerres asymétriques », argue-t-il. Cet enseignant à l’université de Saint-Louis et spécialiste des mouvements djihadistes donnait, jeudi dernier, une leçon inaugurale à l’occasion du lancement du Master 2 Défense, sécurité et paix du Centre des hautes études de défense et de sécurité
Etant d’avis que la radicalisation est « l’enfant issu du mariage entre l’injustice et l’ignorance », le Pr Sambe invite les gouvernants africains à agir sur les orientations éducatives et les programmes favorisant une plus grande inclusion des laissés pour compte afin d’éviter un plus grand émiettement des structures sociales et étatiques. « Au regard de son enjeu et de sa corrélation avec l’expansion des idéologies djihadistes violentes, la question éducative mérite aujourd’hui une interventionétatique africain, onusien, en faisant de la prévention par la socialisation le socle de la lutte contre le radicalisme religieux et l’extrémisme violent dans les décennies à venir », ajoute-t-il.

Dans la recherche de solutions, il appelle à intégrer la dimension anthropologique et à mettre à profit les ressources culturelles africaines en termes de médiation et de socialisation alternative. « Tant qu’on va continuer à privilégier l’intervention en lieu et place de la prévention par l’éducation et la justice sociale dans des régions où l’achat d’un vieux char coûte souvent plus cher que la construction d’une école, on ne s’en sortira pas », prévient-il.

Dans un autre registre, le Pr Bakary Sambe regrette le fait que le radicalisme religieux gagne du terrain sur le continent sous plusieurs formes au moment où les gens sont restés pendant longtemps enfermés dans de vieilles grilles d’analyse rarement renouvelées sur un islam africain qui serait naturellement et durablement pacifique. Cela est d’autant plus préjudiciable que, fait-il remarquer, « les pays du Sahel souffrent toujours d’une dualité du système éducatif avec l’école officielle francophone et la multiplication d’écoles coraniques, arabes, franco-arabes ». Ce qui, aux yeux du Pr Sambe, « représente un grand danger pour ce qui est de la cohésion nationale dans le processus de la construction de l’Etat sous sa forme jacobine ». Et, selon lui, dans les prochaines années, il y a à craindre que le choc des extrême, islamisme radical et christianisme évangélique deviennent source de tensions ethnico-religieuses, notamment en Côte d’Ivoire, au Nigéria, au Cameroun, au Bénin et dans une moindre mesure au Sénégal. Même s’il trouve louables les efforts faits par les autorités sénégalaises notamment dans la reconnaissance du bac et l’ouverture d’une section Arabe à l’Ena pour intégrer ces arabophones, le Pr Sambe n’en estime pas moins qu’il faut faire plus.

Elhadji Ibrahima THIAM

Bakary Sambe : « Daech cherche à embraser le Moyen-Orient et le monde musulman à travers le clivage sunnite-chiite »

Lundi 29 juin 2015

Pour Bakary Sambe, coordinateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux au Centre d’Etude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « la vague d’attentats meurtriers de vendredi dernier a voulu, au-delà de la seule symbolique de l’anniversaire du califat d’Al-Baghdâdî, s’attaquer en même temps à l’économie, la cohésion sociale et la stabilité de la Tunisie, de la France, de la Somalie et du Koweït ».

Selon Bakary Sambe, « la Tunisie frappée en plein cœur de son économie touristique est une cible-symbole, Daesh ne peut supporter la relative réussite du processus démocratique dans ce pays qui paradoxalement compte de nombreux combattants dans les rangs de l’Organisation de l’Etat islamique ».
Mais, d’après Sambe, « l’attaque la plus pernicieuse est celle perpétrée contre la mosquée chiite d’Imâm Sâdiq, au Koweït, qui vise expressément à embraser le Moyen-Orient et le monde musulman en soufflant sur la braise confessionnelle, notamment le dangereux clivage sunnite-chiite en pleine guerre du Yémen en utilisant, de surcroît, un kamikaze saoudien ».
« La Oummah islamique doit se mobiliser à travers des instances comme l’OCI et l’ISESCO pour que ce feu de la guerre interconfessionnelle ne prenne des proportions incontrôlables et en arriver à anéantir les maigres espoirs d’unité et de concorde rongés de jour en jour », conclut Bakary Sambe.

