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Dr Bakary Sambe : « La première des sécurités dans notre combat contre les jihadistes, est la justice sociale et un système éducatif performant! »

Lundi 22 décembre 2014

En marge du Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, Dakaractu a rencontré Monsieur Bakary Samb, directeur de l’Observatoire sur le radicalisme religieux et les conflits en Afrique. Depuis longtemps il mène une réflexion sur les causes de la radicalisation de nos jeunes sur le plan religieux, et sur un relatif effacement de nos guides religieux face aux menées des salafistes. Il nous apprend à ne pas banaliser les actes posés par des mouvements dits religieux et qui servent de cheval de Troie à des individus autrement plus dangereux pour notre jeunesse. Entretien…

Dakaractu : Un Forum sur la paix et la sécurité en Afrique, pour quoi faire ?

Bakary Samb : Les organisateurs de ce forum disent inscrire celui-ci dans la suite du sommet de l’Elysée, l’an dernier, sur la sécurité en Afrique, convoqué naguère par François Hollande et qui avait accueilli les chefs d’Etat du Sénégal, du Mali, de la Mauritanie et même du Nigéria, entre autres. Ce Forum de Dakar s’intéresse donc aux problématiques de sécurité des frontières, celles sanitaires, et celle évidemment liée au terrorisme qui ensanglante la bande du Sahel.

Dakaractu : La présence des Chefs d’Etat, de militaires, de ministres de la Défense, notamment celui de la France, laisse-t-elle penser que l’Afrique est en guerre contre le terrorisme et les jihadistes ?

B. S. : Certains observateurs avisés ont relevé qu’aujourd’hui, le continent africain est fortement militarisé, avec une forte présence étrangère. On l’a vu au Mali dans le cadre de l’opération Serval et Barkhane, en Centrafrique, et certains émettent même l’idée d’intervenir au Nigéria avec Boko Haram, qui à mon sens ne relève plus d’un problème nigérian ou africain, mais est devenu un problème international qui devrait être traité comme tel par les Nations-Unies. Alors, peut-on dire que nous sommes plus en sécurité avec ces armées étrangères déployées sur notre continent ? Je ne le crois pas. Il convient d’abord de s’attaquer aux racines du mal, à ses causes plutôt qu’à ses symptômes.

Dakaractu : La solution militaire ne traduit-elle pas le fait que la bataille est déjà perdue ?

B. S. : Je l’ai dit plusieurs fois, notamment avec des experts de l’Union Européenne, que l’achat d’un vieux char d’occasion valait plus cher que la construction d’une école. L’image est forte, mais elle dit que si on attend que les jihadistes, les salafistes ou autres, s’installent au nord du Mali, en Libye, ou en Algérie, c’est qu’on a déjà perdu la bataille contre le terrorisme, qui à mon sens doit se gagner par l’éducation et la justice sociale.
L’éducation parce que dans nos pays, nos Etats africains sont parmi les rares au monde où l’Etat n’a pas une totale maîtrise sur le système éducatif. Imaginez un pays qui veut construire un type de citoyen, transmettre des valeurs, pour faire un citoyen modèle, et jouer son rôle d’Etat qui s’occupe de socialisation, et qui a plusieurs systèmes éducatifs. Un système éducatif reconnu, officiel, d’écoles publiques et laïques, et un autre système éducatif qui lui échappe totalement, en termes de financement, d’orientations pédagogiques et de curriculum. Cela conduit à un choc entre différentes élites qui n’ont pas les mêmes systèmes de socialisation, pas les mêmes valeurs et qui tôt ou tard vont s’affronter sur des questions fondamentales telles que la nature laïque de l’école, voire la constitution ou la vision même de nos Etats.
Nous sommes en face de problèmes que nos Etats doivent traiter de façon très sérieuse. La communauté internationale, si elle vise à aider l’Afrique, doit accompagner nos Etats dans ce sens-là. D’autre part, nos Etats sont perdus dans des « stratégies Sahel » qui sont souvent contradictoires et sans harmonisation.

Dakaractu : Par rapport à la salafisation de notre espace religieux, quel aurait dû être le rôle des confréries au Sénégal, pour juguler ce qui se répand de façon insidieuse.

