Pour Bakary Sambe, coordinateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux au Centre d’Etude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, « la vague d’attentats meurtriers de vendredi dernier a voulu, au-delà de la seule symbolique de l’anniversaire du califat d’Al-Baghdâdî, s’attaquer en même temps à l’économie, la cohésion sociale et la stabilité de la Tunisie, de la France, de la Somalie et du Koweït ».
Selon Bakary Sambe, « la Tunisie frappée en plein cœur de son économie touristique est une cible-symbole, Daesh ne peut supporter la relative réussite du processus démocratique dans ce pays qui paradoxalement compte de nombreux combattants dans les rangs de l’Organisation de l’Etat islamique ».
Mais, d’après Sambe, « l’attaque la plus pernicieuse est celle perpétrée contre la mosquée chiite d’Imâm Sâdiq, au Koweït, qui vise expressément à embraser le Moyen-Orient et le monde musulman en soufflant sur la braise confessionnelle, notamment le dangereux clivage sunnite-chiite en pleine guerre du Yémen en utilisant, de surcroît, un kamikaze saoudien ».
« La Oummah islamique doit se mobiliser à travers des instances comme l’OCI et l’ISESCO pour que ce feu de la guerre interconfessionnelle ne prenne des proportions incontrôlables et en arriver à anéantir les maigres espoirs d’unité et de concorde rongés de jour en jour », conclut Bakary Sambe.
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Archive de la catégorie ‘SOCIETE’
Bakary Sambe (UGB) sur la vague d’attentats : « Daesh a voulu s’attaquer à l’économie, la cohésion sociale et la stabilité des différents pays »
Jeudi 23 juillet 2015Attentats au Tchad – Bakary Sambe de l’UGB : « Si le verrou tchadien saute, Daesh s’étendra plus vite dans le Sahel! »
Jeudi 23 juillet 2015Dans un entretien exclusif accordé à Dakaractu, l’auteur de « Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale » est largement revenu sur les dernières attaques de ce groupe au Tchad, pays qui a été la cible de plusieurs attaques du mouvement nigérian en l’espace d’un mois. Il a analysé ces dernières attaques en les replaçant dans un contexte régional.
Pour Bakary Sambe, « l’allégeance de Boko Haram à Daesh, afin d’internationaliser son combat et donner à ses attaques récurrentes un caractère de plus en plus spectaculaire, est à prendre au sérieux. »
D’après l’enseignant chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger, « les attentats répétés contre le Tchad, en plus de représailles contre ce pays fortement engagé militairement dans la lutte contre Boko Haram, relève d’une stratégie consistant à faire sauter un verrou stratégique pour une plus rapide expansion de Daesh en Afrique et principalement dans le Sahel. L’inscription du groupe nigérian dans une logique d’internationalisation du « djihad » comme le montre son engagement dans des entraînements dans le Nord Mali, ne fait plus aucun doute ».
« Il y a une telle multiplication d’officines terroristes dans l’espace sahélo-saharien et en Afrique du Nord avec Ançar Dine au Mali, Ançar Sharia en Libye, Al-I’tiçâm bil Kitâb Wa Sunna au Soudan, le GIA en Algérie, que le jeu est devenu complètement flou malgré les récentes controverses sur l’allégeance d’Almourabitoune de Mokhtar Belmokhtar à Daesh », rappelle Dr. Sambe.
Selon l’expert sénégalais, coordinateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique « la situation plus que confuse dans le Sud libyen combinée avec la montée en puissance de Daesh qui semble plus séduire, depuis quelques temps, les nouveaux combattants que le label Al-Qaida, montre clairement que si le Tchad est affaibli jusqu’à devenir un pays de passage, à la frontière du Niger entre les menaces d’Aqmi et de Boko Haram, c’est tout le Sahel qui risque de basculer… »
Parution d’un ouvrage de Dr. Bakary Sambe Boko Haram : »L’Afrique doit se mobiliser contre la radicalisation rampante »
Mardi 21 avril 2015Au-delà des tueries et des attaques récurrentes que sait-on, réellement, de Boko Haram, de sa stratégie, des profils de ses membres, de l’idéologie qui motive leurs actions et attitudes vis-à-vis de l’Etat nigérian et de la communauté internationale ? Comment, d’un problème nigérian, fruit de frustrations accumulées et d’une rupture de repères et d’imaginaire, Boko Haram est, progressivement, devenue une menace régionale ?
Après la déstabilisation du Mali, à l’heure où l’Organisation de l’Etat islamique se cherche des relais idéologiques et des zones de repli stratégiques, au moment où le Sud de la Libye est devenu une zone d’instabilité chronique, Boko Haram parviendra-t-il à ouvrir d’autres fronts? Quels seraient ses soutiens financiers, ses liens structurels avec les nébuleuses Al-Qaida, AQMI ou encore les Shebabs voisins ?
