D’après différentes sources à Dakar, entre dix et trente Sénégalais combattent aussi sous la bannière noire de l’État islamique (EI) autour de Syrte, en Libye . « Ils constituent une menace, comme tous les ressortissants étrangers qui se battent pour l’EI et qui sont susceptibles de revenir dans leur pays d’origine », commente un ministre, visiblement préoccupé, comme les autorités sénégalaises dans leur ensemble, par la présence de ses compatriotes dans les rangs de Daesh.
Plus largement, la percée de l’idéologie wahhabite en Afrique de l’Ouest n’épargne pas le Sénégal. Par le biais de différents relais des pays du Golfe, cette application radicale de l’islam s’est immiscée dans la société sénégalaise, majoritairement soufie et historiquement structurée en confréries. Plusieurs milliers de salafistes, reconnaissables à leurs barbes et à leurs pantalons découvrant leurs chevilles, seraient aujourd’hui disséminés dans le pays. « Depuis les années 1990, ils ont développé leur terreau idéologique en tenant de nombreuses mosquées, y compris celles des universités de Dakar et de Saint-Louis », s’inquiète Bakary Sambe, directeur de l’Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique.