Archive de la catégorie ‘ABOUT US’

Africains Musulmans et questions internationales : La partie invisible du débat avec Tariq Ramadan

Lundi 1 septembre 2014

Par Dr. Bakary SAMBE 

Pour mieux comprendre ce débat, il faut vraiment retourner à l’origine des divergences avec Tariq Ramadan. Tout est parti de ma critique sur sa prise de position sur ce qu’il appelle  » l’impérialisme français » dans l’intervention au Mali. Je lui suggérais simplement d’ajouter à cette critique de l’intervention des forces étrangères en Afrique, la dimension du « paternalisme arabe ». En fait les pays et organisations arabes ont tendance à considérer les musulmans africains comme des maillons faibles de la oummah qu’il faut islamiser malgré le passé « islamique » depuis le Moyen-Age.

Parfois, cela cause de nombreux problèmes parce qu’en voulant « islamiser » les Africains ils s’appuient sur des mouvements salafistes et wahhabites qui disent vouloir purifier l’islam comme ce fut le cas avec la destruction des mausolées de Tombouctou lors de l’occupation djihadiste dans le Nord du Mali. Voici le lien de ce débat antérieur : http://www.lescahiersdelislam.fr/Occupation-du-Nord-Mali-L-autre-vrai-paternalisme-occulte-par-Tariq-Ramadan_a208.html

J’ai eu à m’expliquer sur cette question avec Monsieur Ramadan lors du Forum Social Mondial en Tunisie où je l’appelais à assumer ses responsabilités car sa parole était écoutée dans le monde musulman pour que cette image de l’africain toujours considéré comme sous-musulman dans le monde arabe change enfin.

Je pense qu’il n’a jamais supporté cette critique et surtout la contestation de sa parole sur l’islam venant, en plus, d’un africain (toujours un musulman inférieur en rang et en dignité). Au lieu de prendre cette critique avec humilité de la part d’un collègue africain qui ne lui veut aucun mal, Monsieur Ramadan est venu au Sénégal pour dire sur la chaîne de télévision publique sénégalaise que je le critiquais simplement pour devenir célèbre. Voir le lien de ce débat : http://senegal.afrix.net/2013/07/11/mise-au-point-de-bakary-sambe-cher-monsieur-ramadan-la-diffamation-est-aussi-contraire-a-lislam-et-a-lethique/

Sur le débat à propos de la crise israélo-palestinienne :

Sur le débat télévisé, j’avais une posture difficile en ayant prôné le dialogue malgré l’ampleur de la violence. Ma position sur le dialogue est motivée par le fait que le dialogue ne soit pas pour moi l’apanage des peureux ou des lâches mais une responsabilité des braves.

Dans cette perspective, j’ai soutenu depuis le début de la crise qu’il serait important de renforcer le camp de la paix incarné par le Fatah et ses soutiens. Dès le début de la crise dans tous les médias sénégalais j’ai critiqué tout d’abord l’attitude inacceptable d’Israel qui tue, massacre et viole le droit international sous le regard spectateur de la communauté internationale perdant de plus en plus de crédibilité et faisant du « deux poids deux mesures » sur les valeurs qu’elle veut incarner comme la justice et la démocratie à travers le monde.

J’ai critiqué y compris sur le plateau de télévision, l’attitude des extrémistes des deux bords en commençant par ceux de la droite du Likoud comme Netanyahu, Libermann, Tzipi Livni qui n’encouragent pas la paix et ont incarné un bellicisme qui a plongé le Proche-Orient dans le chaos actuel. Ils ont assassiné la paix et l’esprit du dialogue. Mais j’ai aussi critiqué Khaled Meshaal et les caciques du Hamas qui n’aident pas toujours la cause palestinienne et y jettent un certain discrédit en usant de la violence et en repoussant le dialogue alors que je suis sûr que nos frères palestiniens ont besoin de plus de paix que de guerre ! J’ai dit aussi que certains pays arabes ont surtout instrumentalisé la question palestinienne et ont causé beaucoup de tort aux palestiniens en se servant de leur cause juste plus qu’ils ne la servent !

C’est surtout ma critique des idéologies telles que le salafisme et les tentatives d’exportation en Afrique par des pays et organisations arabes qui dérange, je crois.

L’islam tel que vécu traditionnellement en Afrique avait jusqu’ici permis de garder un compromis social aujourd’hui largement menacé par les idéologies djihadistes comme nous l’avons vu au Nord du Mali et au Nigeria.

Mais encore une fois, au lieu de rester sur la thématique du débat, Monsieur Ramadan dévié en voulant régler des polémiques antérieures telles que ma critique sur sa position au Mali. Avant même le début du débat télévisé, il m’a interpellé en me disant : « c’est vous qui écrivez les articles contre moi ? » Pour dire qu’il était bien parti pour régler son compte à cet Africain qui a osé remettre en question sa parole sur l’islam !

C’était une anormalité qu’il ne pouvait digérer. Mais je ne garde rien contre lui ni n’entre jamais dans la logique d’attaques dont il est parfois injustement victime. Ce qui me choque aujourd’hui, c’est qu’il a profité de mes positions sur la politique des pays et organisations arabes en Afrique (paternalisme religieux) pour me présenter comme un anti-arabe, ses partisans même me prennent pour un pro-israélien alors que j’ai fermement condamné les massacres perpétrés contre les palestiniens dès le début du débat.

Je le sais avec un peu plus de recul et au vu des réactions d’incompréhension sur ma position : il était difficile de tenir un langage de raison à un moment où les esprits étaient surchauffés et les cœurs pleins d’émotion. Je ne regrette rien d’avoir appelé à la paix mais avec le camp de la paix et à critiquer les extrémistes de tous bords qui ne servent pas la paix qu’ils soient israéliens ou palestiniens.

J’ai l’esprit tranquille dans le sens où je n’ai jamais cautionné la politique de massacre et de tuerie qui est celle du gouvernement israélien mais aussi parce que j’ai le courage de dire à nos amis arabes que la solution se trouve dans le dialogue et que l’esprit va-t-en-guerre fait le jeu des ultra-radicaux du Likoud et du Hamas ! Toutefois je reconnais bien David de Goliath !

Pour rassurer les collègues et amis qui se sont beaucoup soucié de l’image diabolisant que Tariq Ramadan a voulu donner de moi (peut-être qu’on ne se connaît pas encore bien !), ma position que j’avais du mal à défendre à cause du temps médiatique qui ne laisse pas faire des démonstrations, se résume en trois points :

1- Condamnation ferme des exactions israéliennes (voir ma prise de position dès le début comme le premier intellectuel sénégalais qui s’est exprimé sur l’attitude inacceptable d’Israel en termes de violation du droit international et du droit international humanitaire : http://www.dakaractu.com/Entretien-Gaza-L-usage-disproportionne-de-la-force-par-Israel-en-flagrante-violation-du-droit-international-est-source_a70409.html

2- Je suis pour le dialogue et pour cela il faut favoriser le camp de la paix incarné par le Fatah et Mahmoud Abbas: si on laisse les extrémistes du Likoud et ceux du Hamas gérer la situation il n’y aura jamais de paix (au passage, c’est pourquoi, j’ai refusé qu’on compare Nelson Mandela au Hamas).