Dans cet ouvrage, alliant approche socio-historique, investigation factuelle et démarche prospective, Bakary Sambe, revient sur ces questions d’une actualité brûlante tout en réinterrogeant nombre de certitudes sur les stratégies préconisées par la communauté internationale dans le cadre de ce qu’il est convenu d’appeler la « guerre contre le terrorisme ».
L’auteur : Dr. Bakary Sambe est enseignant-chercheur au Centre d’étude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (Sénégal) où il coordonne l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA).Politologue, spécialiste des relations internationales et spécifiquement du monde musulman et des rapports arabo-africains, il est, aujourd’hui, l’un des plus grands experts sur la problématique de la radicalisation et les réseaux transnationaux dans le Sahel. Après son essai Islam et diplomatie (2011), Sambe compte de nombreuses publications et contributions dans des ouvrages et revues internationales de référence.
Bakary Sambe : « Notre pays pourrait être le médiateur idéal des conflits actuels du monde musulman »
Mardi 21 avril 2015«Notre pays pourrait être le médiateur idéal des conflits actuels du monde musulman»,
Lors d’une Conférence organisée, samedi dernier, par le Regroupement Général des Sénégalais du Canada dans le cadre des activités du « Mois du Sénégal », Bakary Sambe s’est penché sur les innombrables crises que traverse le monde musulman.
Le coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (Centre d’étude des religions de l’UGB) s’est interrogé sur le « paradoxe » selon lequel les musulmans qui « ont rêvé d’unité dans le cadre de la Oummah ont fini par plonger dans les guerres fratricides et le Djihadisme faisant de plus en plus de victimes musulmanes » se demandant « si le clash tant prophétisé par Samuel Huntington ne s’est pas finalement produit au sein de la Oummah, même si on évoque souvent des mains extérieures».
Durant cette conférence modérée par l’éminent chercheur sénégalais Khadim Ndiaye et le président du Regroupement, Amara Seydi, Bakary Sambe est largement revenu sur les dernières évolutions au Yémen et au Moyen-Orient, craignant « des risques de propagation du conflit entre alliés de l’Arabie Saoudite et de l’Iran ».
Dans ce contexte de crise où le conflit au Yémen risque de prendre des proportions inattendues, Bakary Sambe estime que « la voix du Sénégal est une chance pour la paix. Pour lui, « la position stratégique » du Sénégal et son « implication au sein de l’OCI que nous avons accueillie deux fois » font naturellement du Sénégal « le médiateur idéal dans cette crise au Moyen-Orient aux conséquences imprévisibles surtout si elle arrivait à s’étendre dans le reste de la péninsule arabique ».
Au regard de toutes ces considérations et de la complexité des enjeux dans le monde musulman contemporain, Bakary Sambe a conclu par appeler à « la vigilance et l’exploration de la voie du dialogue et de la médiation par notre pays »
Credit Photo: afrikcaraibmontreal.com
Visite de Macky en Arabie Saoudite, Rébellion chiite au Yémen, engagement du Sénégal, lutte contre le terrorisme, Dr. Bakary Sambe décortique les enjeux
Mardi 21 avril 2015Exclusif- Visite de Macky en Arabie Saoudite, Rébellion chiite au Yémen, engagement du Sénégal, lutte contre le terrorisme, Dr. Bakary Sambe décortique les enjeux pour Xalima
Enseignant-Chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, spécialiste des relations arabo-africaines, du militantisme islamique et des réseaux transnationaux, Dr. Bakary accorde un entretien à Xalimasn.com. Il revient sur les enjeux de la visite de Macky Sall en Arabie Saoudite au moment où le Moyen-Orient traverse une crise majeure quelque peu occultée par l’accord cadre sur le nucléaire iranien.
D’abord, pouvez-vous revenir sur le contexte qui prévaut au Yémen et qui semble tant préoccuper l’Arabie Saoudite ?
Cette visite se déroule à un moment crucial où l’Arabie saoudite a pris la tête d’opérations militaires mobilisant des milliers d’homme et des dizaines d’appareils pour combattre les rebelles chiites houthis dirigés par Badr Dîn Ali Hussein Al-Houthi et appartenant à branche zaydite du chiisme peuplant le nord-ouest du Yémen, en rébellion contre le gouvernement central depuis la réunification des années 90. Ces rebelles chiites s’étaient aussi insurgés contre Sanaa en 2004 lors de la guerre dite du Saada. C’est une véritable opération de containment et ou de guerre préventive que mène Riyad au Yémen, l’Arabie Saoudite abritant aussi une minorité chiite dans la région pétrolifère de Charguiyya et ne voulant pas être contaminé de même que le Bahreïn qui est dans une situation similaire. Cette intervention de l’Arabie Saoudite répond à un appel en détresse du Président Abd Rabbo Mansour Hadi qui n’avait pas d’autre option sinon une allégeance à Daesh qui serait une catastrophe pour la région et la communauté internationale. Elle est justifiée par Riyad en vertu de l’article 51 de la Charte des Nations Unies et des accords de défense dans le cadre de la Ligue arabe pour essayer de lui donner une certaine légalité.