Observation du croissant lunaire-Docteur Bakary Samb « Notre pays est en train de traverser une phase charnière »

Vendredi 26 juin 2015

La communauté musulmane sénégalaise peine à accorder ses violons pour l’observation du croissant lunaire. Pour le docteur Bakary Samb, enseignant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB), cette désunion s’explique par le fait que ‘’notre pays est en train de traverser une phase charnière’’.

 

 

Le Sénégal n’a pas encore tranché le débat sur l’observation du croissant lunaire. Cette année encore c’est en rang dispersé que les musulmans du Sénégal ont commencé le jeûne.

« En observant sociologiquement ce débat sur le croisant lunaire je me rends compte que notre pays est en train de traverser une phase charnière, dans laquelle il y a en même temps une volonté d’affirmation d’une unité de toutes les confréries qui se reconnaissent dans une commission ce qui est salutaire. En même temps, l’islam est devenu un fait transnational et que notre islam local maintenant s’efface aux contraintes des appartenances mondialisées. Le temps que ces contradictions se résolvent, je pense que notre pays pourra avancer vers de meilleures solutions pour que ces cacophonies qui ne sont pas positives pour l’image de l’islam », a expliqué le docteur Bakary Samb, enseignant à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB).

Pour autant ce chercheur estime que ce débat entre dans l’ordre naturel des choses et que les oulémas les plus érudits n’ont pas encore tranché.

«  La société musulmane sénégalaise est dans un débat, ce débat peut prendre du temps. Ce qui est souhaitable c’est que ce débat prenne fin et qu’on arrive enfin à une sorte de cohésion et d’attente. Entre cette volonté locale d’unification autour des confréries avec un pôle soudé et autour des confréries, et que de l’autre coté la volonté de faire appel à des formes d’appartenance mondialisée, ce sont des choses qui font partie de l’évolution des sociétés », a ajouté Dr Samb.

Par ailleurs, il souligne que les musulmans se féliciteraient qu’il y ait non pas un guide suprême mais une instance suprême qui pourrait donnait de grandes orientations qui pourraient être traduites dans les différentes civilisations en concordance avec les réalités locales pour que l’esprit général de l’islam puisse subsister.

 

Pour sa part, le président du Conseil départemental a salué la qualité du débat. « Tous les chefs religieux qui étaient présents ont dit avoir appris quelque chose. Pour moi, l’objectif est attient. Je veux que le Mbourois soit fier de lui, croit en lui et c’est en sens qu’on pourra penser à l’émergence de notre département », a laissé entendre le président du Conseil département de Mbour, Saliou Samb.

Le Conseil département de Mbour a organisé une conférence publique portant sur le thème ‘’Paix et religion au Sénégal : les chefs religieux, vecteurs de stabilité et de développement’’.

Elle est organisée dans le cadre de ‘’la vulgarisation des initiatives et actions du président Macky Sall pour la paix au sein de la Ummah islamique’’.

 

Cette activité a été clôturée par une séance de dédicace d’un ouvrage littéraire réalisé par le Dr Bakary Samb sur ‘’Les enjeux de la paix et de la sécurité en Afrique’’.

 

El Hadji Alassane Diallo

M’bour : Conférence de Bakary SAMBE sur le rôle des chefs religieux dans la paix et la stabilité, ce 20 juin

Vendredi 26 juin 2015
Le Conseil départemental de M’bour organise une conférence nationale sur le rôle des chefs religieux dans la paix et la stabilité du Sénégal.
Selon Saliou Samb, le Président de ladite collectivité, c’est  »d’abord une manière de rendre hommage à tous les chefs religieux du Sénégal de toutes les confessions, au regard de leur action pour la paix, ce qui nous a jusqu’ici épargné les situations que connaissent certains pays de la sous-région. »
Le Président du Conseil départemental de M’bour dit s’inscrire dans la continuité des« messages de paix lancés par le Président Macky Sall en direction de la Oummah, mais aussi dans la valorisation de notre patrimoine religieux depuis qu’il a donné aux quais du Port de Dakar, le nom de ces personnalités qui font la fierté de notre pays. »
La conférence sera animée par le Dr. Bakary Sambe, penseur sénégalais originaire de M’bour, à l’occasion de laquelle, il présentera pour la première fois depuis sa sortie, son nouveau livre sur Boko Haram.
Des personnalités de tous bords sont attendues à M’bour, y compris des chefs de représentations diplomatiques du monde musulman accréditées au Sénégal.