B. S. : Les confréries jouent un rôle important de rempart contre l’idéologie salafiste et wahabite, qui à mon sens est bien implantée dans notre pays. Cette idéologie, à l’origine de massacres ou de la destruction des mausolées de Tombouctou, est bien présente chez nous et depuis bien longtemps, incarnée par des mouvements qu’on connaît, qui ont pignon sur rue et qui parfois, par une stratégie de dissimulation de leur agenda, infiltrent la société civile, la classe politique et s’affirment comme tels, étant dans un pays où la Constitution ne permet pas l’érection de partis politiques d’obédience religieuse.
D’un autre côté, je crois que les confréries pourraient jouer un rôle beaucoup plus important, si elles s’attelaient à un véritable travail de modernisation de leur discours, pas dans le sens de la perte de leurs valeurs fondamentales, mais dans le sens d’une nouvelle pédagogie du soufisme. Car nous sommes en présence d’une nouvelle jeunesse de plus en plus exigeante dans sa compréhension de la religion, et qui est en demande forte de spiritualité. Si les confréries n’offrent pas ce cadre-là, nos jeunes vont regarder ailleurs. Nous sommes dans un monde globalisé, dans un marché de biens symboliques, où circulent des offres, et les consommateurs que sont nos enfants ne consommeront que des offres bien modelées sur ce marché-là.
Or, ces confréries offrent des choses archaïques, qui ne collent pas avec les réalités du moment. Pour jouer leur rôle de rempart, ce discours doit être travaillé et revu. Ces confréries doivent aussi cesser leurs accointances répétitives avec le pouvoir politique, qui les décrédibilisent complètement. Il y a un paradoxe dans le paysage islamique sénégalais, c’est qu’une frange de la population se détourne des confréries, non pas en étant contre leurs enseignements des anciens comme Cheikh Amadou Bamba, ou El Hadj Malick Sy, mais par déception vis-à-vis d’un discours qui ne tient pas compte de leurs réalités. Cette frange de la population, malheureusement, se dirige vers des mouvements allant de l’idéologie des Frères Musulmans à certains cercles salafistes, comme celui qui contrôle la Mosquée de l’Université de Dakar, où derrière un décor de modernité, sous un discours d’un Islam rationnalisé, on transmet une idéologie des plus rétrogrades de l’Islam. Les confréries doivent jouer leur rôle, car elles ont une force, un impact sur la réalité et sur la vie des gens, de sorte qu’aujourd’hui, elles ne peuvent pas se mettre à l’écart de ce combat pour leur survie et la pérennisation d’un modèle religieux qui a façonné l’espace sénégalais, mais aussi parce qu’il y a un enjeu global de sécurité.
Au Nigéria, on a vu des gens instruits, complètement rejetés par le marché du travail, en dehors du système politique et économique, qui se radicalisent et combattent leur propre société.

Dakaractu : Le terrain d’adhésion n’est-il pas celui que proposent à des jeunes désœuvrés ou non instruits, les nouveaux jihadistes?

B. S. : Nous avons longtemps dormi sur nos lauriers et sur le mythe du sénégalais naturellement non violent, qui veut accréditer l’idée que cela ne peut nous arriver ici, comme cela s’est produit au Mali et à Tombouctou. Je crois qu’un jeune, désespéré au point de s’immoler devant les grilles du Palais présidentiel ou dans le campus universitaire, ce jeune-là est capable s’il est endoctriné, de porter une ceinture d’explosifs et de se faire sauter avec. Et puis, sur le terrain, à Tombouctou, durant l’opération Serval, on a retrouvé des sénégalais, venant de  France certes, mais aussi du Sénégal, qui faisaient partie d’un mouvement salafiste et qui ont été à Tombouctou pour faire le Jihad. Des témoignages existent dans ce sens. Ce mythe du sénégalais naturellement non violent ne tient plus la route. Quand l’Etat faillit, quand l’éducation échoue, quand la justice sociale n’est pas au rendez-vous, quand la démocratie se réduit seulement à une démocratie électorale, alors que dans la redistribution des richesses, l’Etat ne joue pas son rôle, nos jeunes peuvent être embrigadés ou endoctrinés par ces mouvements qui leur vendent des illusions. Les terroristes ont deux choses que nos Etats n’ont pas : le temps et l’argent.

Dakaractu : La première des sécurités n’est-elle pas de rétablir la justice sociale et de donner un avenir à ces jeunes ?

B. S. : La base de la sécurité est la justice sociale et aussi que l’Etat joue pleinement son rôle, que l’éducation soit assurée, que les inégalités soient résorbées. L’approche militaire et seulement sécuritaire ne peut épuiser la question, d’autant que Al Quaïda a changé de stratégie depuis l’Afghanistan, et ne s’investit plus dans des causes globales et internationales, mais se limite à récupérer des conflits locaux, à les islamiser et à attirer l’occident dans le piège de l’intervention, ce qui va leur donner de nouveaux arguments de l’anti-Islam de l’occident. Il nous faut avoir le courage de considérer la réalité de la menace. Je ne suis pas un pyromane, ni un alarmiste, mon rôle de chercheur m’amène à dire que ce qui s’est passé ailleurs peut se passer ici chez nous. L’idéologie salafiste qui a conduit à la destruction des mausolées de Tombouctou est bien chez nous. Maintenant, l’opérationnalité de la menace n’est qu’affaire de circonstances, et ces circonstances malheureusement ne sont pas maîtrisables, il nous faut donc être vigilants et mener une politique de prévention.
Dakaractu : Depuis 2012, vous ne cessez de tirer la sonnette d’alarme. Que vous répondait-on ?

B. S. : Dans le contexte malien, nous nous étions rendu compte que le discours émergeait, attirait notre attention sur un certain endoctrinement dont le support était l’enseignement incontrôlé, et des liens avec certaines organisations en dehors du Sénégal, qui avaient l’intention d’exporter leur idéologie dans notre pays. Je suis un patriote, je ne veux pas nuire à l’image de mon pays, à des investissements probables, au tourisme, mais nos autorités publiques doivent prendre leurs responsabilités en tenant compte de la menace. Il nous faut gérer cette menace avec vigilance et prévention, et surtout utiliser les ressorts qui existent dans notre société, comme l’idéologie soufie, les paroles de nos guides qui portent et qui sont écoutées.
Il ne faut pas se leurrer! Le Sénégal ne peut demeurer cette oasis de stabilité, dans un océan d’instabilité, si on ne prend pas nos responsabilités et qu’on ne résout pas les frustrations de notre jeunesse, qui peut être à la merci de certains vendeurs d’illusions.