Justement Macky Sall a salué cette opération dirigée par l’Arabie Saoudite et vient de réitérer le soutien « total » de Dakar à Riyad. Que cache un tel engagement ?
Les relations entre le Sénégal et l’Arabie Saoudite et le Sénégal datent des années 60 depuis le Roi Fayçal et se sont poursuivies avec l’avènement de Fahd Ibn Abdelaziz puis avec Abdallah. Senghor a eu sa visite « mémorable », Abdou Diouf a été dénommé « l’homme de Taef » et Wade a eu ses heures de gloire avec comme cerise sur le gâteau un second sommet de l’OCI plaçant notre pays au cœur des relations saoudo-africaines. Macky Sall vient de signer sa véritable entrée sur la scène moyen-orientale à une période où l’Arabie Saoudite semble vivre un tournant avec l’arrivée récente du Roi Salman connu pour son pragmatisme, surtout dans un contexte où l’Arabie Saoudite est fortement préoccupée par l’influence grandissante de l’Iran qui serait derrière les insurrections chiites au Yémen. Nous sommes donc dans un scénario proche de celui du début des années 90 où l’Arabie Saoudite menacée par saddam Hussein tenait à renforcer sa coopération avec l’Afrique surtout par le biais d’un pays « pivot » comme le Sénégal. Le soutien « total » de Macky Sall à Ryad ouvre de nouvelles perspectives pouvant aboutir à un engagement plus prononcé du Sénégal.
Cette visite est-elle aussi « historique » que celles de Diouf ou de Wade ?
La visite de Macky Sall pourrait être « historique » si le Sénégal saisissait l’opportunité des mutations de la politique saoudienne de plus en plus consciente du danger des extrémismes religieux et du terrorisme avec Daesh aux portes de la péninsule arabique, pour s’assurer de la coopération effective du Royaume dans la lutte contre la radicalisation. L’Arabie Saoudite longtemps décriée surtout pour ses relations financières avec des mouvements salafistes et wahhabites sur le continent pourrait désormais exercer une certaine pression sur des mouvements d’obédience wahhabite et collaborer avec les Etats sahéliens dans le tarissement des moyens financiers de tels groupes sur le continent. Il y a aujourd’hui une réelle convergence d’intérêts que le Sénégal, avec les pays de la sous-région, pourrait mettre à profit dans ce cadre. L’Arabie Saoudite semble avoir compris que le développement du radicalisme religieux n’est dans l’intérêt d’aucun pays. La volonté de l’aile politique du pouvoir saoudien est nette dans ce domaine. Reste à savoir si l’aile religieuse fera preuve d’une même ouverture sans résistances.
Mais cet engagement du Sénégal se justifiait-il si l’on sait les risques que notre pays prend en même temps ?
Il faut voir dans cette opération « tempête de fermeté » la reconstitution d’un front sunnite en Orient comme au Maghreb. Parmi les pays engagés aux côtés de Riyad, l’Égypte, la Jordanie, le Soudan, et le Maroc. Le Pakistan a, de sa part, indiqué avoir été sollicité et avoir mis la question « à l’étude », une manière très diplomatique de prendre le temps de réfléchir. Mais il y a des constantes et des équilibres dans notre diplomatie : le Sénégal partage avec l’Arabie Saoudite et le Maroc, la commission Al-Quds aux Nations Unies où ils sont les défenseurs des « droits inaliénables du peuple palestinien ». Il est vrai que cet axe stratégique s’est renforcé avec comme têtes de pont l’Arabie Saoudite au Mashrek, le Maroc au Maghreb et le Sénégal en Afrique subsaharienne. D’autres Etats du Golfe s’intéressent à notre pays au regard de sa position stratégique mais aussi sa « voix » symbolique au sein de l’ensemble francophone africain et des organisations panislamiques internationales. C’est le cas du Qatar par exemple. J’ose espérer que les autorités sénégalaises ont mesuré aussi les risques inhérents à un tel engagement sur le plan diplomatique et sécuritaire : les rebelles chiites bénéficient incontestablement du soutien de l’Iran dont il ne faut pas négliger les capacités de nuisance, encore réelles, si l’on se réfère à l’histoire récente avec les armes dites « iraniennes » ayant transité par un pays enclavé dans notre territoire et destinées à des groupes rebelles.
Notre pays s’est-il donc embarqué dans une situation confuse au Moyen-Orient avec des conséquences sécuritaires à venir ?
