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Bakary Sambe (UGB-CRAC) sur l’Etat islamique (EIIL): « Evitons de tomber dans les pièges de la guerre terminologique et de la légitimation religieuse »

Dimanche 21 septembre 2014

 

La guerre déclarée contre ce qui est appelé « l’Etat islamique » fait polémique et attire l’attention de l’opinion internationale. Selon Bakary Sambe coordonnateur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique (ORCRA), les « djihadistes » de « l’Etat islamique » prendraient une avance sur la bataille de l’opinion si la communauté internationale tombe dans les pièges de la guerre terminologique et de la légitimation religieuse »

D’après le chercheur au Centre d’étude des Religions (CER) de l’Université Gaston Berger,  « il faudra, à tout prix, éviter de donner légitimité religieuse à des bandes dont l’action est totalement anti-islamique ». « En fait, les djihadistes auto-désignés sont conscients de l’effet d’un imaginaire d’armées occidentales combattant ce qu’ils ont pu malicieusement appeler « l’Etat islamique » contre toute vérité historique et théologique », « et cela explique d’ailleurs l’engagement à reculons de nombreux pays musulmans qui ne sont pas sûrs de l’issue de la guerre de l’opinion», remarque-t-il.

En plus, pour ce spécialiste des réseaux transnationaux et de l’extrémisme violent, « les caciques de l’EI ont bien intégré dans leur stratégie de communication, l’avantage qu’ils tirent de l’appellation « Etat islamique » au sein de l’opinion musulmane ». « En les combattant comme tel, en tant qu’Etat islamique, on risque lourdement de perdre la bataille de l’opinion qui est d’un grand enjeu dans ce type de situation ».  Surtout que les images des derniers évènements de Gaza sont encore fraîches dans les esprits et que, ajoute Bakary Sambe,  « l’opinion musulmane avait vivement souhaité une mobilisation internationale similaire en vain ; ce qui laisse une amère impression de « deux poids, deux mesures ».

« Le patriotisme de communauté basé sur des imaginaires construits a la particularité de se nourrir de ces situations et il faudra tout faire pour que l’effet pervers d’un jeu sur la terminologie ne donne, au sein de l’opinion, une onction religieuse à des organisations dont l’action est aux antipodes même de l’islam », analyse-t-il.