Dakaractu Bi Hebdo

« Il est temps que l’ONU considère Boko Haram comme un problème international prioritaire! »

Dimanche 14 décembre 2014

Il est temps que l’ONU considère Boko Haram comme un problème international prioritaire

« Lorsque les exactions d’une organisation causent des dizaines de milliers de déplacés et de réfugiés, des tueries massives et peuvent déstabiliser les Etats frontaliers, elle ne peut plus être considérée comme  un problème strictement nigerian » s’alarme Bakary Sambe, enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, dans un entretien accordé à Dakaractu.
Selon lui, « les incursions de Boko Haram au Cameroun, les défis sécuritaires que l’organisation pose à des pays comme le Niger sont de nature à compromettre le principe même de souveraineté et à causer, à moyen terme, des conflits pouvant aggraver l’instabilité de la région »
Pour le coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA) « le contexte préélectoral qui prévaut au Nigeria est lourd de toutes les incertitudes quant à la stabilité du pays et les dangers d’un scrutin à haut risque si l’on sait que même les élections de 2011 relativement plus calmes que d’habitude avaient causé au moins 1000 morts ».« S’y ajoute qu’une certaine perception au sein de la classe politique nigeriane considère le Nord comme plutôt favorable à l’opposition et que les partisans de Goodluck Jonathan ne se plaindraient pas, outre mesure, d’une déstabilisation de cette région », confie Bakary Sambe à Dakaractu.
« Les récentes attaques contre des cheikhs de la Tijaniyya et la mosquée de Kano sans compter les multiples exactions sur les populations civiles sont le signe d’une recrudescence dans un contexte international fortement marqué pas les évènements qui secouent le Moyen-Orient avec Daech ». Pour Bakary Sambe, « ce n’est pas une simple coïncidence si au même moment où les hommes d’Al Baghdâdî revendiquent un Etat dit islamique, Boko Haram proclame un califat, dans le sillage des actions spectaculaires des groupuscules djihadistes comme Jund al-Khilâfa ».
« Mais au moment où l’armée nigeraine a tout le mal du monde à reprendre le contrôle de l’ensemble du territoire et où on s’interroge sur le sort de soldats qui auraient déserté pour se réfugier au Cameroun, il devient légitime, surtout en cette période préélectorale, que la communauté internationale se mobilise autour de l’équation Boko Haram », rappelle Dr. Sambe.
D’après Bakary Sambe, « l’urgence d’une mobilisation internationale n’est plus à discuter si l’on sait les crises humanitaires qui affectent déjà les Etats de Borno et de l’Adamawa avec des répercussions inéluctables au Niger, au Cameroun voire au-delà ».
« Pour toutes ces raisons et au regard des conséquences d’une expansion territoriale du phénomènel’ONU a tout intérêt à traiter de la question Boko Haram comme une priorité internationale absolue », conclut Bakary Sambe.

L’Afrique doit rester le bastion d’un islam de paix et de tolérance

Dimanche 14 décembre 2014
Bakary Sambe (CRAC-UGB) en Conférence à Montréal : « Les Africains musulmans ont une alternative à proposer à la Oummah et au monde arabe en crise »
  • Pour Bakary Sambe, « le continent ne doit pas se suffire d’importer des crises exogènes en même temps que des modèles idéologiques, mais doit plutôt s’efforcer d’exporter l’alternative d’un islam de paix et cohésion sociale tel que nous le connaissons au Sénégal ».

C’était lors d’une conférence intitulée « le modèle islamique sénégalais à l’épreuve du radicalisme », en marge d’un colloque international sur « l’islam politique au Grand Moyen-Orient et en Afrique de l’Ouest », organisé par l’Institut des Hautes Etudes Internationales (HEI) de l’Université Laval du Québec.

Dr. Bakary Sambe, connu pour ses positions en faveur de la valorisation de la contribution africaine au patrimoine islamique, a été l’invité du Regroupement général des Sénégalais du Canada (RGSC) et de l’Association des étudiants sénégalais de Montréal dans le cadre d’une conférence modérée par le philosophe Dr. Khadim Ndiaye en présence des responsables de la communauté.

Dès l’entame de son propos, il dira que « cette minorité dans la Oummah que représente le monde arabe devrait apprendre à s’inspirer des modèles islamiques qui ont réussi ailleurs comme en Asie et en Afrique ».

Selon ce spécialiste du monde musulman au Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger, « il est de l’intérêt même de la Oummah que les africains musulmans se départissent de tous les paternalismes d’Occident comme d’Orient et s’affirment avec responsabilité en porteurs d’une alternative à l’extrémisme violent ».