La confrontation historique entre sunnisme et chiisme conquérants a de beaux jours devant elle. Elle a commencé au 7e siècle et ne finira pas de sitôt. L’Iran et l’Arabie saoudite ont toujours été dans cette logique de confrontation idéologique sous couvert de prédications religieuses contradictoires et sont à la recherche effrénée d’alliances partout dans le monde musulman. L’Arabie Saoudite cherche aussi à contenir cette influence iranienne partout dans le monde musulman comme l’Iran arrive à nouer des relations avec certains groupes notamment soufis en Afrique où le salafisme wahhabite combat les confréries. Riyad a d’ailleurs tout intérêt à modérer ses ardeurs et ses partenaires dans ce combat et mieux comprendre les nouveaux enjeux de sa politique extérieure en Afrique. Mais le plus à craindre ce sont les inéluctables retombées des inconséquences et contradictions de la diplomatie occidentale en Orient. Au même moment où elle assure son soutien logistique et en renseignement à l’Arabie Saoudite, au Yémen en proie à des rebelles chiites, elle s’appuie sur des rebelles chiites, en Irak et en Syrie, pour venir à bout de l’Organisation de « l’Etat islamique ». La question est surtout comment les pays du Conseil de coopération du Golfe vont apprécier cette nouvelle donne selon laquelle l’Iran devient de plus en plus fréquentable auprès de leurs alliés occidentaux dont le réalisme diplomatique en arrive à brouilles toutes les grilles d’analyse.
Propos recueillis par Xalimasn.com
Bakary Sambe en conférence à Montréal – le radicalisme islamique : quels enjeux pour l’Afrique et le Monde
Mardi 21 avril 2015Dans un contexte lourd de tensions au Moyen-Orient avec l’Organisation de l’Etat islamique « Daesh », le conflit au Yémen, l’affrontement sunnite-chiite, avec des foyers de tension qui n’épargnent pas l’Afrique notamment la région du Sahel, les Sénégalais du Canada ont voulu soulever un débat de haute importance sur le « radicalisme islamique », ses enjeux en Afrique et dans le monde afin de susciter réflexions et échanges entre universitaires, intellectuels et acteurs de la vie culturelle et politique au Canada.
Le Regroupement Général des Sénégalais du Canada (RGSC) réédite cette année les manifestations culturelles consacrées au Sénégal au Canada. Dans le cadre des activités qui se déroulent tout le long du mois d’avril, Dr. Bakary Sambe de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, est l’invité des Sénégalais du Canada, ce samedi 11 avril pour une conférence sur « le radicalisme islamique : quels enjeux pour l’Afrique et le Monde ».
Cette conférence se déroule au moment où Bakary Sambe, auteur entre autres d’un ouvrage intitulé Islam et diplomatie, (2011), connu pour ses analyses sur le phénomène de la radicalisation dans le Sahel vient de publier chez Timbuktu Editions, Boko Haram, du problème nigérian à la menace régionale (mars 2015). On se doute bien qu’une telle conférence très attendue dans toute la diaspora sera l’occasion de revenir sur les dernières sorties de l’auteur sur une « alternative africaine à l’extrémisme religieux » mais aussi d’autres questions aussi importantes que l’avenir du modèle confrérique sénégalais face à la montée du radicalisme, la place des Africains musulmans dans la Oummah et les grands débats et interrogations qui la traversent.
Bakary Sambe confie à Xalima, avant de quitter Dakar, que « cette initiative de la part de nos compatriotes du Canada est à saluer dans le sens où elle offre le cadre d’une expression de voix africaines et du Sud sur un sujet important pour le monde entier ».
Pour le coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA), « il est temps que, sur ce marché de biens symboliques et culturels qu’est notre monde globalisé, l’on puisse identifier notre approche africaine, selon notre propre perspective sur les grandes questions du siècle ». « La bataille conceptuelle est l’une des plus importantes à gagner si l’on ne veut pas que le continent subisse passivement la marche des idées au lieu d’être acteur de la révolution paradigmatique qui s’impose pour que la voix du Sud puisse être encore plus audible et respectée », ajoute-t-il.
Le professeur Bakary Sambe sur la lutte contre le terrorisme : «Privilégier la prévention à la place de l’intervention»
Mardi 24 février 2015La prévention à la place de l’intervention est la meilleure manière de lutter contre le terrorisme et l’extrémisme à travers l’éducation. C’est l’avis de Bacary Samb, professeur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis hier, jeudi 19 février, lors de la cérémonie de lancement de la bande dessinée pédagogique Afrique Citoyenne intitulée «Prévenir les extrémismes» à la fondation Konrad Adenauer. |
«Les armes les plus redoutables contre l’extrémisme et le terrorisme sont l’éducation: un système éducatif performant, la tolérance et surtout, la prévention à la place de l’intervention». Bacary Samb dixit. Le professeur à l’université Gaston Berger de Saint-Louis était l’un des conférenciers lors de la cérémonie de lancement hier, jeudi 19 février, de la bande dessinée pédagogique Afrique Citoyenne intitulée «Prévenir les extrémismes» à la fondation Konrad Adenauer.