3- J’ai souligné la solidarité entre Africains et arabes mais je refuse toute forme de paternalisme et d’exportations d’idéologies niant la possibilité aux africains de vivre l’islam selon leurs réalités, comme je l’avais souligné en mars 2013 lors d’un autre débat avec Ramadan à Tunis http://en.qantara.de/content/interview-with-bakary-sambe-in-the-arab-world-we-africans-are-viewed-as-inferior-muslims

Tout est parti de ma critique sur les Frères musulmans quand j’ai expliqué que c’était certes un parti politique mais pas « ordinaire » ayant comme emblème deux sabres croisés et marqué en bas « Préparez-vous » http://www.dakaractu.com/Dr-Bakary-SAMBE-UGB-a-Tariq-Ramadan-Comparer-Nelson-Mandela-au-Hamas-est-une-insulte-a-sa-memoire_a72017.html

C’est par la suite que Tariq Ramadan m’a traité « d’esprit colonisé » en arguant que je tirais mon discours de Paris ou de Washington. Je n’ai pas compris cette attitude qui finalement ne m’a guère blessé surtout venant de quelqu’un qui, après avoir loyalement servi Tony Blair comme conseiller ns’est livré dans les bras de Shaykha Muza et du Qatar. soit !

Ma réponse à la fin du débat était que je m’inspirais surtout de Cheikh Ahmadou Bamba, Cheikh Ek Hadji Malick et de Cheikh Moussa Camara dans ma critique du djihadisme et de la violence au nom de l’islam, pour réaffirmer qu’en Afrique, nous avons des ressources pertinentes sur le discours religieux islamique et qu’on n’avait pas besoin d’être des musulmans sous tutelle.

Je crois même qu’au nom de la solidarité avec nos amis arabes, ils pourraient être invités à s’inspirer des réussites de l’expérience africaine de l’islam en termes d’harmonisation entre réalités sociales et principes religieux que j’appelle « assimilation critique de l’islam » et surtout de cohabitation pacifique tout en étant conscients de nos échecs respectifs.

Dr. Bakary Sambe Head of Observatory on Religious Radicalism and Conflicts in Africa

Center for the Study of Religions Gaston Berger University

www.cer-ugb.net

bakary.sambe@gmail.com

Ignored and neglected: The Muslims of sub-Saharan Africa

Jeudi 20 mars 2014

Ignored and neglected: The Muslims of sub-Saharan Africa

Most attention for developments in the Muslim world, political, intellectual, or otherwise, focuses primarily on the Middle East and to some extent also South Asia. Geographically peripheral areas such as Southeast Asia, but even more so, sub-Saharan Africa, are generally neglected in both media and scholarship. The fact that Indonesia is the largest Muslim nation state in the world, and that Nigeria‘s Muslims number close to 90 million (more than the entire populations of, say, Iran, Turkey, or Egypt) is often ignored.

When areas such as West Africa do  receive coverage it is generally due to political crises or acute security concerns emerging from the region which are thought to have an effect on developments elsewhere. Seldom is there any attention for the local situation in its own right or a genuine interest in the region’s place within the Muslim world or in its historical contributions to Islamic civilization. Africans are seen as ‘marginal’ Muslims.

Ignored and neglected: The Muslims of sub-Saharan Africa dans ABOUT US MosqueDjenneWeb-786889

In view of  recent events in Mali there has at least been some awareness of the destruction of its indigenous Islamic legacy in the course of clashes between locals, outside Islamic activists, and intervening foreign armed forces. However, so far this had hardly gone beyond indignation over the threats to UNESCO heritage sites such as the town of Djenné and it Great Mosque. Some cursory mention was also made of the equally endangered manuscript collections of Timbuktu. Such concerns demonstrate that there is an inkling of the role of Africa in shaping Muslim culture.

But that is all about the past, present-day Muslims in countries like Mali and its neighbours still face marginalization. However, some critical voices among its intellectuals do speak about the discrimination they face from their co-religionists, often in the guise of bringing ‘true Islam’ to Africa.

Bakary+Sambe dans INTERNATIONAL
Bakary Sambe

This issue was addressed by the Senegalese intellectual Bakary Sambe. Trained in Lyon as an Arabist, Africanist and political scientist, he specializes in trans-regional Muslim relations, in particular between the Arab world and Africa. He has taught in France and Senegal, and has held research associations with the European Foundation for Democracy and the Aga Khan University in London.

Organisations that are financed by Arab nations such as Kuwait, Qatar and Saudi Arabia are attempting what could be described as an « Islamisation » of our region; they want to bring their idea of « true Islam » to sub-Saharan Africa. This is pure ideology motivated by an Arab paternalism that I vehemently oppose. The attempt to « Arabise » us is based on a total denial of our culture as African Muslims.

His criticism is not only directed at the oil-rich Gulf States, but also individuals such as Tariq Ramadan, who  — although controversial in his own right — is nevertheless regarded as an ‘acceptable face of Islam’. But according to Sambe, his attitudes still reflect a kind of paternalism towards non-Arab Muslims which he considers ‘imperialist‘.

At the same time, he sees little emancipatory or redeeming value in promoting Islam Noir or ‘Black Islam’:

This term was introduced during the colonial era and sought to infantilise us, the African people. Allegedly, we were so emotional because we were not as spiritually mature as the Arabs, who were consequently viewed as more dangerous. France has always tried to establish a barrier between the Maghreb and the sub-Saharan region, to prevent any intellectual exchange from taking place.

timbuktu_manuscripts dans ISLAM AFRICAIN
Islamic manuscripts in Timbuktu

He finds its ironic that now, at the beginning of the 21th century, Gulf Arabs come to ‘Islamize’ West-Africa’s Muslims, while in the 15th century, when large parts of the Arabian Peninsula had reverted to being a cultural backwater, the scholars in Timbuktu were producing their treasured manuscripts….

Sambe thinks it is high time for African Muslims to shake off their inferiority complex and work redeveloping their own religious and intellectual traditions. Only this way Muslims can interact on par which each other.

L’homme africain entrera-t-il un jour dans la fin de l’Histoire ?

Jeudi 20 mars 2014

L’homme africain entrera-t-il un jour dans la fin de l’Histoire ?

Dans un discours à Dakar qui avait fait scandale, Nicolas Sarkozy avait évoqué la difficulté de l’Homme africain à rentrer dans l’Histoire. Au regard des conflits sans fin qui déchirent l’Afrique, la question qui se pose à elle est plutôt celle de sa capacité à sortir, comme l’Europe avant elle, d’une histoire faite de guerres et de violences.

Guerres sans fin

La France a lancé une intervention en Centrafrique.La France a lancé une intervention en Centrafrique. Crédit Reuters

Atlantico : Alors que François Hollande a reçu les chefs d’État africains à l’Élysée pour le sommet pour la paix et la sécurité en Afrique ce week-end, la France a lancé une intervention en Centrafrique.Quelles sont les zones actuelles de conflits en Afrique ?