Intervention Nord-Mali : Pourtant, le Sahel est si important pour les Etats-Unis …

Vendredi 2 novembre 2012

Par Dr. Bakary SAMBE

Les déclarations prêtées, depuis Alger, au général Carter Ham, chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom) ont dû surprendre nombre de diplomates rentrés fraîchement de la 67è Assemblée générale de l’ONU à New York. Carther Ham semble insister sur position américaine privilégiant « une solution diplomatique et politique à la crise malienne ». Pourtant, à commencer par le premier pays concerné nombreux sont ceux qui ont plaidé pour une intervention militaire dans le Nord du Mali. Il semblerait que Washington opte pour une maîtrise de tous les enjeux avant un positionnement définitif ; ce qui expliquerait les récentes investigations menées sur les différents acteurs (MNLA, MUJAO, Ansar Dine) afin de mesurer les divers degrés d’implication mais aussi le rapport de force devant déterminer sa stratégie.

On peut se demander si ces déclarations expriment, réellement, un positionnement déjà établi ou cachent  une certaine précaution motivée par la hantise d’un échec au cas où deux acteurs majeurs de cette crise ne s’engageaient pas dans une éventuelle intervention : la Mauritanie et surtout l’Algérie qui n’est pas en faveur de l’option militaire.  Carther Ham, renforcé par Carlson, a été catégorique aussi bien à Alger qu’à Rabat : «Aucune intervention militaire n’est envisageable dans cette région ni dans le nord du Mali», ajoutant que « le déploiement de forces militaires ne fera que compliquer la situation en ce moment ».

Pourtant, la crise que traverse le Mali, avec ses répercussions attendues sur le plan régional avait occupé une bonne place dans le discours prononcé par Hillary Clinton dans l’enceinte de l’Université de Dakar. On ne peut en douter, les enjeux géostratégiques sont énormes pour les Etats-Unis dont l’action et l’influence, dans le Sahel, devraient rester une réalité avec laquelle il va bien falloir compter dans les prochaines années. Il est de l’intérêt des USA d’avoir une maîtrise de toutes les situations qui peuvent s’y produire de la même manière que le Maghreb. Depuis les attaques du 11 septembre, les Etats-Unis s’intéressent davantage à cette dernière région ainsi qu’au Sahel qui en est le prolongement stratégique (partenariats économiques, coopération militaire et sécuritaire). Le 11 septembre a véritablement favorisé un rapprochement entre les États-Unis et les régimes maghrébins, notamment algérien (surtout depuis 2001), mauritanien (depuis 2002), marocain (depuis mai 2003, suite aux attentats de Casablanca), et même, à l’époque, libyen (après décembre 2003).

Rien qu’en 2012, c’est la deuxième fois que le Général Ham se rend en Algérie en moins de six mois. Cette fréquence révèle l’intérêt diplomatique des Etats-Unis pour le Sahel mais aussi la position-clé qui est celle de l’Algérie pour l’issue de ce conflit loin d’être à son épilogue.

Mais Washington a tout intérêt à ce que cette zone du Sahel soit stable parce qu’elle représente un double enjeu économique et stratégique pour positionnement américain en Afrique.

 

Le Sahel représente un enjeu économique immédiat pour les Etats-Unis :

Le Sahel est un espace stratégique pour le transport du pétrole et du gaz. Les luttes d’influence entre les trois protagonistes (Etats-Unis, France et Chine) n’y sont plus un secret. La France peut jouer la carte de la proximité linguistique et, peut-être inconsciemment, de l’héritage colonial alors que les Etats-Unis ne peuvent compter que sur leur présence économique et militaire effective. Présence doublée d’une capacité à user d’une diplomatie moderne, idéal-type du soft power. Pour l’approvisionnement en pétrole, les Etats-Unis qui importent actuellement 15% de leurs besoins d’Afrique devraient en importer 25% en 2015. La région du Sahel va, donc, jouer un rôle de premier plan dans sa fourniture d’énergie. Rappelons que ces dernières années, le Tchad et la Mauritanie sont devenus des pays producteurs de pétrole. Dans le cadre de la diversification des pays fournisseurs de pétrole les Etats-Unis ont même entrepris un intense travail de lobbying pour obtenir, dans le bassin de Taoudéni (1193 de Bamako), une importante concession pétrolière qui avait été octroyée à la société américaine Terralliance Petroleum. Au regard de tous ces éléments, les USA pays sont directement concernés par cette crise au Mali qui n’est pas sans conséquences même jusqu’au Nigeria où Washington suit de près la situation, à cause de la présence de Boko Haram. Les enjeux sont énormes en ce qui concerne aussi bien le pétrole que l’uranium (stratégique pour le nucléaire, notamment français). On sait que la Chine, par exemple, cherche, en premier lieu, à maintenir actifs les deux contrats d’exploitation de pétrole dans la région de Gao et continue ses manœuvres pour tirer profit d’une éventuelle redistribution des cartes…

 

D’énormes enjeux stratégiques et sécuritaires pour les USA

Avec le processus de fragmentation du Mali, tous les pays du Sahel et ceux du Maghreb limitrophes sont menacés. Suite l’auto-proclamation de l’indépendance pour le moment fragile de l’Azawad au nord du Mali, c’est la Libye qui risque de connaître le même sort avec les tentations autonomistes voir sécessionnistes de la Cyrénaïque riche en hydrocarbures, et même du Fezzan au Sud. Les groupes terroristes aussi bien locaux que transnationaux sillonnent déjà la région en y menant leurs activités assez aisément : contrebande, trafic d’armes armes, recrutement de djihadistes. Les groupes terroristes, dont le plus actif est le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) affilié à al Qaeda, constituent une menace pour cette région avec ses plus de cent millions d’habitants. En plus, États-Unis y ont déjà beaucoup investi dans la coopération militaire entre les gouvernements dans la région (Algérie, Maroc, Tunisie, Mauritanie, Mali, Niger, Tchad, Sénégal et Nigéria).