«Personne n’ignore l’importance de la prévention dans cette lutte contre l’extrémisme et le terrorisme. J’ai tendance à dire que si on attend que ces groupes s’installent chez-nous et qu’on arrive avec des chars et des armes pour les combattre, la grande bataille est perdu dans cette guerre contre le terrorisme et l’extrémisme», fait-il comprendre. Avant de préciser que ce phénomène ne peut être éradiqué que par «l’éducation, la prévention, la promotion de la bonne gouvernance, l’éradication de l’injuste social qui sont à la base des frustrations récupérées par ces groupes extrémistes qui, aujourd’hui, menacent la stabilité du Sahel et des pays africains de manière générale».
Selon le professeur, le Sénégal doit se doter de texte contre tout discours de promotion de la haine qui attise les tensions alors que notre pays et surtout le continent africain a aujourd’hui besoin d’apaisement de paix, de sécurité, de développement durable. Pour le professeur, même les pays qui ont un système de sécurité le plus performant sont menacés, à plus forte raison des pays africains, comme le Sénégal, qui doivent encore faire des efforts dans le domaine sécuritaire et de la défense du territoire.
Il ajoute que la nouvelle Afrique Citoyenne va permettre la conscientisation des jeunes et la promotion d’une nouvelle citoyenneté basée sur l’engagement responsable des jeunes dans les espaces scolaire, universitaire, au niveau de la société, de la nation. Elle contribuera à une sensibilisation sur les dangers des extrémistes.
Sud Quotidien |
Dans un entretien accordé à Dakaractu, le coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (Centre d’étude des religions de l’Université Gaston Berger), soutient que « l’espoir d’une transition démocratique en Libye s’est envolé et que le pays est plus que jamais au bord de l’implosion, si ce n’est déjà fait ».
Nouveau numéro de la Bd « Afrique Citoyenne » : L’éducation comme prévention contre les extrémismes
Mardi 24 février 2015La fondation Konrad Adenauer a abrité un débat animé par Bakary Sambe, enseignant à l’Ugb, sur la recrudescence de l’extrémisme en Afrique et dans le monde. C’était jeudi, à l’occasion de la sortie du nouveau numéro de la bande dessinée pédagogique « Afrique Citoyenne ».
La prévention des extrémismes doit préoccuper tous les Etats afin d’éviter les crises, comme celles qui affectent tout le Sahel. Car partout dans le monde, le constat est à la recrudescence des extrémismes de tous bords. Au Mali comme au Nigéria, l’extrémisme sème la terreur chez les populations, crée et accentue de dangereux stéréotypes, la peur de l’autre, la haine et la violence.
Ces mouvements ont pour cible privilégiée les jeunes qui sont facilement manipulables. Les couches jeunes et vulnérables s’exposent aux idées et actions de mouvements extrémistes du fait d’un contexte de pauvreté ambiante, d’un niveau d’instruction souvent faible et d’une perte de valeurs. Et le Dr Bakary Sambe parle d’un sentiment du « déjà trop tard », évoquant les discussions sur la stratégie à adopter par les Etats et les acteurs pour lutter contre ce fléau. « En quarante ans, c’est déjà trop tard pour la situation qui règne en ce moment dans le Sahel », relève-t-il. Selon le Dr Sambe, l’éducation est fondamentale car « mieux vaut prévenir que guérir ». Même s’il est conscient qu’il faut faire la guerre contre le terrorisme, il demeure convaincu que la meilleure solution c’est « l’éducation et surtout la justice sociale ». La situation de l’extrémisme est devenue aussi de plus en plus préoccupante en milieu scolaire et académique, aidée par les réseaux sociaux qu’utilisent les élèves et les étudiants. De témoignages demeurent inquiétants sur le nombre grandissant de jeunes enrôlés dans l’extrémisme au Sénégal et partout ailleurs. Ce qui fait dire au conférencier que l’extrémisme est un état d’esprit. Pour l’enseignant de l’Ugb, « l’Islam est en crise et qu’il faut que nous ayons le courage d’installer des ponts de dialogue ».
Dr Sambe craint le choc des extrémismes entre musulmans et catholiques. En abordant l’histoire de nombreux mouvements extrémistes notamment en Afrique, il soutient que Bokko Haram est une exagération. « Tout était bien préparé pour la destruction de l’éducation bien assise dans le Sahel », précise M. Sambe.
C’est dans cette perspective de prévention des extrémismes que la Fondation Konrad Adenauer et l’Asecod ont sorti le nouveau numéro de cette bande dessinée pédagogique. Ce journal composé de dessins est tiré à 10.000 exemplaires distribués à toutes les institutions de formation moyenne et secondaire ainsi qu’aux organisations et mouvements de jeunesse du Sénégal. Selon son président Sidy Dieng, « les actes de terrorisme frappent des cibles innocents et de tous bords ». Andréa Kolb milite, quant à elle, pour la promotion de la tolérance.
Cheikh Malick COLY
Dr. Bakary SAMBE : « It is time the UN considers Boko Haram a priority »
Jeudi 22 janvier 2015« When the abuses of an organization cause tens of thousands of displaced persons and refugees, massive killings and destabilize border States, it can no longer be considered a strictly Nigerian problem, » alarmed Bakary Sambe, teacher-researcher at the Centre for the study of religions at the University of Gaston Berger of Saint – Louis, in an interview with Dakaractu.