Bakary Sambe : Le continent est devenu un terrain de jeux d’influences : intérêts et puissances s’y affrontent pendant que les États qui se délitent font face au défi du déficit d’État. L’Afrique vit pleinement le choc entre le principe de souveraineté et la trans-nationalité des acteurs. A l’Est, sur la corne de l’Afrique la Somalie fait face aux attaques des Shebabs. Alors que la République démocratique du Congo se déchire encore, la Centrafrique est entré dans un cycle de violence dont la fin n’est pas du tout proche, le nord du Nigeria vit au rythme des attentats terroristes et des attaques de Boko Haram qui étend ses opérations jusqu’au nord-Cameroun de temps à autre. Pendant ce temps, au Mali, après plusieurs mois d’occupation au Nord, les élections se sont bien passées mais les problèmes persistent avec le MNLA qui déclare la reprise de la guerre contre le pouvoir de Bamako. Et de temps en temps, les incursions djihadistes et les attaques spectaculaires rappellent que, malgré l’efficacité temporaire de l’Opération Serval, on ne vainc jamais le terrorisme par des blindés. D’ailleurs, l’opération française en Centrafrique sera beaucoup plus compliquée que Serval. Ce sera une guerre urbaine, sans front ni ennemi identifié sur fond de surenchère ethnico-confessionnelle, véritable bourbier pour les armées conventionnelles dont les stratégies de combat sont rendues obsolètes à l’ère de la guerre asymétrique imposée par les guérillas et les groupes terroristes.

De quelle nature sont ces différents conflits ? Quelles en sont les causes ?

La chute du mur de Berlin a consacré l’obsolescence de la guerre dans le sens d’un affrontement entre armées conventionnelles. Les types de conflits que l’on rencontre en Afrique sont de différents types : les irrédentismes et guérillas engagés dans des luttes politico-nationalistes comme le MNLA au nord du Mali, le Darfour jusqu’à la création du Soudan du Sud etc. Un autre type de conflit est celui qui part généralement d’une contestation politico-armée du pouvoir central pouvant aboutir à son renversement comme le CNT libyen ou la Séléka centrafricaine ou à un pourrissement comme en République démocratique du Congo. Les effets de la chute de Khadhafi combinés avec le redéploiement d’Al-Qaïda au Maghreb islamique et le foisonnement des groupuscules djihadistes plongent la zone sahélienne dans l’absurde guerre contre le terrorisme.

Les opérations terroristes se nourrissent de la faiblesse des États et de la trans-nationalité d’un ennemi devenu diffus depuis qu’Al-Qaïda a abandonné l’option des causes globales en se contentant de parasiter les conflits locaux auxquels ils s’efforcent de donner un habillage religieux. Ce fut exactement la stratégie d’Ansar Dine au Nord-Mali avec la question touarègue. La confessionnalisation du conflit en Centrafrique risque d’aboutir aux mêmes travers alors qu’on est dans un pays qui est une véritable mosaïque ethno-religieuse pour une population de 5 millions d’habitants dont 35% de catholiques, 45% de protestants, 15% de musulmans sans compter la minorité animiste de 5 %. Le choc entre les extrémismes musulmans wahhabites et évangélistes chrétiens peut aggraver le déchirement d’une société centrafricaine fortement secouée par des crises politiques répétitives depuis plus d’une décennie.

Comment de temps encore ces conflits « pour rien » dureront-ils ? A quelles conditions le continent africain pourra-t-il entrer dans la « fin de l’Histoire » ?

Malheureusement pour le continent, la boîte de Pandore avait été ouverte depuis la partition du Soudan et le déclenchement de la guerre de Libye qui portait bien son nom d’Aube de l’Odyssée. Je crains fort que l’Afrique soit entrée dans une phase d’au moins vingt ans où ce genre de conflits va freiner son développement tant attendu et qui se profilait à l’horizon avec la saturation prévisible de l’Asie, pendant que l’Europe est encore plongée dans la crise alors que les rares niches de croissances sont sur le continent noir. Beaucoup s’accordent sur un fait : l’Afrique est en train de revivre les pires moments similaires à ceux du temps de la Guerre froide où par alliés et agents interposés, différentes puissances et idéologies (salafisme wahhabites, évangélistes pentecôtistes, baptistes) s’y affrontent par délégation. Nous voilà, après la période des conférences nationales et des processus démocratiques dans le sillage de la Conférence de la Baule des années 1990, plongés, de nouveau, pour longtemps dans l’ère des sommets pour la paix et la sécurité. Espérons cette fois-ci que de ce mal peut-être nécessaire sortira définitivement du bien pour ce continent plein de potentialités, pour paraphraser un peu, Léopold Sédar Senghor.

Read more at http://www.atlantico.fr/decryptage/homme-africain-entrera-t-jour-dans-fin-histoire-bakary-sambe-920574.html#jvWD50bhjOhzgVyX.99

Bakary Sambe de l’UGB sur France24  » le Maroc bénéficie, en Afrique, d’un capital-image adossé à un bilatéralisme sélectif efficace »

Jeudi 20 mars 2014

Bakary Sambe de l’UGB sur France24  » le Maroc bénéficie, en Afrique, d’un capital-image adossé à un bilatéralisme sélectif efficace »


Bakary Sambe de l'UGB sur France24 " le Maroc bénéficie, en Afrique, d'un capital-image adossé à un bilatéralisme sélectif efficace"
Dans une interview donnée au site de la chaîne France 24, Dr. Bakary Sambe de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (CER-CRAC) revient sur la stratégie marocaine en Afrique subsaharienne dans une analyse de la dernière tournée du Roi Mohammed VI dans la région.
« En cette époque de ruée économique vers l’Afrique et alors que l’Europe et les États-Unis sont en crise, le Maroc se positionne avec ses banques et ses accords de libre-échange qui vont lui permettre de commercer librement avec des pays constituant un marché de 250 millions d’habitants », affirme Bakary Sambe, enseignant-chercheur à l’université Gaston-Berger de Saint-Louis au Sénégal, et auteur d’ »Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc ».

Et d’ajouter : « Aujourd’hui des entreprises marocaines battent des entreprises françaises sur des appels d’offres parce qu’elles bénéficient de ce lobbying. » (…)

Son malikisme, l’une de quatre doctrines du sunnisme, est particulièrement prisée par les gouvernements luttant contre le fondamentalisme islamique. « Face à l’avancée du wahhabisme et du salafisme d’une part, et du chiisme iranien d’autre part, le roi essaye de créer un sorte de sainte alliance autour de l’islam malikite modéré dont le Maroc serait le centre », analyse Bakary Sambe.

« Depuis l’indépendance, le Maroc a développé un sentiment d’encerclement : au Nord, par les Espagnols avec qui les relations sont difficiles sur les enclaves de Ceuta et Melilla, et à l’Est, par l’Algérie qui soutient le Front Polisario [mouvement indépendantiste sahraoui], rappelle Bakary Sambe. Aussi voit-il sa politique extérieure comme un désenclavement stratégique vers le Sud, au moment d’une recomposition diplomatique dans la région. »

Mais, pour Bakary Sambe, Mohammed VI a encore une chose à faire avant d’asseoir définitivement sa popularité auprès des Subsahariens : gommer cette image de « gendarme de la politique anti-immigration de l’Europe » qui colle à son pays. Et ce, malgré les réformes adoptées en septembre 2013 par le royaume afin d’offrir davantage de droits aux migrants clandestins.