L’enjeu majeur pour l’Amérique est donc d’éviter une situation incontrôlée mais aussi d’empêcher les groupes d’y établir des bases comme en Afghanistan avant le 11 septembre. Les Etats-Unis ont déjà dépensé en 2002, dans le cadre de l’Initiative Pan Sahel (IPS), plus de 8 millions de dollars. Un autre programme la Trans-Sahara Counter terrorism Initiative a aussi été financé par les Etats-Unis (depuis juin 2005) avec l’Exercice Flintlock 2005 pour l’entrainement des forces de sept pays sahéliens afin d’empêcher les groupes terroristes et armés d’établir des refuges sécurisés dans la région. Le coût initial de ce programme était, selon des sources concordantes, de l’ordre de 100 millions de dollars !

Si les forces terroristes d’Ansar Dine liées à Al-Qaeda arrivaient à contrôler durablement le Nord Mali et coopèrent encore plus avec les autres mouvances djihadistes (Boko Haram, MUJAO déjà actif, Shebab en Somalie), une véritable zone comparable à l’Afghanistan va voir le jour et gêner, durablement, les intérêts économiques des Etats Unis (pétrole et richesses minières) comme de la France.

Cela compromettrait même, à jamais, l’installation et la consolidation d’une base militaire américaine dans des zones comme Tessalit (1300 km de Bamako). Pourtant des voix s’élevaient, récemment, dans la classe politique malienne, pour appeler à une concession de cette base aux Etats-Unis, considérés comme la seule puissance capable de déloger efficacement les éléments d’Al-Qaeda. On sait, par exemple, qu’au début du conflit malien en avril, l’Iran prévoyait les vols de deux avions cargo pour, depuis Khartoum, débarquer à Kidal et Tessalit puis à Tombouctou, une fois prise, des centaines de combattants rameutés d’Afghanistan, du Pakistan, du Yémen et de Somalie ainsi que des armes sol-air pour leur permettre de répliquer à tout raid aérien. Dans une telle configuration, seule une base à Tessalit permettra aux USA d’avoir non seulement le contrôle sur le vaste espace sahélien, mais de maîtriser les mouvements de bâtiments de guerre ainsi que le transport du pétrole dans une bonne partie du pourtour méditerranéen. Les Américains en sont conscients qui observent avec grand intérêt les développements dans la région loin de leur isolationnisme traditionnel et malgré leurs intentions « purement » économiques telles qu’affichées généralement.

De plus, l’énorme influence dont jouissent actuellement les Etats-Unis, notamment au Maghreb, pourrait, peu-être, aider à résoudre l’équation algérienne si pesante sur l’issue du conflit ; l’Algérie étant le seul pays pouvant aider à déloger les éléments d’AQMI du Nord Mali, comme elle avait, du reste, pendant des années, empêché Khadhafi de s’y installer.

Mais, Washington devrait travailler sur plusieurs hypothèses y compris celle qui verrait réussir une intervention militaire de la CEDEAO. Malgré les réticences algériennes et mauritaniennes, des experts misent sur une telle éventualité. Pour les déjà convaincus de l’opération militaire, sa réussite serait possible pour plusieurs raisons: la CEDEAO a déjà acquis une grande expérience (ECOMOG au Libéria et en Sierra Léone) même s’il y a eu des ratés; le désert du Sahel est propice à une intervention armée. L’autre élément tactique qui les galvanise est la supériorité aérienne des forces de la coalition qui serait décisive dans une zone, à maints égards, différente de l’Afghanistan avec ses montagnes qui permettent le camouflage des rebelles. Selon eux, tout indiquerait que les islamistes ne feront pas le poids (insuffisance en nombre, équipements et compétences tactiques) malgré leur bonne connaissance supposée du terrain et … l’aide supposée de certaines monarchies du Golfe !

Quelle que soit l’issue de cette crise, aucune puissance ne pourra se permettre une auto-exclusion du processus de reconstruction et, surtout, d’un indispensable et ambitieux plan de l’ONU comprenant un pan économique important pour pacifier, à long terme, la région du Sahel !

Dr. Bakary Sambe, Enseignant-Chercheur à l’UFR CRAC Université Gaston Berger de Saint-Louis, Spécialiste du monde musulman et des réseaux transnationaux.

La CEDEAO pourra-t-elle parvenir au règlement de la crise malienne ?

Jeudi 30 août 2012


Par Dr. Bakary Sambe

Le pouvoir confié à la CEDEAO dans cette crise l’est en vertu du principe de la subsidiarité. En fait, les Organisations Internationales et Régionales sont les premiers responsables de la prévention, du règlement et la gestion des crises et conflits qui interviennent dans leurs zones d’influence conformément à une solide jurisprudence en Afrique de l’Ouest avec l’ECOMOG au Libéria et en Sierra Leone.

Mais, il apparaît, dans la gestion de cette crise, le constat général d’un cafouillage ou d’un manque évident de stratégie de la CEDEAO avant et pendant la crise.