According to him, « incursions of Boko Haram in Cameroon, the security challenges that the organization poses to countries like Niger are likely to compromise the principle of sovereignty and cause, medium-term conflict which may exacerbate instability in the region. »
For the Coordinator of the Observatory of the radicalism and religious conflicts in Africa (ORCRA) « pre-election context prevailing in Nigeria is fraught with all the uncertainties about the stability of the country and the dangers of a poll at high risk if one knows that even the elections of 2011 was relatively quieter than usual had caused at least 1000 dead ».
To add a certain perception within the political class, Nigeria considers the North as rather favourable to the opposition and that supporters of Goodluck Jonathan would not complain unduly, of the destabilization of this region », noted Bakary Sambe to Dakaractu.
The recent attacks on the Tijaniyya sheikhs and the mosque in Kano without counting the manifold exactions against the civilian population are a sign of a resurgence in an international context. For Sambe, « it isn’t mere coincidence if at the same time where Al Baghdâdî men claim an Islamic State, Boko Haram proclaims a Caliphate, in the wake of the spectacular actions of the jihadists as Jund al-Khilafa factions ».
To Sambe, « the urgency of international mobilisation is no longer discussing if we know the humanitarian crises that already affect the States of Borno and Adamawa with inevitable repercussions in Niger, Cameroon and even beyond. For these reasons and with regard to the consequences of a territorial expansion of the phenomenon, the United Nations has an interest to deal with the Boko Haram issue as a top international priority », concluded Bakary Sambe.
Interview de Dr. Bakary Sambe sur Charlie Hebdo : «L’indignation sélective ne peut avoir sa place dans le combat pour la défense des libertés»
Jeudi 22 janvier 2015Il est coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux, au Centre d’Etude des religions (CER) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UFR-CRAC). Enseignant-chercheur à l’UGB, Bakary Sambe analyse pour Seneweb la situation politique internationale marquée depuis mercredi par l’attaque des locaux de Charlie Hebdo en France, un pays «qui compte plus de citoyens musulmans que certains pays membres de l’OCI», tient à souligner le spécialiste de l’islam, qui estime qu’au-delà du sensationnel médiatique et de l’immédiateté des réactions contradictoires, on doit, toujours, «avoir le courage assumé du recul préalable à une approche objective des faits et des phénomènes».
L’attaque, qualifiée d’attentat islamiste par le président français, n’est pas sans rapport avec le contexte international marqué par le retour du religieux, la recrudescence du djihadisme. Al Qaida, Aqmi, l’EI, Boko Haram : Bakary Sambe scrute aussi d’un œil interrogateur la polémique autour de l’enseignement coranique au Sénégal, la modernisation des daaras qui prévoie l’introduction du français comme l’envisage le gouvernement. «Il ne faut pas que notre pays tombe dans les travers d’une guerre des élites francophones et arabophones aussi nuisible au contrat social sénégalais qu’à notre cohésion nationale dans l’avenir», préconise-t-il d’emblée. Insistant sur la nécessité d’un dialogue des cultures pour un monde apaisé et sans extrémisme, il invite les musulmans en France comme ailleurs, «à sortir des oppositions fantasmagoriques entre l’Occident et l’islam virtuellement entretenues par ceux qui y ont un intérêt politique immédiat». Entretien.
1. Peut-on dire qu’on assiste au retour du religieux dans le contexte international
Le religieux n’a jamais quitté la scène internationale. Il y a eu un moment marqué par la mode d’une théorie du désenchantement du monde. Malgré la sécularisation poussée de certaines sociétés, notamment occidentales, la quête de sens a demeuré inhérente à l’humain. Malgré, aussi, la désaffection par rapport aux relations classiques traditionnelles dans le contexte européen, d’autres formes de religiosités dites sectaires ont ressurgi et ont reposé l’éternelle question du sens même refoulée. Il est vrai que la disparition du communisme politique et la perte de vitesse des mouvements de gauche à l’échelle planétaire ont fait de l’islam, plus particulièrement, le réceptacle aussi bien de plusieurs formes de rejet de l’ultralibéralisme économique que de la contestation d’un monde injuste avec des puissances hégémoniques. De ce fait, on a pu entendre parler de « péril vert » dans un contexte où de « nouveaux barbares » fortement stigmatisés étaient désormais les ennemis désignés de « l’Empire ». L’Occident a eu, donc, dû mal gérer cette « fin de l’histoire » dogmatique dans le sens d’une vision unique et globalisée du monde et de ses réalités et, de ce fait a été, dans ses franges extrêmes et radicales, vite piégé par les approches essentialistes prophétisant un inéluctable « choc des civilisations » érigé finalement en doctrine politico-stratégique. Voilà qui a conduit à un découpage virtuel et tendancieux du monde en civilisations ennemies qui ne pourraient dialoguer et qu’on en arrive aujourd’hui au choc des extrêmes politiques (droites nationalistes européennes, néoconservateurs américains) et religieux (extrémistes se réclamant des religions). De même, dans le monde musulman de ces dernières décennies, suite à des politiques incohérentes souvent fondées sur des despotismes et des régimes impopulaires ne pouvant offrir aucun horizon aux jeunes désœuvrés et aux laissés pour compte, il y a eu une montée de l’extrémisme avec la religion comme refuge et souvent alibi à tous les excès. Après les guerres du Golfe, le 11 septembre, les massacres contre des populations civiles en Palestine et ailleurs, sous le regard bienveillant d’une communauté internationale, malheureusement, de moins en moins crédible à force de « deux poids-deux mesures », nous avons assisté cette semaine à une illustration de cet esprit de surenchère néfaste pour le vivre ensemble et la paix.