Source : http://www.france24.com/fr/20140306-maroc-mohammed-vi-m6-tournee-afrique-subsaharienne-gabon-leader/

Senegalese academic says prevention is vital as West African countries battle the rise of radical Islam

Jeudi 12 décembre 2013

Our series examining the Origins of Africa’s War of Terror continues with Senegaleseacademic Dr Bakary Sambe who says that a deep reform of education systems in the Sahelian countries is key to preventing the rapid rise of Islamic militancy in the region.

Islam in West Africa has historically had a unifying effect within the sub-region inspired by the Sufi brotherhood which represents a peaceful way of practising Islam. Yet, as radical Islam grows, the African continent and the Sahel region in particular are now being labelled as the new Afghanistan in the political discourse.

While the majority of analysts point to poverty, youth employment and local political crises as major factors in violent extremism, there are other reasons that explain the rapid growth of this phenomenon at national and regional level. These include under-resourced state institutions mostly in the educational and social sectors, the absence of rule of law and impunity which contribute to the erosion of citizen confidence in the state and democratic institutions.

In the meantime, the current dual nature of the education system in the majority of Sahelian countries (Western and Arabic) could in the next few decades, if not already, cause a deep social divide, one that could be exploited by Islamic movements.

In Senegal, Mali, Niger and Chad, there is an urgent need to reassert the state’s control over sensitive issues such as knowledge transmission and socialisation. The Boko Haram phenomenon should make West African states more alert to the dangerous juxtaposition of differing education systems when what is really at stake is building an inclusive society.

Even the United Nations has called for a “comprehensive approach” to extremism given the failure of military solutions in recent conflicts in Afghanistan and Iraq.

In light of these considerations, it would be relevant to have an overview of the political and religiousdimension of the extremism which will give a better understanding of the problem. Over the last few months, the focus has been on religious extremism while ethno-national and political aspects have been ignored. In analysing the recent Mali crisis, one has to take into account not just the religious perspective, but also the ethnic issue which is the Tuareg struggle for self-determination. The overlapping nature of the religious and ethno-national dimensions of this conflict make it susceptible to abuse by groups such as Al Qaeda in the Magreb (AQIM) and Movement for the Oneness and Jihad in West Africa (MUJAO). Al-Qaeda is now more interested in parasitising local conflicts than promoting global causes. Religious extremism feeds more easily into terrorism and organised crime and poses a threat to public peace and to sovereign integrity of countries. The case of Mali remains relevant. However, violent ethno-political and religious extremism are not new phenomena in the region given recent crises in Guinea, Côte d’Ivoire, Nigeria (the Biafran War and more recently with Boko Haram) and Mali.

The French intervention in Mali triggered a virulent debate between scholars and activists. While jihadism was for the most part universally rejected, opinions about France’s political motives were dividedOf course, terrorism cannot be solved by military means alone. However Mali was not the only country under threat from armed jihadists, in fact, the security of West Africa was at risk. This is why I was among the group of African intellectuals who supported the intervention.

There is still a great deal of debate about France’s role during the Mali crisis. I certainly do not support any neo-colonial interests that France might possibly associate with its course of action. Politically speaking, my generation grew up with a critical view of European colonialism and imperialism. Now there exists Arab imperialism and my position is that we have to fight that too. For some time now, the proponents of international Wahhabism have been working on a plan to establish a Wahhabi zone of influence that extends right across the entire Sahel region from Eritrea, Somalia, Chad, Northern Nigeria, Niger and Mali through to Senegal. This represents a huge threat to our brand of Islam which has always lived in harmony with the local culture of a country. ​​

Organisations financed by Arab nations such as Kuwait, Qatar and Saudi Arabia are attempting what could be described as the “Islamisation” of the Sahel region. Their goal is to bring their idea of “true Islam” to sub-Saharan Africa. This ideology is motivated by a kind of Arab paternalism that most West Africans vehemently oppose. The attempt to “Arabise” these Muslim communities is based on a total denial of the local cultures of African Muslims. The destruction of the mausoleums in Timbuktu was an extreme example of this. Poverty is certainly a factor. The African state is weak and does not operate any kind of social policy. But above all, the state has withdrawn too much from the education system, leaving the field to non-state organisations which are financed out of Kuwait, Qatar and Saudi Arabia.

This is especially true of Mali, where the state education system is impoverished and religious players have been given too much room to manoeuvre. This gives rise to a parallel education system with an ideology that comes from abroad and over which the state has absolutely no control. To a German journalist interviewing me after a rancorous debate with the Swiss academic, Tariq Ramadan, I said, “In the Arab world, Muslims from sub-Saharan Africa are viewed as second-class Muslims, as sub-Muslims. In the fifteenth century, Timbuktu was an important city of scholars, and now, in the twenty-first century, Arab organisations exploit our young people and tell them that it is their job to Islamise their societies! My response is this: Africa must stop importing ideologies from abroad and regarding itself as an inferior Zone B”.

The nature of the threat posed by transnational groups, together with the new concept of territorial spaces, demands multidisciplinary expertise that is not only related to security. This expertise will have to take into account not only the geopolitical aspects but also the ideological and sociological dimensions of a multifaceted phenomenon that often accompanies indicators such as rampant poverty, youth unemployment and blatant inequalities. The multidimensional character of the threat, and, therefore, of the response, apparently has not yet been fully appreciated, especially by the relevant Senegalese security services.

The problem is so complex and multifaceted that experts and African scholars recommend establishing a multidisciplinary platform for the strategic monitoring of religious radicalism, providing regular updates on developments and preparing a forward-looking plan in close collaboration with the relevant authorities and development partners.

Dr Bakary Sambe is an Assistant Professor at Gaston Berger University in Senegal. He is also Coordinator of the Observatory of Religious Radicalism and Conflicts in Africa at the Centre for Religious Studies.

Source LSE Blog : http://blogs.lse.ac.uk/africaatlse/2013/11/13/senegalese-academic-says-prevention-is-vital-as-west-african-countries-battle-the-rise-of-radical-islam/

Situation en Centrafrique :Dr. Bakary Sambe de l’UGB craint le « choc des extrémismes et la régionalisation du conflit »