Avant la crise : Il n’y a pas eu d’actions préventives à l’appui de l’armée malienne depuis l’incursion des « envahisseurs » alors que la CEDEAO est théoriquement dotée d’une unité d’alerte précoce pour les crises.

Toutefois, on pourrait concéder, à la décharge de la CEDEAO, le fait que le Mali n’a jamais, et jusqu’ici d’ailleurs (certainement par orgueil), voulu saisir l’organisation d’une requête pouvant déclencher une quelconque action.

Pendant la crise : il y a eu de nombreux Sommets tenus au plus haut niveau sans résultats palpables ; constat de l’absence d’une officine pour élaborer des stratégies adéquates au niveau de la CEDEAO.

Des précédents sont là pour illustrer cette absence de stratégie :

-          La question de la reconnaissance de la Junte militaire du Capitaine Sanogho reste très problématique

-           la saisine du Conseil de Sécurité pour faire endosser par la communauté l’intervention militaire programmée montre une l’impréparation notoire. Le dossier sera d’ailleurs renvoyé par le Conseil de Sécurité pour « absence d’une stratégie militaire claire de la CEDEAO ».

-          La question sensible des armes destinées au Mali et détenues dans quelques capitales des pays membres de la CEDEAO. (Est-ce une stratégie voulue ou une simple improvisation ?

-          La question de l’implication souhaitée des troupes tchadiennes : très mal gérée par la CEDEAO. Il est à déplorer que le Tchad qui est observateur de la CEDEAO n’ait jamais été impliqué dans les consultations officielles au niveau de l’organisation sous-régionale; d’où son refus actuel de s’impliquer ; signe d’une crise profonde confiance mutuelle.

Le dossier du règlement de la crise malienne est jusqu’ici mal géré sous plusieurs aspects. Néanmoins, la CEDEAO a encore la possibilité de redorer son blason en cas d’intervention militaire réussie. Ce qui reste encore problématique avec le facteur Algérien à prendre en compte. Sans l’appui logistique de ce pays, on ne peut garantir la réussite d’une opération militaire dans le Nord du Mali. Rappelons que c’est l’Algérie qui a pu empêcher, pendant des décennies, que Khadhafi s’installe dans le Nord du Mali.

On pourrait trouver, néanmoins, des excuses à la  CEDEAO, si on tient compte du fait que la récente crise institutionnelle qui a secoué cette organisation a eu un impact négatif sur la gestion de ce dossier. Finalement, c’est, seulement, avec l’appui des partenaires stratégiques (USA, France, ONU, UA et UE), que la CEDEAO pourrait néanmoins s’en sortir et peut-être sauver la face.

Hélas, on est encore loin du rêve de la CEDEAO ou de l’Afrique qui règle ses propres problèmes.

UN COLLECTIF D’INTELLECTUELS MOURIDES SE PRONONCE SUR LE PROJET DE LOI DE LA VICE-PRÉSIDENCE

Samedi 25 juin 2011

UN COLLECTIF D’INTELLECTUELS MOURIDES SE PRONONCE SUR LE PROJET DE LOI DE LA VICE-PRÉSIDENCE

Nous considérons que la situation du pays est aujourd’hui grave et commande que toutes les femmes, tous les hommes, animés de la bonne volonté de maintenir l’unité nationale, la concorde et l’entente entre les citoyens, puissent se prononcer car l’intérêt supérieur de la nation le suggère.

Ce pays le Sénégal, est et a toujours été un pays de dialogue. Nous, ce collectif d’intellectuels, appartenons à une Communauté de dialogue, fondée sur les valeurs de consensus, d’unité et de défense des intérêts supérieurs de la Nation. Son Khalife actuel, dès l’entame de son magistère a tenu à démontrer cet ancrage du Mouridisme dans la défense de ces valeurs d’unité comme ont eu à le faire ses prédécesseurs.

De ce fait et animés de cette volonté d’unité, nous considérons que ce projet divise profondément la Nation Sénégalaise, et ébranle son Unité en remettant en cause la souveraineté du Peuple.

Ainsi nous demandons au chef de l’Etat de retirer ce projet et d’ouvrir ses portes au dialogue afin de trouver un consensus et d’aller à l’essentiel, qui consiste aujourd’hui à s’occuper des vrais problèmes urgents des sénégalais : coupures de courant, inondations, monde rural, chômage des jeunes et la paix en Casamance, entre autres.

Membres du Collectif d’intellectuels mourides :
Mame Thierno Mbacke
Serigne Khadim Lo, Conférencier-Chercheur
Cheikh Fatma Mbacke, Ingénieur Informaticien
Cheikh Mbacke Khaïra, Chef d’entreprise
Khadim DIOP, Financier-banquier
Serigne Same Bousso, Conférencier-Chercheur
Serigne Mame Balla Mbacke, Chercheur
Abdou Aziz Mbacke Majalis, chercheur-écrivain

Disparition de Serigne Mouhamadou Lamine Barra Mbacké, Khalif Général des Mourides

Jeudi 1 juillet 2010


Serigne Mouhamadou Lamine Bara Mbacké est décédé à l’âge de 85 ans, a appris jeudi tôt le matin l’Agence de presse sénégalaise.