BAKARY SAMBE : CONFERENCE SUR « RELIGION ET PAIX’’L’ISLAM SÉNÉGALAIS DOIT TRAVAILLER À SA COHÉSION’’

Vendredi 26 juin 2015

La société musulmane sénégalaise est contrainte à ’’une sorte de cohésion et d’entente’’ pour mettre fin aux débats et contradictions internes qui la caractérisent, a analysé l’universitaire sénégalais Bakary Sambe.

« Ces débats et ces contradictions sont normaux dans toute société islamique’’, a-t-il fait valoir au cours d’une conférence publique qu’il introduisait samedi à Mbour (ouest), sur le thème « Religion et paix au Sénégal : les chefs religieux, vecteurs de stabilité et développement ».

« L’islam est toujours faite de divergences », entre une « volonté locale d’unification autour des confréries’’, d’une part, et celle de faire appel, d’autre part, « à des formes d’appartenance mondialisées, qui font partie de l’évolution des sociétés », a notamment déclaré ​le conférencier.
Concernant par exemple le débat sur le croissant lunaire, sujet de divergences et de contradictions, « le Sénégal est en train de traverser une phase charnière, dans laquelle il y a une volonté d’affirmation d’une unité entre les confréries qui se reconnaissent dans une commission en charge d’observer l’apparition du croissant lunaire’’, a soutenu le chercheur sénégalais.
Cette situation « est salutaire au moment où l’islam est devenu un fait transnational et que notre islam local fait face à des contraintes, des appartenances qui, aujourd’hui, sont mondialisées », a déclaré Bakary Sambe, enseignant au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis, dans le nord du Sénégal.
Selon M. Sambe, par ailleurs coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA), ’’tant que ces contradictions se résolvent, notre pays pourra avancer vers de meilleures solutions, pour éviter les cacophonies qui ne sont pas positives pour l’image de l’islam dans notre pays ».
Malgré « les soubresauts et les actualités internationales qui sont souvent présentées sous un mauvais jour, nous pouvons dire que l’islam est une religion de paix et de justice sociale », a-t-il indiqué.
« Ce qui pose problème, c’est la manipulation des symboles islamiques pour des motifs politiques », a-t-il relevé, ajoutant que les problèmes souvent constatés dans certains pays musulmans sont, en grande partie, dus à un refus ou des contestations de l’autorité.
« L’islam confrérique est un réel atout pour le Sénégal et pour l’Afrique, parce que c’est un islam qui nous a permis de vivre l’islam non pas comme une cassure ou un problème identitaire, mais de manière harmonieuse (…)’’, a-t-il souligné.
De cette manière, le Sénégal a pu intégrer « ’toutes les valeurs islamiques, tout en restant dans notre identité, en promouvant les valeurs de paix, de solidarité et de tolérance’’, telles qu’enseignées par El Hadji Malick Sy, Cheikh Ahmadou Bamba, El Hadji Ibrahima Niasse et tant d’autres guides religieux, a-t-il conclu.

Parution d’un ouvrage de Dr. Bakary Sambe Boko Haram : »L’Afrique doit se mobiliser contre la radicalisation rampante »

Mardi 21 avril 2015
A la veille d’élections cruciales au Nigéria et sur l’issue desquelles planent beaucoup d’incertitudes, paraît « Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale ». C’est le titre du dernier ouvrage de Dr. Bakary Sambe publié chez Timbuktu Editions (mars, 2015 – Le Caire). Pour Sambe « il ne s’agit nullement d’un ouvrage de plus sur la recension des exactions ou pour contribuer au décompte macabre qui noircissent les rapports quotidiens des organisations internationales ». L’auteur dit s’être concentré sur les  « documents de base du mouvement, ses prêches, ses enregistrements et les déclarations recueillies auprès des acteurs-clés » afin de procéder à une démarche compréhensive et « partir de la perception des acteurs et de leur vision de leur propre action ».