Jeudi 12 décembre 2013
26 novembre 2013
La situationqui prévaut en Centrafrique caractérisé de « pré-génocidaire » par les chancelleries diplomatiques inquiètent au plus haut niveau au point que l’ONU appelle à agir vite. 
Selon Dr. Bakary Sambe de l’Université Gaston Berger (UFR CRAC), ce pays a toujours représenté un sorte de « mosaïque confessionnelle » avec « une population de 5 millions d’habitants dont 35 % de catholiques, 15% de musulmans, 45 % de protestants et 5 % d’animistes » précise t-il.
D’après Dr Sambe qui coordonne l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) au Centre d’étude des Religions , « malgré cette diversité, n’a jamais été, auparavant source de tension majeure dans ce pays jusqu’à l’arrivée de Michel Am-Nondokro Djotodia au pouvoir« .
Revenant aux sources de cette crise, Dr. Sambe rappelle que, « c’est à ce moment que certains hommes politiques ont commencé à parler d’islamisation du pays alors que lui-même s’en défend toujours affirmant être au service de tous les Centrafricains« .
Interrogé sur la position des learers religieux dans ce conflit où se mêle religion et politique et qui risque de créer, selon lui « un second Rwanda« , Bakary Sambe explique que « même l’imam Kobline Layama, une des personnalités musulmanes influentes a toujours appelé à la retenue« .
Mais, selon le chercheur spécialiste des réseaux transnationaux et des radicalismes religieux, « la crainte se situe surtout au niveau des positions extrêmes que peuvent prendre certaines franges wahhabites et salafistes sous influence étrangère mais aussi des personnalités charismatiques comme le Pasteur intégriste évangéliste, Guere Koyan,  qui théorise déjà une islamisation de la Centrafrique« .
En quelque sorte, conclut Dr. Bakary Sambe, « il faudra tout faire pour éviter un choc des extrémismes surtout au regard de la situation dans le Sahel pour un pays frontalier à la fois des deux Soudan et du Nord Cameroun où les éléments de Boko Haram sont déjà actifs mais aussi de la République démocratique du Congo en pleine ébullition« 

Guerres sans fin : L’homme africain entrera-t-il un jour dans la fin de l’Histoire ?

Jeudi 12 décembre 2013

Dans un discours à Dakar qui avait fait scandale, Nicolas Sarkozy avait évoqué la difficulté de l’Homme africain à rentrer dans l’Histoire. Au regard des conflits sans fin qui déchirent l’Afrique, la question qui se pose à elle est plutôt celle de sa capacité à sortir, comme l’Europe avant elle, d’une histoire faite de guerres et de violences.

Atlantico : Alors que François Hollande a reçu les chefs d’État africains à l’Élysée pour le sommet pour la paix et la sécurité en Afrique ce week-end, la France a lancé une intervention en Centrafrique.Quelles sont les zones actuelles de conflits en Afrique ?

Bakary Sambe : Le continent est devenu un terrain de jeux d’influences : intérêts et puissances s’y affrontent pendant que les États qui se délitent font face au défi du déficit d’État. L’Afrique vit pleinement le choc entre le principe de souveraineté et la trans-nationalité des acteurs. A l’Est, sur la corne de l’Afrique la Somalie fait face aux attaques des Shebabs. Alors que la République démocratique du Congo se déchire encore, la Centrafrique est entré dans un cycle de violence dont la fin n’est pas du tout proche, le nord du Nigeria vit au rythme des attentats terroristes et des attaques de Boko Haram qui étend ses opérations jusqu’au nord-Cameroun de temps à autre. Pendant ce temps, au Mali, après plusieurs mois d’occupation au Nord, les élections se sont bien passées mais les problèmes persistent avec le MNLA qui déclare la reprise de la guerre contre le pouvoir de Bamako. Et de temps en temps, les incursions djihadistes et les attaques spectaculaires rappellent que, malgré l’efficacité temporaire de l’Opération Serval, on ne vainc jamais le terrorisme par des blindés. D’ailleurs, l’opération française en Centrafrique sera beaucoup plus compliquée que Serval. Ce sera une guerre urbaine, sans front ni ennemi identifié sur fond de surenchère ethnico-confessionnelle, véritable bourbier pour les armées conventionnelles dont les stratégies de combat sont rendues obsolètes à l’ère de la guerre asymétrique imposée par les guérillas et les groupes terroristes.

De quelle nature sont ces différents conflits ? Quelles en sont les causes ?

La chute du mur de Berlin a consacré l’obsolescence de la guerre dans le sens d’un affrontement entre armées conventionnelles. Les types de conflits que l’on rencontre en Afrique sont de différents types : les irrédentismes et guérillas engagés dans des luttes politico-nationalistes comme le MNLA au nord du Mali, le Darfour jusqu’à la création du Soudan du Sud etc. Un autre type de conflit est celui qui part généralement d’une contestation politico-armée du pouvoir central pouvant aboutir à son renversement comme le CNT libyen ou la Séléka centrafricaine ou à un pourrissement comme en République démocratique du Congo. Les effets de la chute de Khadhafi combinés avec le redéploiement d’Al-Qaïda au Maghreb islamique et le foisonnement des groupuscules djihadistes plongent la zone sahélienne dans l’absurde guerre contre le terrorisme.

Les opérations terroristes se nourrissent de la faiblesse des États et de la trans-nationalité d’un ennemi devenu diffus depuis qu’Al-Qaïda a abandonné l’option des causes globales en se contentant de parasiter les conflits locaux auxquels ils s’efforcent de donner un habillage religieux. Ce fut exactement la stratégie d’Ansar Dine au Nord-Mali avec la question touarègue. La confessionnalisation du conflit en Centrafrique risque d’aboutir aux mêmes travers alors qu’on est dans un pays qui est une véritable mosaïque ethno-religieuse pour une population de 5 millions d’habitants dont 35% de catholiques, 45% de protestants, 15% de musulmans sans compter la minorité animiste de 5 %. Le choc entre les extrémismes musulmans wahhabites et évangélistes chrétiens peut aggraver le déchirement d’une société centrafricaine fortement secouée par des crises politiques répétitives depuis plus d’une décennie.

Comment de temps encore ces conflits « pour rien » dureront-ils ? A quelles conditions le continent africain pourra-t-il entrer dans la « fin de l’Histoire » ?

Malheureusement pour le continent, la boîte de Pandore avait été ouverte depuis la partition du Soudan et le déclenchement de la guerre de Libye qui portait bien son nom d’Aube de l’Odyssée. Je crains fort que l’Afrique soit entrée dans une phase d’au moins vingt ans où ce genre de conflits va freiner son développement tant attendu et qui se profilait à l’horizon avec la saturation prévisible de l’Asie, pendant que l’Europe est encore plongée dans la crise alors que les rares niches de croissances sont sur le continent noir. Beaucoup s’accordent sur un fait : l’Afrique est en train de revivre les pires moments similaires à ceux du temps de la Guerre froide où par alliés et agents interposés, différentes puissances et idéologies (salafisme wahhabites, évangélistes pentecôtistes, baptistes) s’y affrontent par délégation. Nous voilà, après la période des conférences nationales et des processus démocratiques dans le sillage de la Conférence de la Baule des années 1990, plongés, de nouveau, pour longtemps dans l’ère des sommets pour la paix et la sécurité. Espérons cette fois-ci que de ce mal peut-être nécessaire sortira définitivement du bien pour ce continent plein de potentialités, pour paraphraser un peu, Léopold Sédar Senghor.

La France a lancé une intervention en Centrafrique.
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 »In the Arab World, We Africans are Viewed as Inferior Muslims »

Mercredi 15 mai 2013

The French military intervention in Mali has triggered controversial reactions among Muslim intellectuals in West Africa. While there is almost universal rejection of jihadism, opinion about France’s political motives is divided. Charlotte Wiedemann spoke to the Senegalese political scientist Bakary Sambe

Dr Sambe, you have consistently spoken out in favour of the French intervention in Mali. The war has now been going on for three months. Can there be a military solution to the problem of militant Islamism in Mali?