Fils de Serigne Falou Mbacké, deuxième Khalif général des mourides, Mouhamadou Lamine Bara avait lui-même accédé au khalifat à l’issue du rappel à Dieu de son oncle Serigne Saliou Mbacké survenu le 28 décembre 2007.
Sixième khalife de la confrérie des mourides fondée par Serigne Touba Khadimou Rassoul, Serigne Bara était le premier des petits-fils du Saint homme à accéder au khalifat.

Nous nous associons à la douleur et à la tristesse qui touche la communauté mouride et toute la Oummah islamique.
Nos très sincères condoléances à tout le Sénégal et au monde musulman attristé.

INTERDICTION DE LA BURQA EN FRANCE (Interwiew de Bakary SAMBE sur le Voix de l’Amérique)

Dimanche 31 janvier 2010

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Interdiction de la Burqa en France (Interview de Bakary SAMBE sur la Voix de l’Amérique)

26/01/2010

Une commission parlementaire française recommande l’interdiction du niqab, voile intégral recouvrant tout le visage à l’exception des yeux. Dans son rapport, la commission estime qu’il doit être banni de tous les lieux publics, tels hôpitaux, écoles et transports en commun. Ce rapport intervient en plein débat sur l’identité nationale en France.

« Il faut savoir quelle est la part de la religion et quelle est la part des coutumes ancestrales des sociétés concernées », explique Bakary Sambe, professeur de sciences politiques à l’Institut pour l’étude des civilisations musulmanes. Relevant l’absence d’un énoncé spécifique du Coran sur la question, le professeur Sambe a dit qu’il se peut qu’on ait affaire à une « pratique imposée par les parents, les frères, voire les responsables religieux locaux ou politiques. »

« Tant que les femmes concernées ne portent pas plainte contre les personnes qui sont à l’origine de la contrainte supposée ou réelle, et tant qu’on n’a pas de preuve attestant de ces contraintes, (…) il est difficile de donner une réponse tranchée à ce genre de question », a-t-il souligné.

Source: VOA NEWS

APPEL A SOLIDARITE AVEC IBLA (Institut des Belles Lettres Arabes) – TUNIS

Vendredi 15 janvier 2010

APPEL A SOLIDARITE AVEC IBLA (Institut des Belles Lettres Arabes) – TUNIS 

Mardi 5 janvier 2010, vers 14h15,la Bibliothèque de l’Institut des Belles Lettres Arabes de Tunis (IBLA) a été l’objet d’un énorme incendie. L’explosion, à l’origine  de cet incendie, a coûté la vie du missionnaire  italien, Gian-Battista Maffi. 60% de la Bibliothèque (qui compte environ 34000 monographies, dont la moitié en langue arabe et le reste dans les principales langues européennes), seraient partis en fumée. Une première estimation parle de 17 OOO ouvrages brûlés. L’équipe de la bibliothèque, les chercheurs impliquées dans l’institut et dans la revue qui en porte le nom (Revue IBLA) sont affligés. C’est un espace et un outil important de la recherche en Tunisie et sur les réalités tunisiennes, maghrébines, arabes et musulmanes qui est sinistré. 

Face à ce drame qui frappe une communauté religieuse et prive
la Tunisie d’un espace de savoir et de recherche en sciences humaines et sociales très important, nous nous adressons à la communauté scientifiques, aux universités, aux centres de recherches, aux institutions et établissements culturels, aux communautés religieuses, aux collectivités publiques et territoriales, aux pouvoirs publics, à toutes les bonnes  volontés pour organiser la solidarité avec l’équipe de l’Institut des Belles Lettres Arabes de Tunis (IBLA). Cet appel vise en premier lieux la mobilisation des moyens financiers nécessaires pour reconstruire la bibliothèque et la collecte massive d’ouvrages et de revues permettant à l’institut de continuer à jouer le rôle qui a été le sien depuis des décennies. 

Premier signataires par ordre d’arrivée : Cherif FERJANI (Professeur des Universités, Lyon), Claude PRUDHOMME (Professeur des Universités, Lyon), Jean-Dominique DURAND ((Professeur des Universités, Lyon), Gilbert MENYER (Professeur émérite des Universités, Lyon), Remy BOUCHARLAT (Directeur de la MOM, Lyon), Bernard GEYER (directeur de Recherche CNRS, MOM, Lyon), Emmanuelle VILA (chercheur CNRS, MOM, Lyon), Katia ZAKHARIA (Professeur des Universités, Lyon), Valérie MATOYAN (Chargée de recherche CNRS, MOM, Lyon), Jérôme MULLER (informaticien, MOM, Lyon), Jean-Claude DECOURT (Directeur de Recherche, Mom, Lyon), Thierry BOSSIERE ( Chercheur IFPO, Alep),Dominique GONNET (Sources Chrétiennes, Lyon), Bernard MEUNIER (Sources Chrétiennes, Lyon), Issam GHEDAB (Bibliothécaire, MOM, Lyon), Jean-Baptiste YON (chercheur CNRS, Lyon) ; Nathalie FOURNIER (Vice-présidente recherche, université Lyon2), Sylvia CHIFFOLEAU (chercheur CNRS, MOM, Lyon), Laura BATTINI (chercheur CNRS, MOM, Lyon), Bakary SAMBE (Aga Khan University, Londres) 

Vous trouverez ci-dessous une présentation de l’histoire et du rôle que joue l’IBLA depuis sa création (présentation reprise sur le site d’IBLA).