. Quelle lecture vous inspire l’attentat contre Charlie Hebdo qui a coûté la vie à 12 personnes ce mercredi ?
Au-delà du sensationnel médiatique et de l’immédiateté des réactions contradictoires, le chercheur doit, toujours, avoir le courage assumé du recul préalable à une approche objective des faits et des phénomènes. Malheureusement, on ne nous laisse pas souvent le temps de l’analyse à postériori. Mais, on assiste là à une parfaite et douloureuse illustration d’un conflit de cultures et de visions du monde qu’on a rarement cherché ces dernières années à faire dialoguer, tant on était obnubilé par les oppositions systématiques qui sont, toujours, le fait des extrémistes politiques et religieux cités plus haut. D’un côté, les partisans de la défense d’une liberté d’expression poussée à son paroxysme même si on refuse quelques fois cette même liberté d’expression sur des sujets arbitrairement jugés non négociables, et, de l’autre, une catégorie érigeant son dogme et ses symboles comme inviolables car tellement sacrés dans leur conception qu’ils ne peuvent faire l’objet d’aucune profanation dans le sens premier d’un rapport profane quel qu’il soit (académique, littéraire, artistique etc.). De part et d’autres, des excès ont été commis et le fil du dialogue a dû se perdre dans l’incompréhension mutuelle nourrie par les attiseurs de haine des deux côtés. Et cela a abouti au drame que l’on vit présentement. Tout ce qu’il faudra éviter c’est de s’inscrire dans une logique de surenchère et d’enfermement qui nous projettera en plein milieu d’un cercle vicieux d’actions et de réactions souvent disproportionnées. Le plus dommageable est qu’on en arrive à une telle situation dans un pays, la France, qui a eu une longue tradition de cohabitation avec l’islam ; comptant même plus de citoyens musulmans que certains pays membres de l’OCI. Il ne s’agit donc point d’une guerre entre l’Occident ou la France et l’Islam mais d’un choc des extrêmes. Il y a eu une attaque meurtrière condamnable à tout point de vue, mais soudain suivie d’incompréhensibles représailles contre des lieux de culte musulmans dont la majorité dénonce le même crime, à haute voix depuis mercredi. Hélas, les choses se compliquent davantage avec la prise d’otages de cet après-midi où les évènements prennent la tournure de guerre intercommunautaire tant redoutée en France et qui se pointe à l’horizon. Et il faut attendre que cela déborde la France et embrase d’autres pays européens.
3. - Pouvait-on s’attendre à une réaction de cette nature après les menaces formulées contre le journal satirique ?
4. Où commence la satire où s’arrête la liberté d’expression ? La presse doit-elle s’imposer des garde-fous ?
La liberté est un principe indissociable. Lorsqu’un organe de presse pour son style, un universitaire pour ses thèses sont la cible d’attentats, c’est la liberté d’expression qui est menacée comme quand une mosquée, une pagode, une église ou synagogue, un bois sacré ou des mausolées de saints, sont victimes d’attaques, c’est la liberté de culte et de conscience qui est aussi frappée dans son cœur. Mais l’indignation sélective ne peut avoir sa place dans le combat pour la défense des libertés. Je le sais l’heure est grave, les esprits sont surchauffés mais ne cédons pas à la stigmatisation de communautés et de nations entières, elles-mêmes victimes de leurs minorités extrémistes. Le choc des extrêmes tant redouté et qui semble se dessiner sous nos yeux n’apportera rien de positif à l’indispensable vivre-ensemble. Ces extrêmes politiques et religieuses auront toujours, malheureusement, la ferme volonté de d’ériger des murs de haine entre les peuples et les communautés, mais que cela n’infléchisse jamais celle des artisans de la paix d’ériger des ponts du dialogue.