Bakary Sambe: Of course the problem cannot be solved by military means alone. But general security in West Africa was under threat from the armed jihadists in Mali. This is why I supported the intervention.

There is now a great deal of debate over the role of France, and I certainly do not support any neo-colonial interests that France might possibly associate with its course of action. Politically speaking, I grew up with the criticism of European colonialism and imperialism. But it is important that people understand that there is now such a thing as Arab imperialism, and we have to fight that too.

What exactly do you mean by ‘Arab imperialism’?

Sambe: For some time now, the proponents of international Wahhabism have been working on a plan to establish a Wahhabi zone of influence that extends right across the entire Sahel region, from Niger, northern Nigeria and Mali through to Senegal. This represents a huge threat to our brand of Islam, which has always lived in harmony with local cultures.

Bakary Sambe (photo: Lea Rösner)
Dr Bakary Sambe teaches and researches at the Centre for Religious Studies at the Université Gaston Berger in Saint- Louis, Senegal. His specialist subjects are the trans-national networks of militant Islamism and Arab-African relationsOrganisations that are financed by Arab nations such as Kuwait, Qatar and Saudi Arabia are attempting what could be described as an « Islamisation » of our region; they want to bring their idea of « true Islam » to sub-Saharan Africa. This is pure ideology motivated by an Arab paternalism that I vehemently oppose. The attempt to « Arabise » us is based on a total denial of our culture as African Muslims. The destruction of the mausoleums in Timbuktu was an extreme example of this.

In Mali, the leaders of the Islamist occupation in the North came from abroad, but they were also backed by a local minority. What is the reason for this? Poverty, as some claim, or an altered understanding of religion?

Sambe: Poverty is certainly a factor. The African state is weak and does not operate any kind of social policy. But above all, the state has withdrawn too much from the education system, leaving the field to non-state organisations that are financed out of Kuwait, Qatar and Saudi Arabia.

This is especially true of Mali, where the state education system is impoverished and religious players have been given too much room to manoeuvre. This gives rise to a parallel education system with an ideology that comes from abroad and over which the state has absolutely no control.

Although you denounce this Arab influence, you are also opposed to the term « Islam noir » – or « black Islam » – that some westerners are fond of using.

Sambe: This term was introduced during the colonial era and sought to infantilise us, the African people. Allegedly, we were so emotional because we were not as spiritually mature as the Arabs, who were consequently viewed as more dangerous. France has always tried to establish a barrier between the Maghreb and the sub-Saharan region, to prevent any intellectual exchange from taking place.

You speak of an inferiority complex that still affects African Muslims to this day. Where does this come from?

Sambe: In the Arab world, Muslims from sub-Saharan Africa are viewed as second-class Muslims, as sub-Muslims. Imagine this: in the fifteenth century, Timbuktu was an important city of scholars, and now, in the twenty-first century, Arab organisations come here, exploit our young people and tell them that it is their job to Islamise their societies! My response is this: Africa must stop importing ideologies from abroad and regarding itself as a kind of inferior Zone B.

Arab Muslims and sub-Saharan Muslims must at last develop a relationship built on mutual respect. It is still a relationship based on dominance. However, conversion has never been a one-way street. Each and every people that adopted Islam also gave something back to Islam. This was the only way that the universality of Islam could arise.

Interview: Charlotte Wiedemann

© Qantara.de 2013

Translated from the German by Nina Coon

Editor: Aingeal Flanagan/Qantara.de

Visite de Mohammed VI : Les dessous d’un choix obligé de l’Afrique subsaharienne

Samedi 16 mars 2013

Source : Dakaractu.com

16/03/2013

Pour avoir perdu du terrain sur le front méditerranéen et maghrébin, le Maroc n’a plus le choix sur le plan géopolitique et se tourne davantage vers l’Afrique au sud du Sahara. C’est l’avis du Pr Bakary Sambe. Malgré une présence depuis le Moyen-Age, le Maroc a toujours voulu se donner l’image du « pays maghrébin le plus influent au Sud du Sahara » rappelle, le chercheur au Centre d’Etude des Religions (CER) de l’UFR des Civilisations, Religions, Arts et Communication (Université Gaston Berger de Saint- Louis).

Auteur du livre « Islam et diplomatie : la politique africaine du Maroc », le professeur Bakary Sambe parle, certes, de « continuité historique » à l’occasion de la visite du souverain Mouhamed VI au Sénégal soulignant que le Maroc a été le premier pays africain visité par Wade alors nouvellement élu. Il souligne que « les changements politiques intervenus dans les deux pays n’ont jamais eu d’impact négatif sur la qualité des relations bilatérales » et que, le Maroc « jouant sur une stratégie de bilatéralisme sélectif en Afrique, depuis son départ de l’UA en 1984, suite à l’adhésion du Sahara occidental, a toujours fait du Sénégal le pivot de son influence au Sud du Sahara ».

Cependant, soutient Bakary Sambe, « le royaume chérifien n’a jamais perdu de vue l’efficacité politique des symboles religieux qu’il a toujours placés au coeur de sa diplomatie, saisissant les infinies possibilités qu’offre la dimension religieuse dans les contextes du Sud fortement marqués par une certaine privatisation des rapports y compris politiques ». Pour Sambe, « rien n’est laissé au hasaerd; le choix d’un vendredi, la rencontre avec la Ligue des Oulémas du Maroc et du Sénégal, le facteur Tijâniyya, mais aussi la revivification des liens d’amitié entre Hassan II et la famille de Cheikh Gaïndé Fatma, du côté de Touba ». De toute façon, rappelle Bakary Sambe, « il en a toujours été ainsi dans la tradition diplomatique partagée entre les deux pays : de l’inauguration de la grande mosquée de Dakar construite par l’architecte personnel de Hassan II, Gustave Collet, jusqu’à l’officialisation diplomatique du colloque annuel de Fès et des Journées Tijâniyya à Dakar, Rabat avait très vite compris l’impact certain de la stratégie de sacralisation parfois à outrance des rapports diplomatiques ». Le spécialiste du, monde musulman à l’UFR-CRAC de l’Université Gaston Berger va même jusqu’à en conclure « une recherche de modèle religieux » de la part du Maroc qui « tient particulièrement à la survie du Fiqh malikite et du dogme ash’arite en Afrique subsaharienne, où ils sont challengés, comme au Maroc d’ailleurs, par la montée de l’islam wahhabite, et qui fait que le Maroc s’est lancé depuis Hassan II dans une activité soutenue de réédition des classiques religieux redistribués grâcieusement dans les medersas africaines ».

Mais, la nouveauté, pour Bakary Sambe est que les mutations géopolitiques récentes ont fait que le Maroc ne pouvait plus avoir le monopole d’une telle influence basée sur ce qu’il appelle « les ressources symboliques et religieuses. La Turquie dont le premier Ministre Racep T. Erdogan était récemment à Dakar, investit de plus en plus le champ de la « diplomatie religieuse » avec des moyens financiers incomparables et surtout « un modèle de réussite économique à vendre dans le cadre d’une autre alternative Sud-Sud longtemps vantée par le Maroc ».