Au-delà des tueries et des attaques récurrentes que sait-on, réellement, de Boko Haram, de sa stratégie, des profils de ses membres, de l’idéologie qui motive leurs actions et attitudes vis-à-vis de l’Etat nigérian et de la communauté internationale ? Comment, d’un problème nigérian, fruit de frustrations accumulées et d’une rupture de repères et d’imaginaire, Boko Haram est, progressivement, devenue une menace régionale ?

Après la déstabilisation du Mali, à l’heure où l’Organisation de l’Etat islamique se cherche des relais idéologiques et des zones de repli stratégiques, au moment où le Sud de la Libye est devenu une zone d’instabilité chronique, Boko Haram parviendra-t-il à ouvrir d’autres fronts? Quels seraient ses soutiens financiers, ses liens structurels avec les nébuleuses Al-Qaida, AQMI ou encore les Shebabs voisins ?

Dans cet ouvrage, alliant approche socio-historique, investigation factuelle et démarche prospective, Bakary Sambe, revient sur ces questions d’une actualité brûlante tout en réinterrogeant nombre de certitudes sur les stratégies préconisées par la communauté internationale dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler la « guerre contre le terrorisme ».

L’auteur : Dr. Bakary Sambe est enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) où il coordonne l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA).Politologue, spécialiste des relations internationales et spécifiquement du monde musulman et des rapports arabo-africains, il est, aujourd’hui, l’un des plus grands experts sur la problématique de la radicalisation et les réseaux transnationaux dans le Sahel. Après son essai Islam et diplomatie (2011), Sambe compte de nombreuses publications et contributions dans des ouvrages et revues internationales de référence.
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Bakary Sambe : « Notre pays pourrait être le médiateur idéal des conflits actuels du monde musulman »

Mardi 21 avril 2015

«Notre pays pourrait être le médiateur idéal des conflits actuels du monde musulman»,
Lors d’une Conférence organisée, samedi dernier, par le Regroupement Général des Sénégalais du Canada dans le cadre des activités du « Mois du Sénégal », Bakary Sambe s’est penché sur les innombrables crises que traverse le monde musulman.
Le coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (Centre d’étude des religions de l’UGB) s’est interrogé sur le « paradoxe » selon lequel les musulmans qui « ont rêvé d’unité dans le cadre de la Oummah ont fini par plonger dans les guerres fratricides et le Djihadisme faisant de plus en plus de victimes musulmanes » se demandant « si le clash tant prophétisé par Samuel Huntington ne s’est pas finalement produit au sein de la Oummah, même si on évoque souvent des mains extérieures».
Durant cette conférence modérée par l’éminent chercheur sénégalais Khadim Ndiaye et le président du Regroupement, Amara Seydi, Bakary Sambe est largement revenu sur les dernières évolutions au Yémen et au Moyen-Orient, craignant « des risques de propagation du conflit entre alliés de l’Arabie Saoudite et de l’Iran ».
Dans ce contexte de crise où le conflit au Yémen risque de prendre des proportions inattendues, Bakary Sambe estime que « la voix du Sénégal est une chance pour la paix. Pour lui, « la position stratégique » du Sénégal et son « implication au sein de l’OCI que nous avons accueillie deux fois » font naturellement du Sénégal « le médiateur idéal dans cette crise au Moyen-Orient aux conséquences imprévisibles surtout si elle arrivait à s’étendre dans le reste de la péninsule arabique ».
Au regard de toutes ces considérations et de la complexité des enjeux dans le monde musulman contemporain, Bakary Sambe a conclu par appeler à « la vigilance et l’exploration de la voie du dialogue et de la médiation par notre pays »

Dr Bakary Sambe avec le rgsc

Credit Photo: afrikcaraibmontreal.com

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