5. Faut-il craindre une stigmatisation accrue des musulmans après l’affaire Charlie hebdo ?
Cette stigmatisation est malheureusement bien effective. Mais, aussi bien l’Europe que ses musulmans doivent entreprendre un travail sur eux-mêmes. Les Européens doivent impérativement accepter, par une rupture paradigmatique, l’urgence d’une ethnologie inversée et reconsidérer leur regard sur eux-mêmes à la lumière des nouvelles réalités du monde, de leurs sociétés changeantes, et ne pas tomber dans l’angélisme des donneurs de leçons, poussant à toujours comparer ce qu’on croit avoir de mieux avec ce que les autres auraient de pire pour se faire la meilleure image de soi. De même les musulmans sont contraints aujourd’hui à sortir des oppositions fantasmagoriques entre l’Occident et l’islam virtuellement entretenues par ceux qui y ont un intérêt politique immédiat. A la suite des premières caricatures publiées par le Jyllands posten avant d’être reprises par Charlie Hebdo, et, pour justement éviter les généralisations stigmatisantes des deux côtés, je concluais une tribune sur une note très positive de Goethe qui disait : « J’ai toujours eu une grande estime pour la religion prêchée par Mohamed parce qu’elle déborde d’une vitalité merveilleuse.
Elle est la seule religion qui me paraît contenir le pouvoir d’assimiler la phase changeante de l’existence – pouvoir qui peut la rendre alléchante à toute période. J’ai étudié cet homme merveilleux, et, à mon avis, loin d’être un antéchrist, il doit être appelé le sauveur de l’humanité. (…) J’ai prophétisé sur la foi de Mohamed, qu’elle sera acceptable à l’Europe de demain comme elle commence à être acceptable à l’Europe d’aujourd’hui ».
Pourquoi donc toujours se focaliser sur les seuls diseurs de mal ?
6. Que doit être l’attitude du monde musulman après ce drame qui a ému le plus d’un ?
Je dois dire qu’il faut arrêter de faire porter de tels actes à l’islam et à la communauté musulmane, notamment celle de France qui appelle à des sermons de condamnation de l’attentat ce vendredi. Le Conseil Français du culte musulman a été parmi les premières organisations à réprouver cette attaque. Les jeunes présumés auteurs de ces attaques sont quand même français, nés en France et qui y ont grandi, ne connaissant aucun autre pays que celui-là. La grande interrogation pour moi est : comment en est-on arrivé là, à ce que des citoyens d’un pays s’attaquent à leur propre patrie ?
7. Al-Qaida, Aqmi, l’EI : Que vous inspirent les nouvelles figures ou entités du djihadisme international ?
Al-Qaida semble souffrir de la disparition de Ben Laden malgré les tentatives d’affirmation de leadership au sein de l’organisation. Mais cette nébuleuse a complètement changé de stratégie depuis l’expérience afghane, ne s’inscrivant plus dans des causes globales, se contentant de récupérer, d’islamiser des conflits locaux et de franchiser voire labelliser des actions spectaculaires à travers le monde. Elle n’a jamais eu à vrai dire d’organisation centralisée, les différentes émanations de l’organisation fonctionnent plus sous la forme de franchises. Aqmi a du mal à se recomposer efficacement suite à l’opération Serval. Que ce soit dans les grottes d’Agharghart ou de Timidghin ou encore dans le Sud libyen, la guerre des chefs mine cette autre nébuleuse entrée depuis peu en concurrence avec des éléments se réclamant de l’EI et la résurgence de mini-organisation comme Jund al-Khilâfah. Malheureusement, pour la stabilité de notre sous-région, Boko Haram, lui est dans une logique de guerre totale et de terre brûlée massacrant civiles et innocents, déstabilisant des Etats voisins, profitant des failles sécuritaires de l’armée nigeriane surtout à l’approche des joutes électorales ; Abooubakar Shekau poussant à l’extrême cette folie meurtrière et n’a pas pu, véritablement entrer dans la peau d’un leader depuis la mort d’Ahmed Youssouf en 2009. Mais je le réaffirme encore comme lors du récent Forum de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique : les armes les plus efficaces contre le terrorisme ne sont pas les drones, les missiles et les chars, mais des systèmes éducatifs performants et plus de justice sociale au local comme au global.
8. Un mot sur la réforme annoncée des daaras avec l’introduction de l’enseignement du français.
Il est très tôt de tirer des conclusions. Dans mon travail de terrain, j’ai pris connaissance du texte de loi et de ses dispositions ne se réduisant pas à la seule introduction du français. De même, la plupart des acteurs de la contestation du projet avec qui j’ai eu à discuter, ne rejettent pas l’idée de modernisation elle-même mais décrient ce qui serait apparenté, selon eux, à une absence de concertation. Je crois qu’à ce stade, avant l’entrée en jeu des récupérateurs de frustrations, un dialogue serein peut encore être instauré dans le cadre d’une meilleure vulgarisation de tous les aspects de la réforme mais aussi d’une médiation. Il ne faut pas que notre pays tombe dans les travers d’une guerre des élites francophones et arabophones aussi nuisible au contrat social sénégalais qu’à notre cohésion nationale dans l’avenir.
Recueillis par Seneweb News