C’est ce que dit démontrer, Bakary Sambe, dans une récente publication en collaboration avec l’IFRI, l’Institut Français des Relations Internationales (Le Maghreb et son Sud: vers des Liens renouvelés, Editions du CNRS, 2013), en revenant sur les nouvelles perspectives de la « stratégie d’influence marocaine à l’heure des profondes mutations géopolitiques » auxquelles nous assistons.

S’arrêtant, précisément, sur ces « mutations » Bakary Sambe soutient que « Le Maroc n’a pas le choix sur un plan géopolitique. Ses ambitions en Méditerranée sont depuis longtemps bridées par le puissant voisin espagnol. A l’est, l’autre voisin algérien le bouscule jouant sur le conflit avec le Polissario. Donc le Maroc ne peut prétendre à une influence que vers le sud du Sahara », renseigne le Pr Sambe.

Mais, pour le spécialiste des questions internationales, « La deuxième raison, c’est que récemment, nous l’avons vu, qu’avec la crise au Mali, il y a eu un retour en force de l’Algérie sur la scène africaine et on connaît les velléités, sinon les rivalités entre ses deux pays en matière diplomatique, notamment autour du problème du Sahara occidental », ajoute-t-il.

Selon le professeur Bakary Sambe, outre les signatures de conventions et autres accords, particulièrement en matière de transport et de circulation, la visite du roi Mohamed VI sera l’occasion de rencontrer les chefs religieux tidianes, mourides et d’autres confréries. « Mais aussi la rencontre avec les ressortissants marocains qui sont établis depuis très longtemps au Sénégal. Les deux pays étant liés par une convention d’établissement qui fait que les citoyens sénégalais et marocains peuvent résider dans l’un ou l’autre pays avec les mêmes privilèges que les nationaux », précise-t-il.

Mais, « en plus de négocier un accord de libre échange avec la zone UEMOA et s’ouvrir un marché ouest africain de 243 millions de consommateurs sur 15 pays », dit-il, pour conclure, « dans un contexte d’une forte ruée générale vers l’Afrique et ses ressources, le Maroc veut se positionner davantage comme la porte maghrébine de l’Afrique subsaharienne pour, en même temps, jouer les intermédiaires avec l’Europe et consolider la percée de ses entreprises notamment ses grandes banques qui ont fait une OPA sur de larges parcelles du secteur financier ». Et, selon lui, » c’est la raison pour laquelle nos dirigeants sur lesquels compte beaucoup la diplomatie marocaine devraient être plus exigeants avec leur allié, notamment sur la gestion de l’immigration subsaharienne dont les pays maghrébins se font les « gendarmes » d’une Europe en proie à la crise et qui se barricade », insiste, Bakary Sambe.

Occupation du Nord-Mali : l’autre vrai paternalisme occulté par Tariq Ramadan

Vendredi 25 janvier 2013
Par Bakary Sambe*
A supposer que Tariq Ramadan ait un différend personnel voire politico-idéologique avec la France, cela frôle l’indécence de vouloir régler ses comptes pendant que se déroule sous nos yeux un véritable drame du peuple malien. Il a saisi cette opportunité pour s’attaquer à la politique africaine de la France, dont l’armée s’est mobilisée pour libérer le Nord-Mali à une période cruciale.

Sans prendre la défense d’un pays qui a ses choix et ses orientations que nous ne partageons pas totalement, il faut tout de même admettre que si la France n’était pas intervenue, il aurait fallu deux jours de plus pour que les troupes d’occupation sous couvert d’« islamisation »arrivent à prendre Bamako et continuer allègrement leur chemin afin d’instaurer, sur une bonne partie de l’Afrique de l’Ouest, l’émirat « islamique » longtemps rêvé par Mokhtar Belmokhtar.

Pour dire que l’enjeu majeur pour nos pays n’est pas la résurgence de ce discours refuge de Ramadan cherchant habilement à rallier aussi bien la gauche traditionnelle africaine que les néo-islamistes galvanisés par les victoires en demi-teinte des Frères musulmans du Maghreb et de l’Égypte. Peut-être ignorait-il que la nouvelle génération africaine avait dépassé ce débat et se préoccupait plus d’avenir.

Un impérialisme idéologique

L’article de Tariq Ramadan est, certes, intéressant sous plusieurs aspects, y compris, la critique du suivisme intellectuel de nos élites et de la faiblesse de nos États et régimes qui ont fait qu’avec tout le poids historico-symbolique nous ayons encore besoin de la France pour libérer le Nord du Mali. Mais je reste persuadé que François Hollande, sous le feu des critiques de la presse française et d’une certaine opinion, avait tellement à faire en politique intérieure qu’il se serait bien passé d’une guerre dans un contexte aussi morose.

La réflexion de Tariq Ramadan serait plus complète et crédible s’il avait, avec la même vigueur, dénoncé le processus historique et les constructions idéologiques qui amenèrent Ansar Dine et ses membres à s’attaquer au patrimoine de Tombouctou.

Mais il n’a pas pu ni voulu dénoncer avec la même vigueur cet impérialisme idéologique des pays et organisations du monde arabe, qui, sous couvert, d’islamisation de l’Afrique, financent et appuient des mouvements et ONG remettant, aujourd’hui, en cause l’existence même de l’État malien. Et, on peut légitimement se demander, à qui le tour demain ?

Il faut garder présent à l’esprit que des mouvements comme Ansar Dine et leurs alliés d’AQMI ont pour but déclaré de réislamiser le Sahel africain comme si l’islam ne s’y était pas répandudepuis le Moyen Âge dans le cadre d’un long processus constructif et harmonieux attesté par toutes les sources historiques.

C’est cette croyance à une infériorité spirituelle du musulman africain qui est à la base de l’activisme de nombre d’ONG et de pays arabes au « secours » de l’« Afrique musulmane ». En d’autres termes, un impérialisme sur le lit d’un paternalisme d’un autre genre que Tariq Ramadan n’a pas voulu dénoncer. Peut-être même ne le perçoit-il pas, certainement emporté par les lieux communs de l’idéologie d’une « internationale musulmane », dont les adeptes africains sont aussi des inféodés d’un autre impérialisme.

L’infériorisation du nègre dans l’historiographie arabe

L’attaque au patrimoine de Tombouctou par des phalanges venues du nord du Sahara est un retour de l’Histoire. Elle s’inscrit dans la même logique que celle qui avait animé le sultan marocain Mansour Al-Dhahabi, en 1595, lorsqu’il mobilisa son armée pour, disait-il, islamiser le Songhaï alors que Tombouctou était le centre d’un bouillonnement intellectuel depuis le XIIe siècle. L’épisode qu’en a retenu l’historiographie arabe est encore plus sinistre et plus révélateur de l’état d’esprit d’infériorisation du nègre : les armées d’Al-Mansour capturèrent comme esclave l’un des plus grands oulémas de son temps, Ahmed Baba, déporté finalement à Marrakech.