IBLA : Un institut de recherche, une bibliothèque et un lieu de travail pour les jeunes du quartier, un centre de documentation et de recherche, une revue et des publications 

L’histoire d’IBLA commence en 1926 avec la décision des Pères Blancs de créer une maison d’études et de recherche au Maghreb pour ceux qui y travaillent. C’est le Père Henri Marchal qui y aura pensé le premier, après l’échec des Pères Blancs à Ghardaïa, en Algérie, dû à leur ignorance de la langue arabe. La première communauté est installée le 18 novembre 1926 à la ferme de Boukhris près de La Marsa, à une vingtaine de kilomètres de Tunis, et comporte dès l’origine une composition internationale que l’IBLA garde encore aujourd’hui. Les cours commencent le 25, sous l’appellation de « Foyer d’études« . La maison d’études se déplace à la rue des Glacières à Tunis le 18 mai 1928, où elle prend officiellement le nom d’Institut des Belles Lettres Arabes (IBLA) le 30 mars 1931. Elle occupe effectivement son siège actuel à la rue Jamaa al-Haoua le 15 février 1932. Déjà en 1928, le centre d’études publie « Les Cahiers Tunisiens et Documents Tunisiens« . En 1937 naît la revue « Ibla« . Bibliothèque privée, appartenant  aux Pères Blancs, elle est ouverte aux professeurs, aux chercheurs et aux étudiants du troisième cycle. Elle est consacrée essentiellement à la littérature et aux sciences humaines dans le monde arabe et en particulier en Tunisie. La bibliothèque compte environ 34000 monographies, dont la moitié en langue arabe et le reste dans les principales langues européennes. Les revues (dont 150 en échange) sont dépouillées systématiquement. Tous les fichiers, auteurs et matières, ont été informatisés. Toutefois, les fichiers auteurs manuels continuent d’être tenus au jour. Dans le fichier matières, la « Tunisie » a droit a un fichier propre.  En 1949, suite aux grèves nationalistes, et pour empêcher que les élèves tunisiens puissent passer le bac, les autorités françaises, «
La Résidence », ferment les lycées. Alors, des professeurs tunisiens, avec des coopérants français et des pères blancs, ouvrent aux jeunes les portes de l’IBLA, et y organisent des cours, pour éviter qu’ils ne manquent l’année scolaire. Les années qui suivent, les jeunes viendront à l’IBLA pour y étudier, ce qui amènera à la création d’un fond de bibliothèque conçu pour répondre à leurs besoins, c’est-à-dire, la bibliothèque IBLA pour les lycéens. Elle accueille des jeunes du quartier qui peuvent venir y étudier chaque après-midi, individuellement ou en groupe. C’est principalement en fonction des programmes scolaires que les livres et les nombreux documents de cette bibliothèque sont choisis. Un fichier informatisé est mis à la disposition des élèves qui s’initient ainsi, avec l’aide des responsables, à des recherches de documents disponibles pour un sujet donné. 

Les jeunes  trouvent au sein de la bibliothèque une salle commune de travail, de petites salles individuelles, un soutien scolaire en cas de besoin, souvent individualisé et un équipement informatique conséquent

 La revue Ibla est née en 1937. Ses fondateurs avaient la certitude que
la Tunisie allait devenir un jour indépendante, qu’il fallait respecter et faire connaître la culture tunisienne dans tous ses aspects et soutenir les Tunisiens en tant que protagonistes dans leur propre culture. Elle commence comme un simple bulletin de liaison polycopié entre les sympathisants européens qui veulent connaître les Tunisiens. Elle sera lue avec attention par les colons qui souhaitent mieux employer leurs ouvriers agricoles et dont certains d’entre eux participent aux mouvements d’Action Catholique. Elle cherche à éclairer et à rapprocher l’élite franco-tunisienne : compréhension du peuple, guide pour des contacts profonds, insertion de morale universelle. Le tirage atteint 2 500 exemplaires en 1944. Une collection parallèle, Le Bled, est basée essentiellement sur l’arabe dialecta
l.Dès les premiers numéros de la revue, certaines rubriques sont signées par des Tunisiens et Tunisiennes. En 1959 apparaît le premier liminaire signé par un Tunisien, T. Guiga, dans un numéro consacré à l’éducation des adultes. À partir de 1977 le comité de lecture de la revue est composé majoritairement par des Tunisiens. 

 Auparavant, dans la première  » Maison d’Études « , et dès 1928, des brochures avaient été distribuées aux étudiants pour leur faciliter la connaissance du milieu tunisien, de la culture arabe et de la religion musulmane. Elles contiennent des contes, des poésies et des proverbes, ainsi que des conversations. Le tout est traduit en français avec introductions et glossaires. Elles forment deux séries: Les Cahiers Tunisiens et Documents Tunisiens. Les deux dimensions de l’IBLA deviennent claires à partir des années quarante : d’une part formation ou étude, et d’autre part relations ou rayonnement non seulement avec les musulmans, mais aussi avec l’élite européenne chrétienne.

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Lundi 21 septembre 2009

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