Mais, au-delà des faits, ce sont le discours et l’idéologie qui sont tout aussi « impérialistes » et réducteurs. En réalité, dans le subconscient arabe, au Maghreb comme au Machrek, il n’a jamais été considéré que l’Africain puisse être « bon » musulman. La perception « folklorique »qu’avaient donnée à l’islam « noir » certains commis coloniaux devenus « chercheurs » dans l’Afrique de l’entre-deux-guerres, perpétuée, ensuite, par des africanistes hexagonaux et certains de leurs disciples africains, a fortement déteint sur la manière qu’ont les Arabes musulmans de regarder leurs « frères » du sud du Sahara.

Mieux, l’image d’une Afrique « sans civilisation, terre de l’irréligion » (ad-dîn ‘indahum mafqûd) rejointe par les théories de la tabula rasa, véhiculée par Ibn Khaldoun (Muqaddima) et noircie par l’intellectuel syrien Mahmoud Shâkir, dans son Mawâtin shu’ûb al-islâmiyya, est restée intacte dans certains imaginaires. Ce dernier auteur, à titre d’exemple, présente le Sénégal, qu’il n’a peut-être jamais visité, comme un pays avec ses « sauvages et cannibales » dépourvu de toute pratique ou pensée islamique « respectables ».

Le massacre du patrimoine de Tombouctou par ces bandes armées financées par des pays et organisations arabes me conforte davantage dans l’idée que, derrière le bannissement systématique des pratiques religieuses des communautés originaires d’Afrique, il y avait le mépris d’une catégorie de musulmans qui n’auraient que le choix d’une posture mimétique s’ils voulaient rester « dans la communauté ». L’expression la plus parfaite de la négation de l’apport de l’Afrique à la civilisation islamique. On dirait revivre les pires moments de la théorie ayant orienté l’entreprise coloniale, dont Tariq Ramadan critique sélectivement les résidus. Mais il ne s’attaque pas à la substance de ce paternalisme arabe sous couvert d’islamisation qui veut arriver à bout des équilibres sociaux comme de l’harmonie longtemps louée des sociétés africaines musulmanes.

En fait, il est passé parmi les choses admises qu’il y a une éternelle mission islamisatrice dont les Arabes, cette minorité dominante du monde musulman, seraient naturellement investis. Le Qatar a son « croissant rouge », qui appuie Ansar Dine à Gao, et le Koweït son Agence des musulmans d’Afrique comme l’Arabie Saoudite pilote, par milles officines, la World Association of Muslim Youth (WAMY), généreuse donatrice de la célèbre mosquée de Goodge Street, à Londres, bastion du jihadisme européen.

Un islam « africain » plus « folklorique » ?

Cette croyance est tellement ancrée qu’elle marque l’attitude de mépris de la part des intellectuels du monde arabe vis-à-vis de l’islam africain et de sa production. J’en fus témoin irrité, c’est dans l’enceinte de la prestigieuse université de Californie, à Los Angeles, qu’un haut responsable de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), dont Tariq Ramadan est la star préférée, avait laissé entendre que l’islam « africain » était plus « folklorique » que « spirituel », répondant, ainsi, à un chercheur américain encore intéressé par l’enrichissante diversité de l’islam !

Le plus grave est que ce paternalisme arabe sur les musulmans de « seconde zone » que seraient éternellement les Africains se nourrit d’un vieil imaginaire savamment entretenu. C’est incroyablement, encore Ibn Khaldoun, pourtant esprit éclairé de son temps, qui les traitait de « wahshiyyûn » (sauvages) cannibales « ya’kulu ba’duhum ba’dan » ignorant toute notion de civilisation « tamaddun, hadâra ».

La pensée religieuse n’a pas été en reste lorsque dans la Risâla d’ibn Zayd al-Qayrawânî, faisant encore curieusement référence dans nos pays, il fut mentionné dans un esprit foncièrement esclavagiste qu’il était banni (yuharramu) de commercer avec les habitants du Bilâd Sûdân (pays des Noirs) qui sont des « impies » (kuffâr).

Comme aujourd’hui, l’Afrique subsaharienne d’alors devait être le dindon de la farce théologico-politique entre le kharijisme « banni » et un sunnisme dominant contrôlant les points d’eau sur les routes du commerce caravanier. Dans des relents de pure nostalgie Khalîl al-Nahwî pleure encore l’Afrique musulmane qui ne saurait avoir de personnalité propre que par les « profondes influences » de ce qu’il appelle la « civilisation arabo-musulmane »(Ifrîqiyya-l-Muslima ; Al-Huwiyya-d-dâ’i‘a ; L’Afrique musulmane, l’identité perdue).

L’avenir de l’Afrique subsaharienne

C’est cette vision qui accompagne l’entreprise de déstabilisation de l’Afrique de l’Ouest par la prédication d’une forme de religiosité née des contradictions ayant eu cours dans un monde arabe qui a longtemps valsé entre arabisme et islamisme pour en arriver à sa présente impasse.

Je crois personnellement qu’il était mal venu de la part de Tariq Ramadan de vouloir transposer ses différends avec la France ou l’Occident qu’il dit « meurtri et mourant de ses doutes et des crises économiques, politiques et identitaires qui le traversent ». Soit.

Mais le véritable enjeu pour les pays africains, loin des idéologies importées et des modèles qu’on voudrait y plaquer, est une réflexion sur l’avenir des entités politiques aujourd’hui menacées par cet activisme dont ne parle point Tariq Ramadan.

Pouvait-il ignorer ce vieux projet de zone d’influence d’un islam wahhabite radical clairement identifiable aujourd’hui ? Cette ligne Érythrée-Khartoum encerclant l’Éthiopie « chrétienne », en passant par Ndjaména et traversant les actuelles provinces du Nord-Nigeria appliquant la « sharî‘a », le Niger et le Mali, sous effervescence islamiste, pour aboutir au Sénégal, seul pays d’Afrique noire ayant accueilli par deux fois le sommet de l’OCI et siège régional de la Ligue islamique mondiale entre autres ? Ou bien, dans la démarche ramadanienne, la critique et la dénonciation des complots et conspirations sont aussi sélectives ?

À moins qu’on accorde à Tariq Ramadan le bénéfice d’un doute sur sa connaissance des réalités subsahariennes ! 

Mais serait-ce même la seule raison si l’on sait que, sur cette question précise de l’intervention française au Mali, Tariq Ramadan adopte la même position que le chef spirituel et idéologue d’Ennahda, le tunisien Rachid Ghannouchi, le Premier ministre marocain Benkirane, le président égyptien issu des Frères musulmans Mohamed Morsi, rejoints plus tard par l’emblématique Yusuf Qaradâwî, le prédicateur sous les ordres du Qatar, qui a financé Mokhtar Belmokhtar le nouvel émir autoproclamé de l’Afrique subsaharienne ?

En tout état de cause, dans cette prise de position énigmatique de Ramadan, aussi bien l’occultation du paternalisme arabe savamment drapé du prétexte d’islamisation que la troublante coïnci-concordance avec les déclarations des leaders du panislamisme les plus en vue donnent le tournis aux plus optimistes quant à sa sincérité.

* Dr. Bakary Sambe est enseignant-chercheur au Centre d’études des religions (CER), UFR des Civilisations, Religions, Arts et Communication, université Gaston Berger, Saint-Louis du Sénégal.

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